PANTOUMS!
(L’expérience d’écriture des pantoums s’est étendue du 18 mars 2020 au 9 mai 2021.)
La poésie en temps de pandémie ? Pan ! Elle vise le cœur, y parvient sûrement. Panégyrique, pourquoi pas ? Ici pas de panorama – mais l’espoir de donner forme à l’informe, visage à l’invisible. Soif pantagruélique de sens ! Partageons, partageons… Pas de pangolin, non, assez ! mais des pancartes et autres supports avec des signes tracés – des mots, oui – plus loin essaimés. Ce n’est pas la panacée, mais qui veut dans sa panoplie d’exercices casaniers, hors de cette panade, faire chauffer plume et clavier, peut dans le pantoum se lancer ! Oui, le pantoum ! C’est une forme fixe, poétique, dont le nom vient du malais (comme celui du pangolin ; la boucle est bouclée) à faire vivre et puis pan ! voyager sur la toile, par poste, comme vous voulez, pour atteindre les têtes et les cœurs pantelants ! Pantoums plutôt que pandémie dans les poumons ! Respirez donc la poésie, inspirez à fond, de l’air confiné peut-être, mais en constante réinvention. Pas de panique, donc, mais de la concentration – sur ce que l’on pense et ressent, à quoi l’on peut donner forme et offrir en butin à l’humanité. Non pour le panthéon, mais l’ici maintenant, ensemble, avec panache et sous le charme de la poésie en partage.
Pantoum: une présentation vidéo produite par la RTS
Pantoum, sobre définition :
- Suite de quatrains à forme fixe (octosyllabes ou décasyllabes à rimes croisées), dont le nombre est illimité mais doit être supérieur à six ;
- Les deuxième et quatrième vers de chaque strophe sont repris pour les premier et troisième vers de la suivante ;
- Le dernier vers du poème reprend le premier ;
- Les thèmes développés alternent les préoccupations intérieures et extérieures…
A vous de jouer !
Vos pantoums, envoyés par le formulaire de contact de mon site, sont ajoutés ci-dessous, numérotés, par ordre d’arrivée.
A ce jour, merci à Walter Rosselli, Florence Panza, Orélie Fuchs, Sabine Dormond, Gilles F. Jobin, Tessa Panza, Mélisende Navarre, Loïc Degen, Nicolette Ostrini, Gerold Ehrsam, Remy Degen, Manuela Gay-Crosier, Patrice Duret, Bruno Baschung, Alexandre Wälti, Denise Mützenberg, Isabelle Rérat, Claire Kraehenbuhl, Valérie Lobsiger, Sophie Grail, Pierre-Yves Lador, Jo(sette) Pellet, Léonie Dobler, Muriel Cornu, Jean Pretôt, François Cornu et Bastien Fournier pour leurs pantoums!
Les pantoums sont bienvenus dans toutes les langues (pour l’instant, principalement en français mais aussi en italien, allemand, en langue da Prons et en indonésien)!
Pantoum / 190
Ma mère cette complice
Avait sorti pour l’occasion
Le service à narcisses
La nappe de confirmation
*
Avait sorti pour l’occasion
Collier de perles, hauts talons
La nappe de confirmation
Son plus élégant pantalon
*
Collier de perles, hauts talons
Sa verve exquise et délicate
Son plus élégant pantalon
L’épouse virait renégate
*
Sa verve exquise et délicate
Ses yeux à la Greta Garbo
L’épouse virait renégate
J’aimais quand elle faisait son show
*
Ses yeux à la Greta Garbo
Pétrifiaient plus d’un gougnafier
J’aimais quand elle faisait son show
Joie de voir des mâles bafouiller
*
Pétrifiaient plus d’un gougnafier
Mon père voulait qu’elle se taise
Joie de voir des mâles bafouiller
La tuerait pour cette parenthèse
*
Mon père voulait qu’elle se taise
Pour l’heure elle en profitait
La tuerait pour cette parenthèse
La pousserait à regretter
*
Pour l’heure elle en profitait
Ainsi c’est vous le directeur
La pousserait à regretter
L’autre enfla comme un seigneur
*
Ainsi c’est vous le directeur
Enchantée de vous rencontrer
L’autre enfla comme un seigneur
Elle le toisa tel un taré
*
Enchantée de vous rencontrer
« Moi-z-aussi », rouge écrevisse
Elle le toisa tel un taré
Ma mère cette complice
Valérie Lobsiger / 9.5.21
Pantoum / 189
Tulipe est fleur modeste
Il était du genre à dicter
Tes goûts, tes couleurs, tes gestes
Peste soit de la parenté
*
Il était du genre à dicter
Je n’ai pas fini de parler
Peste soit de la parenté
Factice prophète fêlé
*
Je n’ai pas fini de parler
L’humour, pas sa tasse de thé
Factice prophète fêlé
Un mot et tu perds ta fierté
*
L’humour, pas sa tasse de thé
Tulipe ploie mais ne choit pas
Un mot et tu perds ta fierté
Fendue sous le fat catalpa
*
Tulipe ploie mais ne choit pas
Plus tu rases dru, plus ça repousse
Fendue sous le fat catalpa
Barberousse en son fort glousse
*
Plus tu rases dru, plus ça repousse
Sous terre, le bulbe en hiver
Barberousse en son fort glousse
Cautère ta colère douce-amère
*
Sous terre, le bulbe en hiver
Vadrouille en rêve à l’ouest
Cautère ta colère douce-amère
Tulipe est fleur modeste
Valérie Lobsiger / 21.4.21
Pantoum / 188
C’est le printemps, oui, mais en moins léger
Un soleil usé jusqu’à la corde
Toutes les fleurs des fruitiers ont gelé
On se méfie de ce qui déborde
*
Un soleil usé jusqu’à la corde
Peine à briller sur les plants avortés
On se méfie de ce qui déborde
A quoi donc ressemblera cet été ?
*
Peine à briller sur les plants avortés
Les pensées creusent en boucle un sillon
A quoi donc ressemblera cet été ?
On est charmés par tous les à quoi bon
*
Les pensées creusent en boucle un sillon
Comment lâcher bride, lest et prise ?
On est charmés par tous les à quoi bon
Le sommeil en refuge ? Méprise
*
Comment lâcher bride, lest et prise ?
Pour retrouver en soi du sauvage ?
Le sommeil en refuge ? Méprise
Horizon de rêves en mirages…
*
Pour retrouver en soi du sauvage ?
Mordre à pleine bouche le fruit du temps
Horizon de rêves en mirages…
Cracher au loin les larmes et le sang
*
Mordre à pleine bouche le fruit du temps
Toutes les fleurs des fruitiers ont gelé
Cracher au loin les larmes et le sang
C’est le printemps, oui, mais en moins léger
Odile Cornuz / 15.4.21
Pantoum / 187
A Paris valsent enlacés
Nostalgiques des guinguettes
Les désaxés du feu sacré
Amateurs de la casquette
*
Nostalgiques des guinguettes
Veines par la Seine soudées
Amateurs de la casquette
Contant un tango pommadé
*
Veines par la Seine soudées
L’œil du prince me fixait
Contant un tango pommadé
L’odeur du fleuve m’annexait
*
L’œil du prince me fixait
Je m’étais mise à danser
L’odeur du fleuve m’annexait
A l’aise comme un cétacé
*
Je m’étais mise à danser
Dans les bras d’un Julot noué
A l’aise comme un cétacé
Dans mon dos sa main me clouait
*
Dans les bras d’un Julot noué
L’été tâtonnant de moiteur
Dans mon dos sa main me clouait
L’autre me calculant agioteur
*
L’été tâtonnant de moiteur
Enfin l’Adonis dans mes bras
L’autre me calculant agioteur
Entortillé comme un cobra
*
Enfin l’Adonis dans mes bras
Me corrige, maître d’école
Entortillé comme un cobra
Et moi je rate mon envol
*
Me corrige maître d’école
Me privant de mon opiacé
Et moi je rate mon envol
A Paris valse enlacée
Valérie Lobsiger / 14.4.21
Pantoum / 186
Y’a des gens qui savent pour deux
Agir pour le bien des autres
Quand ils don Quichottent pour eux
En t’engluant de patenôtres
*
Agir pour le bien des autres
Veulent s’immiscer dans ta tête
En t’engluant de patenôtres
Te déplumer telle l’alouette
*
Veulent s’immiscer dans ta tête
Ils osent s’inviter d’emblée
Te déplumer telle l’alouette
Pour t’emmêler le cervelet
*
Ils osent s’inviter d’emblée
T’empoisonnent de compliments
Pour t’emmêler le cervelet
Et t’encenser de faux serments
*
T’empoisonner de compliments
Oublieux des civilités
Et t’encenser de faux serments
A la fin c’est toi qu’es souillé
*
Oublieux des civilités
Ils te disent t’es pas poli
A la fin c’est toi qu’es souillé
Et tu t’excuses d’être avili
*
Ils te disent t’es pas poli
Ton nid n’est pas confortable
Et tu t’excuses d’être avili
Mais ça ira, c’est potable
*
Ton nid n’est pas confortable
Servi les deux pieds sous l’assiette
Mais ça ira, c’est potable
Amadouons la marionnette
*
Servi les deux pieds sous l’assiette
Ce qui est à toi est à moi
Amadouons la marionnette
Pas de quoi crier à la noix
*
Ce qui est à toi est à moi
Parce que toi, crétin, t’oses pas
Pas de quoi crier à la noix
Noyé dans tes mea-culpa
*
Parce que toi, crétin, t’oses pas
Si tu sais pas bien te défendre
Noyé dans tes mea-culpa
On t’entendra le jour des cendres
*
Si tu sais pas bien te défendre
T’avais qu’à pas vouloir naître
On t’entendra le jour des cendres
Pas plus haut qu’un centimètre
*
T’avais qu’à pas vouloir naître
Souffrir tel le bon apôtre
Pas plus haut qu’un centimètre
Tu crois quoi ? T’es pas des nôtres
*
Souffrir tel le bon apôtre
Et s’affadir sans foi ni feu
Tu crois quoi ? T’es pas des nôtres
Y a des gens qui savent pour deux
Valérie Lobsiger / 7.4.21
Pantoum / 185
Hier on m’a volé une heure
Et les resquilleurs du sommeil
Noceurs ravaudés sans splendeur
Ont fait basculer mon soleil
*
Et les resquilleurs du sommeil
Apothicaires impétrants
Ont fait basculer mon soleil
Droguant mon repos errant
*
Apothicaires impétrants
Décrètent : meurs un autre jour
Droguant mon repos errant
Lève-toi car ton temps est court
*
Décrètent : meurs un autre jour
Rythment ma vie cul-de-jatte
Lève-toi car ton temps est court
Marre des messies autocrates
*
Rythment ma vie cul-de-jatte
Savent ce qui est bon pour moi
Marre des messies autocrates
Je veux sortir du jeu de l’oie
*
Savent ce qui est bon pour moi
L’ogre parle de résultats
Je veux sortir du jeu de l’oie
Quand abondent les duplicatas
*
L’ogre parle de résultats
Moi je veux cueillir la groseille
Quand abondent les duplicatas
Réveiller la nuit les abeilles
*
Moi je veux cueillir la groseille
Ignorer les rats racoleurs
Réveiller la nuit les abeilles
Hier on m’a volé une heure
Valérie Lobsiger / 31.3.21
Pantoum / 184
on croit l’homme vivant
mais en fait il est mort
c’est un homme qui dort
que frôle un léger vent
*
mais en fait il est mort
de ce val aux abords
que frôle un léger vent
c’est l’été qu’on ressent
*
de ce val aux abords
insectes qu’on entend
c’est l’été qu’on ressent
où l’air est chargé d’or
*
insectes qu’on entend
enregistrer le temps
où l’air est chargé d’or
les arbres et le corps
*
enregistrer le temps
ça n’a rien d’un décor
les arbres et le corps
cameraman devant
*
ça n’a rien d’un décor
tous courent en avant
cameraman devant
bruits froissants du dehors
*
tous courent en avant
la caméra descend
bruits froissants du dehors
remonte plonge encore
*
la caméra descend
file jusqu’à bon port
remonte plonge encore
avance sans raccords
*
file jusqu’à bon port
dirait-on un enfant
avance sans raccords
ce n’est plus un enfant
*
dirait-on un enfant
couché quel est son sort
ce n’est plus un enfant
du rouge aux plis distors
*
couché quel est son sort
avec deux trous au flanc
du rouge aux plis distors
on croit l’homme vivant
Gilles F. Jobin / 5.2.2021
Pantoum / 183
Quoi encore ! C’est pas bientôt fini ?
On pourrait plus se toucher à peau nue ?
Ça se multiplierait à l’infini ?
Ce serait l’ultime déconvenue ?
*
On pourrait plus se toucher à peau nue ?
Mâcher le privilège de vivre
Ce serait l’ultime déconvenue ?
A rien y comprendre, sobre ou ivre…
*
Mâcher le privilège de vivre
Avaler, ma foi, il faut se nourrir
A rien y comprendre, sobre ou ivre…
Plus loin, plus haut, il faudrait secourir
*
Avaler, ma foi, il faut se nourrir
Mais les temps diffusent un goût amer
Plus loin, plus haut, il faudrait secourir
Ou alors s’enfuir, aller voir la mer
*
Mais les temps diffusent un goût amer
On ne sait pas. Faudrait-il inventer ?
Ou alors s’enfuir, aller voir la mer
S’imaginer plus heureux en été ?
*
On ne sait pas. Faudrait-il inventer ?
Toujours – en sa cabane intérieure
S’imaginer plus heureux en été ?
A siffloter sans compter les heures…
*
Toujours – en sa cabane intérieure
Ça se multiplierait à l’infini ?
A siffloter sans compter les heures
Quoi encore ! C’est pas bientôt fini ?
Odile Cornuz / 14.1.2021
Pantoum / 182
La neige s’est mise à tomber
Tu l’as déjà écrit ailleurs
Souviens-toi au printemps dernier
Prenait-elle Prendra-t-elle même couleur
*
Tu l’as déjà écrit ailleurs
C’était l’émoi d’une déroute
Prendra-t-elle même couleur
Se sont-ils tassés nos beaux doutes
*
C’était l’émoi d’une déroute
Nous autres ne savions que faire
Se sont-ils tassés nos beaux doutes
Ont-ils changé tous nos repères
*
Nous autres ne savions que faire
Avons su cru que c’était fini
Ont-ils changé tous nos repères
Lors nous nous sentions rajeunis
*
Avons cru que c’était fini
Que les peurs n’avaient fait qu’un tour
Lors nous nous sentions rajeunis
Tout hormis l’éternel retour
*
Que les peurs n’avaient fait qu’un tour
Attentifs à nos avenirs
Tout hormis l’éternel retour
Revenue la force d’agir
*
Attentifs à nos avenirs
Ne plus voir au ciel ces coins traits noirs
Revenue la force d’agir
Loin cette fêlure au miroir
*
Ne plus voir au ciel ces traits noirs
Et que le jour temps déjà tremblait
Loin cette fêlure au miroir
Que notre regard se cachait
*
Et que le temps déjà tremblait
À craindre encor les retombées
Que notre regard se cachait
La neige s’est mise à tomber
Gilles F. Jobin / 9.1.2021
Pantoum / 181
Où se cache-cache le courage ?
Dans les interstices des jours et nuits ?
Qui ne frémirait à son passage ?
La camarde rit et s’évanouit…
*
Dans les interstices des jours et nuits ?
La morgue déborde : du jamais vu
La camarde rit et s’évanouit
Combat inégal, d’avance perdu
*
La morgue déborde : du jamais vu
Comment ? Faudrait-il rattraper le temps ?
Combat inégal, d’avance perdu
Passé, filé, oublié – haletant…
*
Comment ? Faudrait-il rattraper le temps ?
Et quoi encore ! Vivre suffit, non ?
Passé, filé, oublié – haletant…
Respirer l’instant, plutôt : pas si con
*
Et quoi encore ! Vivre suffit, non ?
Porter son corps à travers la journée
Respirer l’instant plutôt : pas si con
Espoir perdu mais joie échevelée
*
Porter son corps à travers la journée
Le vouer aux plaisirs invisibles
Espoir perdu mais joie échevelée
Fouiller dans les rayons du sensible
*
Le vouer aux plaisirs invisibles
Qui ne frémirait à son passage ?
Fouiller dans les rayons du sensible
Où se cache-cache le courage ?
Odile Cornuz / 30.11.20
Pantoum / 180
Tous ces museaux sur mon ordinateur
Dans ma pupille accablée de lumière
Font comme un fond sonore, une rumeur
Qui m’atteint jusqu’au fond de ma chaumière
*
Dans ma pupille accablée de lumière
Je vois sans masque la bouche des gens
Qui m’atteint jusqu’au fond de ma chaumière
Pour délivrer des mots intelligents
*
Je vois sans masque la bouche des gens
Tous cultivés tous abreuvés de livres
Pour délivrer des mots intelligents
Le beau discours dont mon âme s’enivre
*
Tous cultivés, tous abreuvés de livres
Les bustes sont légion il s’en extrait
Le beau discours dont mon âme s’enivre
Plus sûrement qu’avec un Mercurey
*
Les bustes sont légion il s’en extrait
Un propos compétent où je demeure
Plus sûrement qu’avec un Mercurey
J’y articule un mot deux fois par heure
*
Un propos compétent où je demeure
Si longtemps que se tient la réunion
J’y articule un mot deux fois par heure
Si je réponds dans la conversation
*
Si longtemps que se tient la réunion
Je crains de n’être qu’un usurpateur
Si je réponds dans la conversation
A ces museaux sur mon ordinateur
Bastien Fournier / 26.11.2020
Pantoum / 179
Après l’été ce serait terminé !
Parce que le progrès – ou le savoir…
Eh quoi ! Pour sûr on pourrait s’embrasser !
Oubliées les visites en parloir
*
Parce que le progrès – ou le savoir…
Têtes bien faites et amulettes
Oubliées les visites en parloir
On reprendrait le fil de nos fêtes
*
Têtes bien faites et amulettes
Conjureraient le virus en un clic
On reprendrait le fil de nos fêtes
Avec toutes consciences en déclics
*
Conjureraient le virus en un clic
Quoi ? ce ne serait pas si facile ?
Avec toutes consciences en déclics
Il y aurait des clusters en ville ?
*
Quoi ? ce ne serait pas si facile ?
Combien de morts ? Plus d’un demi million ?
Il y aurait des clusters en ville ?
Contradictoires manifestations ?
*
Combien de morts ? Plus d’un demi million ?
Certains diraient « ça fait de la place »
Contradictoires manifestations
Certaines voudraient fuir dans l’espace
*
Certains diraient « ça fait de la place »
Eh quoi ! Pour sûr on pourrait s’embrasser ?
Certaines voudraient fuir dans l’espace
Après l’été ce serait terminé ?
Odile Cornuz / 21.8.20
Pantoum / 178
Certaines s’emplagent jusqu’à plus soif
Alors que la souffrance se déploie
Certaines avec leurs chiens font wouaf-wouaf
Alors que quelques centaines se noient
*
Alors que la souffrance se déploie
Certains ne pensent qu’à leurs vacances
Alors que quelques centaines se noient
Certains rêvent bateaux en partance
*
Certains ne pensent qu’à leurs vacances
Alors que tout climat se dégrade
Certains rêvent bateaux en partance
Alors que liberté rétrograde
*
Alors que tout climat se dégrade
Politiques ou autres coulisses
Alors que liberté rétrograde
Où sont les vertus réparatrices ?
*
Politiques ou autres coulisses
Certains veulent jouer prolongation
Où sont les vertus réparatrices ?
De gloire certains n’ont pas eu ration
*
Certains veulent jouer prolongation
Alors qu’on est saisis par l’urgence
De gloire certains n’ont pas eu ration
Alors que la mort devient tendance
*
Alors qu’on est saisis par l’urgence
Certaines avec leurs chiens font wouaf-wouaf
Alors que la mort devient tendance
Certaines s’emplagent jusqu’à plus soif
Odile Cornuz / 28.6.20
Pantoum / 177
Ce qu’on mesure sans le mesurer
Qui brille peu et pourtant éclaire
Qui ne crie jamais mais sait murmurer
Ce qu’on voit à travers une eau claire
*
Qui brille peu et pourtant éclaire
Ce qui vient de loin pour vibrer tout près
Ce qu’on voit à travers une eau claire
Qui colle à la peau, en pensées, en vrai
*
Ce qui vient de loin pour vibrer tout près
Qui s’ancre au fond de soi pour irradier
Qui colle à la peau, en pensées, en vrai
Ce qui vrille le hasard et les dés
*
Qui s’ancre au fond de soi pour irradier
Ce qui prend parfois du temps à nommer
Ce qui vrille le hasard et les dés
Qui se révèle dans l’intensité
*
Ce qui prend parfois du temps à nommer
Qui se partage vers le multiple
Qui se révèle dans l’intensité
Ce qui serait pour une fois simple
*
Qui se partage vers le multiple
Ce qui replace l’essentiel en soi
Ce qui serait pour une fois simple
Et qui ouvre surtout à d’autres voies
*
Ce qui replace l’essentiel en soi
Qui ne crie jamais mais sait murmurer
Et qui ouvre surtout à d’autres voies
Ce qu’on mesure sans le mesurer
Odile Cornuz / 21.6.20
Pantoum / 176
1
Écrire encore des pantoums ?
Oui je ne sais pas non j’hésite
De retour aux rimes en oum
C’est un peu comme des pépites
2
Oui je ne sais pas non j’hésite
A tous ces mots je me suis pris
C’est un peu comme des pépites
Un diamant noir ou de l’or gris
3
A tous ces mots je me suis pris
Un trapéziste sans filet ?
Un diamant noir ou de l’or gris
Un braconnier et ses collets ?
4
Un trapéziste sans filet ?
A l’aveugle de vers en vers ?
Un braconnier et ses collets ?
Entre les dents pas de revers
5
A l’aveugle de vers en vers ?
Ne tergiverse pas travaille
Entre les dents pas de revers
Va cours vole vaille que vaille
6
Ne tergiverse pas travaille
Qu’est-ce que je peux bien écrire ?
Va cours vole vaille que vaille
Et mon cheval pour cet empire
7
Qu’est-ce que je peux bien écrire
Je n’aime pas ce qui finit
Et mon cheval pour cet empire
Ah ne te crois pas tout permis
8
Je n’aime pas ce qui finit
Mais où sont ces rimes en oum
Ah ne te crois pas tout permis
Voilà j’ai fini mon pantoum
Gilles F. Jobin / 21.6.20
Pantoum / 175
« Il ne faut pas voir la réalité
telle que je suis » écrit Eluard
dans un livre habilement déployé
et sur les murs de la ville plus tard.
*
« Telle que je suis » écrit Eluard
ou pense et chante Nina Simone
et sur les murs de la ville plus tard
« young, gifted and black » elle fredonne.
*
Ou pense et chante Nina Simone
toute à l’évidence de son génie
« young, gifted and black » elle fredonne
et alentour l’émotion les saisit.
*
Toute à l’évidence de son génie
une enfant a franchi son premier pas
et alentour l’émotion les saisit
tandis qu’ailleurs un vieux passe à trépas.
*
Une enfant a franchi son premier pas
elle a vaincu, enfin, la gravité
tandis qu’ailleurs un vieux passe à trépas
donnant des leçons de légèreté.
*
Elle a vaincu, enfin, la gravité
sans prétendre pourtant à nul bonheur
donnant des leçons de légèreté
en appui démesuré sur le cœur.
*
Sans prétendre pourtant à nul bonheur
dans un livre habilement déployé
en appui démesuré sur le cœur
il ne faut pas voir la réalité.
Odile Cornuz / 14.6.20
Pantoum / 174
La floraison des salsifis des prés
et de plus en plus mes pantoums s’espacent
Un seul grand besoin de se libérer
lorsque chacun retrouve son espace ?
*
Et de plus en plus mes pantoums s’espacent
les relations faibles restent de mise
lorsque chacun retrouve son espace
désormais quarks et gluons lâchent prise
*
Les relations faibles restent de mise
mais les sous-bois n’y obéissent pas
alors que quarks et gluons lâchent prise
les voilà dans leur plus bel apparat
*
Les sous-bois, eux, n’y obéissent pas
orchis tacheté, géranium sanguin
les voilà dans leur plus bel apparat
elles se rangent au bord du chemin
*
Orchis tacheté, géranium sanguin
et la mélitte à feuilles de mélisse
déjà elle se range au bord du chemin
où le soleil entre les pins se glisse
*
Brille mélitte à feuilles de mélisse
aux délicates fleurs aux bords rosés
Delà l’orée où le soleil se glisse
la floraison des salsifis des prés
Walter Rosselli / 8.6.20
Pantoum / 173
D’ici ou d’ailleurs ? Il importe peu
Ailleurs se trouve ici pour certaines
Et le tour du monde ? C’est quand tu veux
Si l’imagination n’est pas vaine
*
Ailleurs se trouve ici pour certaines
Même tes proches paraissent lointains
Si l’imagination n’est pas vaine
Conçois que tu pourrais mourir demain
*
Même tes proches paraissent lointains
Sous cette armure qu’ils ont au dedans
Conçois que tu pourrais mourir demain
Que voudrais-tu leur dire encore avant ?
*
Sous cette armure qu’ils ont au dedans
De toi en eux restera un éclat
Que voudrais-tu leur dire encore avant ?
Qu’ils sont tes essentiels ? Tes trésors ? Là ?
*
De toi en eux restera un éclat
Et réciproquement vous brillerez
Qu’ils sont tes essentiels ? Tes trésors ? Là ?
Même si vous êtes éparpillés
*
Et réciproquement vous brillerez
De toutes vos facettes, généreux
Même si vous êtes éparpillés
Et même si aucun ne devient vieux
*
De toutes vos facettes, généreux
Et le tour du monde ? C’est quand tu veux
Et même si aucun ne devient vieux
D’ici ou d’ailleurs ? Il importe peu
Odile Cornuz / 5.6.20
Pantoum / 172
Ce jour de pluie, vu éclore une osmie
Nouvelle habitante sur ce balcon
Sortant de son bois creux, comme étourdie
Elle hésitait à voler pour de bon
*
Nouvelle habitante sur ce balcon
Qu’elle ne se fasse pas dévorer !
Elle hésitait à voler pour de bon
Hé, prédateurs, laissez-la butiner !
*
Qu’elle ne se fasse pas dévorer !
Elle a des trucs importants à vivre
Hé, prédateurs, laissez-la butiner !
De pollen, il faut qu’elle s’enivre
*
Elle a des trucs importants à vivre
Comme toi, comme moi – nous, en sommes
De pollen il faut qu’elle s’enivre
Nous ? Quelle ivresse pour notre pomme ?
*
Comme toi, comme moi – nous, en sommes
Savons-nous ce qui meut le squelette ?
Nous ? Quelle ivresse pour notre pomme ?
Ce qui serait bon pour notre tête ?
*
Savons-nous ce qui meut le squelette ?
Ce qui nous pousserait vers l’extérieur ?
Ce qui serait bon pour notre tête ?
Et pourquoi ne pas chérir la lenteur ?
*
Ce qui nous pousserait vers l’extérieur ?
Sortant de son bois creux, comme étourdie
Et pourquoi ne pas chérir la lenteur ?
Ce jour de pluie, vu éclore une osmie
Odile Cornuz / 4.6.20
Pantoum / 171
Signifie « circule dans le peuple »
Maladie pas que respiratoire
Certains fragiles elle dépeuple
Voici qu’elle marque notre histoire
*
Maladie pas que respiratoire
Echappe encore à la compréhension
Voici qu’elle marque notre histoire
Ebranle notre civilisation
*
Echappe encore à la compréhension
Scientifiques turbinant par milliers
Ebranle notre civilisation
Inflammation systémique à pallier
*
Scientifiques turbinant par milliers
Toux ? Orteils gonflés ? Ou lésions de peau ?
Inflammation systémique à pallier
Remdesivir ? Nom de code ? Pipeau ?
*
Toux ? Orteils gonflés ? Ou lésions de peau ?
Et l’inquiétude, où la chiffonner ?
Remdesivir ? Nom de code ? Pipeau ?
En savoir trop peut-être ou pas assez…
*
Et l’inquiétude, où la chiffonner ?
Penser que vivre avec sera coton
En savoir trop peut-être ou pas assez…
Epidémie parmi d’autres ? Ah bon…
*
Penser que vivre avec sera coton
Certains fragiles elle dépeuple
Epidémie parmi d’autres ? Ah bon…
Signifie « circule dans le peuple »
Odile Cornuz / 3.6.20
Pantoum / 170
Nulle ne se tient plus à deux mètres
Dans la rue un nuage de filles
Sur l’herbe quelques amours à naître
De jeunes gars qui déploient leurs billes
*
Dans la rue un nuage de filles
Scindé entre gaucherie et grâce
De jeunes gars qui déploient leurs billes
Ils s’avancent pour leur faire face
*
Scindé entre gaucherie et grâce
Le bal des hormones a donc repris ?
Ils s’avancent pour leur faire face
Elles reculent en poussant des cris
*
Le bal des hormones a donc repris ?
Il ponctuerait ce printemps sans contact ?
Elles reculent en poussant des cris
Certains pourraient user de plus de tact
*
Il ponctuerait ce printemps sans contact ?
Mais qui a volé l’odorat, le goût ?
Certains pourraient user de plus de tact
Faire du toucher un art, un atout
*
Mais qui a volé l’odorat, le goût ?
Caresser du regard, c’est un début
Faire du toucher un art, un atout
Apprenant les danses de sa tribu
*
Caresser du regard, c’est un début
Sur l’herbe quelques amours à naître
Apprenant les danses de sa tribu
Nulle ne se tient plus à deux mètres
Odile Cornuz / 2.6.20
Pantoum / 169
Et ce qui empêche de respirer ?
Violence raciale aux Etats-Unis
Alors qu’on pourrait tous se rassembler…
Comment faire, de la terre, un nid ?
*
Violence raciale aux Etats-Unis
Sur fond de ségrégation sociale
Comment faire, de la terre, un nid ?
Croire aux déclarations idéales ?
*
Sur fond de ségrégation sociale
Viser les effets de la pandémie
Croise aux déclarations idéales ?
S’efforcer de saisir les mains amies
*
Viser les effets de la pandémie
Après ceux qui n’y ont pas résisté
S’efforcer de saisir les mains amies
Pour se tenir debout devant l’été
*
Après ceux qui n’y ont pas résisté
A cet assaut de poumons et vaisseaux
Pour se tenir debout devant l’été
Que les vivants soient saisis d’un sursaut
*
A cet assaut de poumons et vaisseaux
Suivent des offenses d’humanité
Que les vivants soient saisis d’un sursaut
Tiens, on pourrait croire à l’égalité ?
*
Suivent des offenses d’humanité
Alors qu’on pourrait tous se rassembler
Tiens, on pourrait croire à l’égalité ?
Et ce qui empêche de respirer ?
Odile Cornuz / 1.6.20
Pantoum / 168
L’enfant patient frappe chaque vague
Accueille la suivante, obstiné
La coupe, sa main comme une dague
S’exclamant en vainqueur illuminé
*
Accueille la suivante, obstiné
Qui miroite encore un peu au soleil
S’exclamant en vainqueur illuminé
Vous aimeriez avoir aplomb pareil
*
Qui miroite encore un peu au soleil
Sur une plage du lac agité
Vous aimeriez avoir aplomb pareil
Lorsqu’il faut déployer sagacité
*
Sur une plage du lac agité
Sauriez-vous choisir le juste combat ?
Lorsqu’il faut déployer sagacité
Défendre ce que vous voulez ou pas ?
*
Sauriez-vous choisir le juste combat ?
Plutôt manifs, slogans, moulins à vent ?
Défendre ce que vous voulez ou pas ?
Se prendre pour Sisyphe ou un Titan…
*
Plutôt manifs, slogans, moulins à vent ?
Ou faire un pacte avec la nature ?
Se prendre pour Sisyphe ou un Titan…
Sans désespérer de joies futures
*
Ou faire un pacte avec la nature
Le cœur aiguisé comme une dague
Sans désespérer des joies futures
L’enfant patient frappe chaque vague
Odile Cornuz / 31.5.20
Pantoum / 167
le ciel a rangé ses avions
roues et ailes bien repliées
tous alignés en rang d’oignon
dans des cartons enficelés
pattes et ailes dépliées
il a ressorti ses oiseaux
de mille cartons ficelés
dans les champs et dans les roseaux
il a ranimé ses oiseaux
sur les toits et sur les chemins
dans les cœurs et dans les roseaux
ils chantent le soir le matin
sur la rue et sur les chemins
s’y rend-on à présent sans craintes
pour chanter le soir le matin
aurons-nous encore des plaintes
y court-on à présent sans craintes
comment vivons-nous qu’en dis-tu
aurons-nous encore des plaintes
on s’amusera mieux crois-tu
comment vis-tu qu’en faites-vous
et les fêtes sont de retour
où l’on s’aimera mieux crois-tu
on y danse chacun son tour
les manèges sont de retour
ils raccrochent leurs fiers lampions
on y tombe chacun son tour
la foudre a détruit leurs avions
Gilles F. Jobin / 31.5.20
Pantoum / 166
Attraper l’instant pour mieux l’observer
Considérer sa forme bizarre
Entre pouce et index, à gigoter
Voici encore un spécimen rare
*
Considérer sa forme bizarre
Mis à nu, hors de sa contiguïté
Voici encore un spécimen rare
Un moment biscornu à savourer
*
Mis à nu, hors de sa contiguïté
Incident, mot de travers ou charme
Un moment biscornu à savourer
Un événement qui vous désarme
*
Incident, mot de travers ou charme
Ligne invisible entre avant et après
Un événement qui vous désarme
Un truc à cogiter, voir de plus près
*
Ligne invisible entre avant et après
Transforme le visage du connu
Un truc à cogiter, voir de plus près
Figé, passé – bref : déjà advenu
*
Transforme le visage du connu
Alors que vous n’y aviez rien compris
Figé, passé – bref : déjà advenu
Dans le futur vous voilà déjà pris
*
Alors que vous n’y aviez rien compris
Entre pouce et index, à gigoter
Dans le futur vous voilà déjà pris
Attraper l’instant pour mieux l’observer
Odile Cornuz / 30.5.20
Pantoum / 165
Tu reprends le train et c’est différent
Comme décollés les uns des autres
Les gens s’égrènent, assez sagement
Moins de groupes – tout au plus par paires
*
Comme décollés les uns des autres
Les espaces urbains saucissonnés
Moins de groupes – tout au plus par paires
Prendrait-on goût à ces succédanés ?
*
Les espaces urbains saucissonnés ?
Distances et flèches – tout un parcours
Prendrait-on goût à ces succédanés ?
Vers l’oubli de la fête, des détours ?
*
Distances et flèches – tout un parcours
Regards noirs sur celle qui éternue
Vers l’oubli de la fête, des détours ?
L’oubli de ces bouches en formes nues ?
*
Regards noirs sur celle qui éternue
Seule une place sur quatre occupée
L’oubli de ces bouches en formes nues ?
Moindre déplacement : une épopée…
*
Seule une place sur quatre occupée
Autour se scellent de nouveaux pactes
Moindre déplacement : une épopée…
Les mini-poubelles sont intactes
*
Autour se scellent de nouveaux pactes
Les gens s’égrènent assez sagement
Les mini-poubelles sont intactes
Tu reprends le train et c’est différent
Odile Cornuz / 29.5.20
Pantoum / 164
Alors oui, ici, ça va – ça va mieux
A l’Ouest le compte des morts augmente
A l’Est les autocrates sont nombreux
Partout : justice sociale en vente
*
A l’Ouest le compte des morts augmente
Du Sud les nouvelles ne passent pas
Partout : justice sociale en vente
Comment faire mieux qu’avant ? Ne sait pas
*
Du Sud les nouvelles ne passent pas
Du Nord on admire l’étrangeté
Comment faire mieux qu’avant ? Ne sait pas
On espère un vaccin non breveté
*
Du Nord on admire l’étrangeté
Nulle part où pandémie s’ignore
On espère un vaccin non breveté
Close soit la boîte de Pandore
*
Nulle part où pandémie s’ignore
Sur cette urbaine tête d’épingle
Close soit la boîte de Pandore
Vue bleue de l’espace ou d’un autre angle
*
Sur cette urbaine tête d’épingle
Où s’animent les peines et les joies
Vue bleue de l’espace ou d’un autre angle
On chasse le spleen de n’être que soi
*
Où s’animent les peines et les joies
En tous points cardinaux on devient vieux
On chasse le spleen de n’être que soi
Alors oui, ici, ça va – ça va mieux
Odile Cornuz / 28.5.20
Pantoum / 163
Voilà : les cours en tout genre ont repris
Ça zigzague dans la ville à nouveau
Le marquage au sol, parvenu trendy
Aussi les masques – à qui le plus beau ?
*
Ça zigzague dans la ville à nouveau
Il faut bien vivre, chuchote l’une
Aussi les masques – à qui le plus beau ?
Mais pour la suite on est dans la brume
*
Il faut bien vivre, chuchote l’une
Et comment ne plus toucher personne ?
Mais pour la suite on est dans la brume
S’étend un désarroi qui résonne
*
Et comment ne plus toucher personne ?
Oh si loin des slogans libertaires
S’étend un désarroi qui résonne
Des mesures on fait l’inventaire
*
Oh si loin des slogans libertaires
Interdit d’interdire, c’était ça ?
Des mesures on fait l’inventaire
Devenus rationnels, on halte là
*
Interdit d’interdire, c’était ça ?
A toute injonction on était rétifs…
Devenus rationnels, on halte là
Flower power viré méditatif
*
A toute injonction on était rétifs…
Le marquage au sol parvenu trendy
Flower power viré méditatif
Voilà : les cours en tout genre ont repris
Odile Cornuz / 27.5.20
Pantoum / 162
Petite troupe, vingtaine d’enfants
Sans se donner la main, par deux, tendres
Sur cette rue ils piaillent, insouciants
Quel vieux bien ça fait de les entendre !
*
Sans se donner la main, par deux, tendres
Babil et pensées se suivent de près
Quel vieux bien ça fait de les entendre !
De suivre en leur sillage un bol d’air frais
*
Babil et pensées se suivent de près
Mais dans les corps ne niche aucun calcul
De suivre en leur sillage un bol d’air frais
Ramène toute angoisse au niveau nul
*
Mais dans les corps ne niche aucun calcul
Et me voici remuée d’émotion
Ramène toute angoisse au niveau nul
Le flot de ces petits caméléons
*
Et me voici remuée d’émotion
Comme découverte d’un continent
Le flot de ces petits caméléons
Qui changent la vie en la poursuivant
*
Comme découverte d’un continent
Alors que l’ailleurs, c’est bien les autres
Qui changent la vie en la poursuivant
Sans prétendre jouer les apôtres
*
Alors que l’ailleurs, c’est bien les autres
Sur cette rue ils piaillent, insouciants
Sans prétendre jouer les apôtres
Petite troupe, vingtaine d’enfants
Odile Cornuz / 26.5.20
Pantoum / 161
Envie de pas grand chose ce jour là
Rien que de s’asseoir par terre en tailleur
Peut-être lire ou alors même pas
Et aligner quelques accords mineurs
*
Rien que de s’asseoir par terre en tailleur
Ou se coucher pour observer le vent
Et aligner quelques accords mineurs
Suspendre ce qui vibre, trépidant
*
Ou se coucher pour observer le vent
Qui fait briller les feuilles au soleil
Suspendre ce qui vibre, trépidant
Et dire que demain sera pareil
*
Qui fait briller les feuilles au soleil
Dispersant paillettes sans y penser
Et dire que demain sera pareil
Sans savoir quelle position rêver
*
Dispersant paillettes sans y penser
Mon esprit flotte, désabusé, oui
Sans savoir quelle position rêver
La tête en compote – ou en hachis
*
Mon esprit flotte, désabusé, oui
Il faudrait sortir, faire autre chose
La tête en compote – ou en hachis
Submergée par ce qu’elle suppose
*
Il faudrait sortir, faire autre chose
Peut-être lire ou alors même pas
Submergée par ce qu’elle suppose
Envie de pas grand chose ce jour là
Odile Cornuz / 25.5.20
Pantoum / 160
Quelques années à tes côtés
Pour me réveiller chaque jour
Me dire qu’il faut te célébrer
Ne rien perdre de ton humour
*
Pour me réveiller chaque jour
Une plage libre devant moi
Ne rien perdre de ton humour
Où les oiseaux sont encore rois
*
Une plage libre devant moi
Je m’y élance le cœur battant
Où les oiseaux sont encore rois
Un reste d’enfance tout brûlant
*
Je m’y élance le cœur battant
Scellant un pacte de poésie
Un reste d’enfance tout brûlant
Je te promets d’être impolie
*
Scellant un pacte de poésie
Comme une pierre restée brute
Je te promets d’être impolie
Je m’accorde au son doux du luth
*
Comme une pierre restée brute
Le gage des plus beaux regards
Je m’accorde au son doux du luth
Qui dissipe tous les brouillards
*
Le gage des plus beaux regards
Entendre mon corps qui résonne
Qui dissipe tous les brouillards
Un jour vient le temps qui bourdonne
*
Entendre mon corps qui résonne
Dans mes oreilles j’entends petit
Un jour vient le temps qui bourdonne
Devenant des insectes l’amie
*
Dans mes oreilles j’entends petit
Plaquée, collée sur ma joue
Devenant des insectes l’amie
C’est une abeille qui fait la moue
*
Plaquée, collée sur ma joue
Puisqu’elle est là à mes côtés
C’est une abeille qui fait la moue
Appréhendant ce cuirassé
*
Puisqu’elle est là à mes côtés
Faire une grande fête, célébrer
Appréhendant ce cuirassé
La mort qui au cœur est brodée
*
Faire une grande fête, célébrer
La vie qui au temps est liée
La mort qui au cœur est brodée
Infiniment entrelacées
*
La vie qui au temps est liée
Instants je vais vous embrasser
Infiniment entrelacées
Vous qui êtes là à mes côtés
*
Instants je vais vous embrasser
Qui tend la joue qui tend ses lèvres ?
Vous qui êtes là à mes côtés
Ces heures qui jouent au lièvre
*
Quittant la joue quittant ses lèvres
Le monde, visage violacé
Ces heures qui jouent au lièvre
Quelques années à tes côtés
Orélie Fuchs / 25.5.20
Pantoum / 159
Je vis rose mais elles sont rouges
Je les voyais secs mais ils sont noyés
Fleurs de verveine dans le vent bougent
Et ma foi jaunissent les framboisiers
*
Je les voyais secs mais ils sont noyés
Se remettront-ils de ce mauvais tour ?
Oui ma foi, jaunissent les framboisiers
Alors que le reste fleurit autour
*
Se remettront-ils de ce mauvais tour ?
Comme ceux que la crise atteint – plein fouet
Alors que le monde fleurit autour
Ceux que le rire n’étreint plus, follet
*
Comme ceux que la crise atteint – plein fouet
Celles qui ne trouvent plus de repos
Ceux que le rêve n’étreint plus, follet
Celles qui en ont juste plein le dos
*
Celles qui ne trouvent plus de repos
Oui parce qu’elles sont noyées, aussi
Celles qui en ont vraiment plein le dos
Et s’interrogent : est-ce ça, ma vie ?
*
Oui parce qu’elles sont noyées, aussi
Sous des flots obscurs – repères perdus
Et s’interrogent : est-ce ça, ma vie ?
Qui ferait sens de ces malentendus ?
*
En des temps obscurs – repères perdus
Fleurs de verveine dans le vent bougent
Qui ferait sens de ces malentendus ?
Je vis rose mais elles sont rouges
Odile Cornuz / 24.5.20
Pantoum / 158
Approcher le mystère d’un livre
Serait donc la tâche du traducteur ?
Que la langue soit en équilibre
Nouvelle carapace, nouveau cœur
*
Serait donc la tâche du traducteur ?
Mouvoir la culture en contrebande
Nouvelle carapace, nouveau cœur
Retrouver l’émotion par la bande
*
Mouvoir la culture en contrebande
Et combien de chocs supporte un texte ?
Retrouver l’émotion par la bande
Les questions de l’auteur, l’intertexte
*
Et combien de chocs supporte un texte ?
S’interroge l’autrice qui récrit
Les questions de l’auteur, l’intertexte
Cela paraît-il vain en ce jour gris ?
*
S’interroge l’autrice qui récrit
Ces phrases valent-elles d’exister ?
Cela paraît-il vain en ce jour gris ?
Et de la traductrice, que penser ?
*
Ces phrases valent-elles d’exister ?
Secouent-elles autrement le monde ?
Et de la traductrice, que penser ?
Alors que se meurent les secondes ?
*
Secouent-elles autrement le monde ?
Que la langue soit en équilibre
Alors que se meurent les secondes
Approcher le mystère d’un livre
Odile Cornuz / 23.5.20
Pantoum / 157
Partie récolter les fleurs de sureau
Les grillons s’en donnent à cœur joie
Comme chaque année préparer le sirop
Odeurs de sous-bois et sens en émoi
Les grillons s’en donnent à cœur joie
Perspectives heureuses de plaisirs d’été
Odeurs de sous-bois et sens en émoi
D’un délicieux nectar à déguster
Perspectives heureuses de plaisirs d’été
Croisé quelques sportifs et promeneurs
D’un délicieux nectar à déguster
Souriants, l’air heureux dans la chaleur
Croisé quelques sportifs et promeneurs
Tout semble redevenu comme avant
Souriants, l’air heureux dans la chaleur
Je jouis de ce moment hors du temps
Tout semble redevenu comme avant
Deux moineaux se chamaillent sur la terrasse
Je jouis de ce moment hors du temps
Pendant que je prépare ma mélasse
Deux moineaux se chamaillent sur la terrasse
Le voisin d’en face fume sur son balcon
Pendant que je prépare ma mélasse
Fleurs, sucre, citrons, le mélange sent si bon
Le voisin d’en face fume sur son balcon
Plus de soleil, la pluie sur les carreaux
Fleurs, sucre, citrons, le mélange sent si bon
Partie récolter les fleurs de sureau
Nicolette Ostrini / 23.5.20
Pantoum / 156
Pour y penser il faut du temps
On en a eu tellement avant
Avant le déconfinement
Mais qu’en est-il maintenant?
On en a eu tellement avant
Les multiples occupations
Mais qu’en est-il maintenant?
Empêchent toute réflexion
Les multiples occupations
Reprise d’une vie à cent à l’heure
Empêchent toute réflexion
L’illusion d’un presque bonheur
Reprise d’une vie à cent à l’heure
Avec sa dure réalité
L’illusion d’un presque bonheur
Mais partout l’inégalité
Avec sa dure réalité
Des kilomètres de queue
Mais partout l’inégalité
Pour se nourrir un tant soit peu
Des kilomètres de queue
Un peu de solidarité
Pour se nourrir un tant soit peu
Coup de pouce à la précarité
Un peu de solidarité
Bienfait de cette situation
Coup de pouce à la précarité
L’âme humaine a encore du bon
Bienfait de cette situation
Il y a toujours des combattants
L’âme humaine a encore du bon
Pour y penser il faut du temps
Nicolette Ostrini / 23.5.20
Pantoum / 155
Mais dites, comment naît l’habitude ?
De l’acquis, du conquis, de l’oublié ?
Résiste-t-elle à l’incertitude ?
Y en a-t-il une qui soit votre alliée ?
*
De l’acquis, du conquis, de l’oublié ?
Comment trouver le cœur, les racines ?
Y en a-t-il une qui soit votre alliée ?
Franche telle une vieille copine ?
*
Comment trouver le cœur, les racines ?
Plus ou moins profonde que votre peau ?
Franche telle une vieille copine ?
Ou polie, sournoise comme un appeau ?
*
Plus ou moins profonde que votre peau ?
Ce qui soigne ou blesse à tous petits pas…
Ou polie, sournoise comme un appeau
Lorsque vous faites mais ne pensez pas
*
Ce qui soigne ou blesse à tous petits pas…
Quand les heures passent sans le vouloir
Lorsque vous faites mais ne pensez pas
Quand vous marchez sans souci de savoir
*
Quand les heures passent sans le vouloir
L’habitude annulerait donc l’effort ?
Quand vous marchez sans souci de savoir
Pousserait-elle – hop – à virer de bord ?
*
L’habitude annulerait donc l’effort ?
Résiste-t-elle à l’incertitude ?
Pousserait-elle – hop – à virer de bord ?
Mais dites, comment naît l’habitude ?
Odile Cornuz / 22.5.20
Pantoum / 154
Un planeur – haut – a traversé le ciel
De toute son enviable suspension
Les nuages moutonnent en pastel
Les martinets sifflent en formation
*
De toute leur enviable suspension
Ils se fichent du monde en déroute
Les martinets sifflent en formation
Un obèse traverse la route
*
Il se fiche du monde en déroute
A peine son hamburger digéré
Un obèse traverse la route
Sirote encor sa boisson préférée
*
A peine son hamburger digéré
Las, ses savates traînent sur le sol
Sirote encor sa boisson préférée
De se mouvoir il transpire du col
*
Las, ses savates traînent sur le sol
Mais aspirent à la légèreté
De se mouvoir il transpire du col
Levant les yeux, saisi par la beauté
*
Oui, aspirant à la légèreté
Il suit le vol gracieux, ragaillardi
Levant les yeux, saisi par la beauté
Par l’oiseau, par la carlingue grandi
*
Il suit le vol gracieux, ragaillardi
Les nuages moutonnent en pastel
Par l’oiseau, par la carlingue grandi
Le planeur – haut – a traversé le ciel
Odile Cornuz / 21.5.20
Pantoum / 153
Non, plus de patience avec les écrans
Pas seulement question de profondeur
Une fatigue sournoise te prend
Sans pointer, précise, nulle douleur
*
Pas seulement question de profondeur
De ce qui se trouve trop aplati
Sans pointer, précise, nulle douleur
Mais un mal diffus… et c’est reparti !
*
De ce qui se trouve – hop – aplati
Alors que le relief t’importe tant
Mais un mal diffus… et c’est reparti !
Ajoute à tes exigences un cran
*
Alors que le relief t’importe tant
Les ombres, les nuances, les non-dits
Ajoute à tes exigences un cran
Refuse le supposé paradis
*
Les ombres, les nuances, les non-dits
Ce qu’exhalent les corps, face à face
Refuse le supposé paradis
Dématérialisé à ta place
*
Ce qu’exhalent les corps, face à face
Retrouve-le à tout prix puis éteins
Dématérialisé à ta place
Le cristal liquide du monde feint
*
Retrouve-le à tout prix puis éteins
Une fatigue sournoise te prend
Le cristal liquide du monde feint
Non, plus de patience avec les écrans
Odile Cornuz / 20.5.20
Pantoum / 152
Etrange comme les jours résonnent
Parfois creux – ou à demi – ou trop pleins
C’est toi ou les autres qui déconnent ?
Pour décocher des signaux sibyllins
*
Parfois creux – ou à demi – ou trop pleins
Plus savoir où donner de la tête
Pour décocher des signaux sibyllins
Densifier les mystères en fête
*
Plus savoir où donner de la tête
Que faire de ces liens qui reprennent ?
Densifier les mystères en fête
Se méfier des réflexes en berne
*
Que faire de ces liens qui reprennent ?
En plantes pionnières sur la lande
Se méfier des réflexes en berne
Eviter l’invasion par la bande
*
En plantes pionnières sur la lande
Qui recouvriraient le sol, à force
Eviter l’invasion par la bande
Garder yeux ouverts, tête véloce
*
Qui recouvriraient le sol, à force
S’ils pouvaient projeter leur matière
Garder yeux ouverts, tête véloce
Si possible, ne pas trop s’en faire
*
S’ils pouvaient projeter leur matière
C’est toi ou les autres qui déconnent ?
Si possible, ne pas trop s’en faire
Etrange comme les jours résonnent
Odile Cornuz / 19.5.20
Pantoum / 151
Et vous, qu’avez-vous lu dernièrement ?
Qui vous ait transporté vers un ailleurs ?
Autre que récit de confinement…
Qui ait touché directement le cœur ?
*
Qui vous ait transporté vers un ailleurs ?
Sensibilité, vie, ou époque
Qui ait touché directement le cœur
Qui ait fait vibrer vos équivoques
*
Sensibilité, vie, ou époque
Responsable d’un bouleversement
Qui ait fait vibrer vos équivoques
D’un très inattendu chambardement
*
Responsable d’un bouleversement
Quelle scène, quelle phrase, quel mot ?
D’un très inattendu chambardement
Serait la cause, même incognito ?
*
Quelle scène, quelle phrase, quel mot ?
Aurait fulguré d’autres présences ?
Serait la cause, même incognito
D’un surplus d’amour, de connaissances ?
*
Aurait fulguré d’autres présences
Visé l’élargissement du monde ?
D’un surplus d’amour, de connaissances ?
Je chéris ces récits, je les sonde
*
Visé l’élargissement du monde
Autre que récit de confinement…
Je chéris ces récits, je les sonde
Et vous, qu’avez-vous lu dernièrement ?
Odile Cornuz / 18.5.20
Pantoum / 150
Quelle exception ? Mais celle du regard !
Celle qui pointe vers le renouveau
Celle qui permet de tout percevoir
Et qui chope les pensées au lasso
*
Celle qui pointe vers le renouveau
De ce qui pourtant semble le même
Et qui chope les pensées au lasso
Palpitantes – hop – pour le poème
*
De ce qui pourtant semble le même
Transforme le jour en fleurs nouvelles
Palpitantes – hop – pour le poème
Du quotidien nourrit l’escarcelle
*
Transforme le jour en fleurs nouvelles
Simplement en leur portant attention
Du quotidien nourrit l’escarcelle
Mêmes notes – mais autres partitions
*
Simplement en leur portant attention
Chantonner en toute légèreté
Mêmes notes – mais autres partitions
Un vieil air, différemment entonné
*
Chantonner en toute légèreté
Rien de virtuel – plutôt joie au corps !
Un vieil air, différemment entonné
Jetant toutes règles par dessus bord
*
Rien de virtuel – plutôt joie au corps !
Celle qui permet de tout percevoir
Jetant toutes règles par dessus bord
Quelle exception ? Mais celle du regard !
Odile Cornuz / 17.5.20
Pantoum / 149
Semaine de retrouvailles
Entre amis et au restaurant
Plaisirs de faire ripaille
Déguster des mets différents
Entre amis et au restaurant
Enfin le retour sur les greens
Déguster des mets différents
Finie l’humeur chagrine
Enfin le retour sur les greens
Le corps bouge différemment
Finie l’humeur chagrine
Partie comme par enchantement
Le corps bouge différemment
L’angoisse s’est évanouie?
Partie comme par enchantement?
Oui, jusqu’à l’heure d’aller au lit
L’angoisse s’est évanouie?
Mais la bête tapie dans le noir
Oui, jusqu’à l’heure d’aller au lit
Revient peupler vos cauchemars
Mais la bête tapie dans le noir
A-t-on été assez prudents?
Revient peupler vos cauchemars
A partager tous ces moments?
A-t-on été assez prudents?
Y aura-t-il des représailles?
A partager tous ces moments?
Semaine de retrouvailles…
Nicolette Ostrini / 17.5.20
Pantoum / 148
Comment comprendre ces sceptiques-là ?
Que se passe-t-il dans leurs synapses ?
Celles et ceux qui nient le corona…
Que voient-ils d’eux-mêmes dans l’espace ?
*
Que se passe-t-il dans leurs synapses ?
Croient-elles dont que la terre est plate ?
Que voient-ils d’eux-mêmes dans l’espace ?
Leurs oreilles semblent délicates…
*
Croient-elles donc que la terre est plate ?
Que vient la semaine des quat’jeudis ?
Leurs oreilles semblent délicates…
Prendraient-ils pour vrai tout ce qui se dit ?
*
Que vient la semaine des quat’jeudis ?
Que souffler sur un bobo suffirait ?
Prendraient-ils pour vrai tout ce qui se dit ?
Ce qui file sur les réseaux, vit’fait ?
*
Que souffler sur un bobo suffirait ?
Ça ou autre chose – la mort viendra ?
Ce qui file sur les réseaux – vit’fait ?
En attendant ça les divertira ?
*
Ça ou autre chose – la mort viendra ?
Et elles en finiraient moins bêtes ?
En attendant ça les divertira ?
Qui a élaboré leurs lunettes ?
*
Et elles en finiraient moins bêtes ?
Celles et ceux qui nient le corona…
Qui a élaboré leurs lunettes ?
Comment comprendre ces sceptiques-là ?
Odile Cornuz / 16.5.20
Pantoum / 147
c’est le retour de la pluie
et du vent qui se renforce
dans les yeux l’eau qu’on essuie
que savons-nous de nos forces
et bise qui se renforce
aux fenêtres aux balcons
que faisons-nous de nos forces
viens voir tombent des flocons
aux échappées aux balcons
aux fêtes du joli mai
viens voir pleuvent des flocons
drôle de temps désormais
aux fêtes du noble mai
en passe de changer quoi
drôle de vie désormais
s’inventent d’autres parois
en passe de brouiller quoi
s’ouvrir ou se refermer
s’érigent d’autres parois
d’autres manières d’aimer
s’enfuir ou se refermer
ignorer quand ça commence
folles manières d’aimer
qu’on est déjà dans la danse
tempêter quand ça commence
que peut-on encore dire
qu’on est floué dans la danse
peut-on encore choisir
que peux-tu encore dire
qui va entendre tes mots
puis-je encore choisir
refus colères en mots
qui va consoler tes mots
dans la main l’eau qu’on essuie
refus discordes en mots
c’est le souci de la pluie
Gilles F. Jobin / 16.5.20
Pantoum / 146
Derrière la vitre dansent les feuilles
Se résoudre aujourd’hui à l’horizon
Tandis que certaines portent le deuil
Tu devrais simplement t’arrêter, non ?
*
Se résoudre aujourd’hui à l’horizon
Qui se découpe depuis ta chambre
Tu devrais simplement t’arrêter, non ?
Cesser d’agiter ainsi tes membres
*
Qui se découpent depuis ta chambre
Pas dessus ou par dessous le duvet
Cesser d’agiter ainsi tes membres
Ce que tu dois à ton corps ? Du respect
*
Par dessus ou par dessous le duvet
Laisse-le donc se reposer, enfin !
Ce que tu dois à ton corps ? Du respect
Pleinement le droit de dire stop ! Point !
*
Laisse-le donc se reposer, enfin !
Surchauffe paradoxale du temps
Pleinement le droit de dire stop ! Point !
S’il faut penser, penser surtout au vent
*
Surchauffe paradoxale du temps
Nulle ne vit ta vie à ta place
S’il faut penser, penser surtout au vent
Savourer plutôt qui tu enlaces
*
Nulle ne vit ta vie à ta place
Tandis que certaines portent le deuil
Savourer plutôt qui tu enlaces
Derrière la vitre dansent les feuilles
Odile Cornuz / 15.5.20
Pantoum / 145
Et me voici saoulée par la foule
Simple traversée du centre ville
Déjà sous les stimuli je croule
Comment arrêter ce temps qui file ?
*
Simple traversée du centre ville
Où se mêlent étrange et familier
Comment arrêter ce temps qui file ?
Et peut-on sereinement se méfier ?
*
Où se mêlent étrange et familier
Ton visage n’est plus ton visage
Et peut-on sereinement se méfier ?
Ainsi se protéger, à la page ?
*
Ton visage n’est plus ton visage
Quand un masque le recouvre à moitié
Ainsi se protéger, à la page ?
Mais le reste manque à notre amitié !
*
Quand un masque le recouvre à moitié
Comment savoir si tu me souris, là ?
Mais le reste manque à notre amitié !
Je crains que nous soyons réduits à ça
*
Comment savoir si tu me souris, là ?
Alors que je te croise dans la rue
Je crains que nous soyons réduits à ça
Obstruer tous les sens – même la vue ?
*
Alors que je te croise dans la rue
Déjà sous les stimuli je croule
Obstruer tous les sens – même la vue ?
Et me voici saoulée par la foule
Odile Cornuz / 14.5.20
Pantoum / 144
Ce mot est un véritable sésame
C’est de MERCI que je voulais parler
Il ouvre toutes les portes des âmes
C’est un mot à ne jamais oublier
*
C’est de MERCI que je voulais parler
Merci est toujours très facile à dire
C’est un mot à ne jamais oublier
Il va vous apporter mille sourires
*
Merci est toujours très facile à dire
Il ne coûte rien quand on l’utilise
Il va vous apporter mille sourires
Il implique de la reconnaissance
*
Il ne coûte rien quand on l’utilise
Il est gouleyant et aussi chantant
Il implique de la reconnaissance
Dit par un enfant il devient craquant
*
Il est gouleyant et aussi chantant
Nos mercis vont nous suivre dans la vie
Dit par un enfant il devient craquant
Comme un oiseau il envoie ses trilles
*
Nos mercis vont nous suivre dans la vie
Il y a aussi PARDON à aimer
Comme un oiseau il envoie ses trilles
A l’hôpital, on les dit par milliers
*
Il y a aussi PARDON à aimer
Il peut très bien dépasser les drames
A l’hôpital, on les dit par milliers
Ce mot est un véritable sésame
Remy Degen / 14.5.20
Pantoum / 143
Peux pas, peux plus, truc qui bloque – mais quoi ?
Quelque chose cloche – le système ?
Mais vers quoi continuer et pourquoi ?
Le sais-tu ? Je l’ignore moi-même
*
Quelque chose cloche – le système ?
Ce fil de vie emmêlé de partout ?
Le sais-tu ? Je l’ignore moi-même
Pourquoi mimer la douceur du cachou ?
*
Ce fil de vie emmêlé de partout
Auquel s’accrochent toutes pelotes
Pourquoi mimer la douceur du cachou ?
Plutôt s’enfuir avec ses deux bottes !
*
Auxquelles s’accrochent toutes pelotes
Ne jamais renoncer à l’air libre
Plutôt s’enfuir avec ses deux bottes !
Vers d’autres horizons qui enivrent
*
Ne jamais renoncer à l’air libre
Même à l’inventer, oui, au fond de soi
Vers d’autres horizons qui enivrent
Quitte à suer, voire à trembler d’effroi
*
Même à l’inventer, oui, au fond de soi
Ce qui se fait, défait et palpite
Quitte à suer, voire à trembler d’effroi
Trouver dans cette vie des pépites
*
Ce qui se fait, défait et palpite
Mais vers quoi continuer et pourquoi ?
Trouver dans cette vie des pépites
Peux pas, peux plus, truc qui bloque – mais quoi ?
Odile Cornuz / 13.5.20
Pantoum / 142
T’as les yeux tout mouillés, qu’as-tu vu ?
Pourquoi cette canne, est-ce que tu boites ?
Ça fait si longtemps qu’on s’est plus revus
Viens vers moi tu as les mains toutes moites !
*
Pourquoi cette canne, est-ce que tu boites ?
Viens dans mes bras, cette nuit on va danser
Viens vers moi tu as les mains toutes moites !
On va en boîte, on va s’époumoner !
*
Viens dans mes bras, cette nuit on va danser
La blancheur de tes dents est magnifique
On va en boîte, on va s’époumoner !
Où les as-tu laissées, mon unique ?
*
La blancheur de tes dents est magnifique
Arrête de trembler si fort mon moineau
Où les as-tu laissées, mon unique ?
Pourquoi ces regards de biais, les salauds
*
Arrête de trembler si fort mon moineau
Je n’ai rien contre toi, viens, prends ma main !
Pourquoi ces regards de biais, les salauds
A quoi aspires-tu, de quoi as-tu faim ?
*
Je n’ai rien contre toi, viens, prends ma main !
On s’en va, on pourrait p’t’être y rester
A quoi aspires-tu, de quoi as-tu faim ?
Viens par-là, on va boire une tasse de thé
*
On s’en va, on pourrait p’t’être y rester
Je rêve de toi, tu es si belle toute nue
Viens par-là, on va boire une tasse de thé
T’as les yeux tout mouillés, qu’as-tu vu ?
Orélie Fuchs / 13.5.20
Pantoum / 141
Aujourd’hui c’est Covid
Nous sommes confinés
Ma cave n’est pas vide
Nous allons célébrer
Nous sommes confinés
Pas besoin de se déplacer
Nous allons célébrer
La nature qui resplendit à l’approche de l’été
Pas besoin de se déplacer
Avec ma famille nous apprécions
La nature qui resplendit à l’approche de l’été
Cette situation nous protège des perturbations
Avec ma famille nous apprécions
Ces moments d’intimité
Cette situation nous protège des perturbations
Sans jamais nous lasser
Ces moments d’intimité
Nous ne souhaitons pas les arrêter
Sans jamais nous lasser
Nous nous laissons rêver
Nous ne souhaitons pas les arrêter
Afin que la vie reprenne
Nous nous laissons rêver
Que le monde un peu moins nous contraigne
Afin que la vie reprenne
J’oublie l’idée sordide
Que le monde un peu moins nous contraigne
Aujourd’hui c’est Covid
François Cornu / 13.5.20
Pantoum / 140
L’inconscient est un vrai trésor
Audace, humour et espoir mêlés
Les histoires qui surgissent quand tu dors
Sur son bureau, sur ses dossiers
*
Audace, humour et espoir mêlés
Toute ta famille ainsi réunie
Sur son bureau, sur ses dossiers
Pains farcis, pâtes fraîches et raviolis
*
Toute ta famille ainsi réunie
Tout ce mépris alors balayé
Pains farcis, pâtes fraîches et raviolis
Par l’imaginaire détourné
*
Tout ce mépris alors balayé
Manque de soin, oubli de ton nom
Par l’imaginaire détourné
Réalité nouvelle sous ton front
*
Manque de soin, oubli de ton nom
Photo prise quand tu n’es pas là
Réalité nouvelle sous ton front
Entouré : tes proches aux songes lila
*
Photo prise quand tu n’es pas là
Une énorme poire, fruit généreux
Entouré : tes proches aux songes lila
Nature rebelle, esprit joyeux
*
Une énorme poire, fruit généreux
Réponse de tes songes à la violence
Nature rebelle, esprit joyeux
Colère déjouée, belle résilience
*
Réponse de tes songes à la violence
Sous l’indifférence une image d’or
Colère déjouée, belle résilience
L’inconscient est un vrai trésor
Orélie Fuchs / 13.5.20
Pantoum / 139
On n’est finalement pas si bien
le temps allonge la courte ligne
quand on se voit coupé des siens
et la découpe en mille signes.
Le temps allonge la courte ligne
On dit des autres que c’est l’enfer
et la découpe en mille signes
on doit attendre et pas s’en faire.
On dit des autres que c’est l’enfer
Sortir de soi, est-ce interdit ?
on doit attendre et pas s’en faire
Où est le mot, où c’est écrit ?
Sortir de soi, est-ce interdit ?
J’ai vu la courbe, j’ai vu la fosse
où est le mot, où c’est écrit ?
j’ai vu New York, j’ai vu les bosses.
J’ai vu la courbe, j’ai vu la fosse
T’as vu l’oiseau dans le salon
J’ai vu New York, j’ai vu les bosses
tes joues rosées quittent l’abandon.
T’as vu l’oiseau dans le salon
il n’y a plus une seule poussière
tes joues rosées quittent l’abandon
Il n’y a plus qu’une chose à faire
Il n’y a plus une seule poussière
Allons hurler avec les chiens !
Il n’y a plus qu’une chose à faire
on n’est finalement pas si bien.
Jean Prétôt / 13.5.20
Pantoum / 138
Aujourd’hui c’est la rentrée
C’est la deuxième fois cette année
Dans une zone marquée il faut patienter
A ça on n’est pas habitués
C’est la deuxième fois cette année
On prend du temps pour en parler
A ça on n’est pas habitués
D’habitude on commence vite à bosser
On prend du temps pour en parler
Après cette drôle de pause forcée
D’habitude on commence vite à bosser
Là on pense déjà aux vacances d’été
Après cette drôle de pause forcée
Notre enseignante va nous aider
Là on pense déjà aux vacances d’été
Mais pour apprendre on reste motivés
Notre enseignante va nous aider
Après huit semaines semi-confinés
Mais pour apprendre on reste motivés
Même si c’est des règles de sécurité
Après huit semaines semi-confinés
La récré ces temps c’est particulier
Même si c’est des règles de sécurité
On doit se faire à l’idée
La récré ces temps c’est particulier
Dans une zone définie il faut rester
On doit se faire à l’idée
Aujourd’hui c’est la rentrée
Muriel Cornu / 13.5.20
Pantoum / 137
Comment faire exister ? Nommer, d’abord
Ce qui n’a pas de nom se cache tant
Cheviller plutôt les mots en son corps
Du vaste trésor, espace dedans
*
Ce qui n’a pas de nom se cache tant
Tache aveugle qui ne signifie rien
Du vaste trésor, espace dedans
Oublié dans le flou, ce quotidien
*
Tache aveugle qui ne signifie rien
Si doigt ou langue n’ont pas désigné
Oublié dans le flou, ce quotidien
Et pourquoi ne pas tout réinventer ?
*
Si doigt ou langue n’ont pas désigné
Ce qui urge à dire, voir, transmettre
Et pourquoi ne pas tout réinventer ?
Tant pis si dans les mots ça s’empêtre
*
Ce qui urge à dire, voir, transmettre
Nuage, cri, joie ou déchirure
Tant pis si dans les mots ça s’empêtre
Pourvu que ça trouve forme, dure
*
Nuage, cri, joie ou déchirure
Ce qui traverse la vie toute crue
Pourvu que ça trouve forme, dure
S’en saisir, se révéler moins perdue
*
Ce qui traverse la vie toute crue
Cheviller plutôt les mots en son corps
S’en saisir, se révéler moins perdue
Comment faire exister ? Nommer, d’abord
Odile Cornuz / 12.5.20
Pantoum / 136
Il a dit c’est exécrable
J’y avais caché mon âme
J’ai disjoncté malléable
Nul ne peut ôter la flamme
*
J’y avais caché mon âme
Au pont je suis allée danser
Nul ne peut ôter la flamme
Croyant entendre croasser
*
Au pont je suis allée danser
Un inconnu m’a saluée
Croyant entendre croasser
Un hibou lippu hululait
*
Un inconnu m’a saluée
Bonjour ici c’est défendu
Un hibou lippu hululait
D’amener ses sous-entendus
*
Bonjour ici c’est défendu
Turlututu pattes velues
D’amener ses sous-entendus
Mon dieu je n’ai pas la berlue
*
Turlututu pattes velues
La grâce de l’hirondelle
Mon dieu je n’ai pas la berlue
M’ensoleille les prunelles
*
La grâce de l’hirondelle
Oublié l’état minable
M’ensoleille les prunelles
Il a dit c’est exécrable
Valérie Lobsiger / 12.5.20
Pantoum / 135
Je voulais changer de tête
La macération, l’inaction
Les gouttelettes follettes
Ont liquidé mon ambition
*
La macération, l’inaction
Le coiffeur ne va pas profond
Ont liquidé mon ambition
Et mon être consommé fond
*
Le coiffeur ne va pas profond
La graisse du maquillage
Et mon être consommé fond
Dessous brille une cage
*
La graisse du maquillage
Rituel des cérémonies
Dessous brille une cage
Du trou béant l’hégémonie
*
Rituel des cérémonies
Qui vidangent les cervelles
Du trou béant l’hégémonie
En un tour de parentèle
*
Qui vidangent les cervelles
Par l’appareil certifiée
En un tour de parentèle
Un scanner m’a vitrifiée
*
Par l’appareil certifiée
Obsolètes amourettes
Un scanner m’a vitrifiée
Je voulais changer de tête
Valérie Lobsiger / 12.5.20
Pantoum / 134
Bonnes nouvelles ? Oui ; relatives
Possible – à nouveau – de se mouvoir
Abondance de pensées captives
Prêtes à surgir, voire à émouvoir
*
Possible – à nouveau – de se mouvoir
Dans un enthousiasme tout relatif
Prêtes à surgir, voire à émouvoir
Les angoisses plient ce monde captif
*
Dans un enthousiasme tout relatif
La Covid essaime (oui, féminin)
Les angoisses plient ce monde captif
Tandis que l’aplomb manque au genre humain
*
La Covid essaime (oui, féminin)
Le printemps aussi, sa chaîne active
Tandis que l’aplomb manque au genre humain
La nature se montre inventive
*
Le printemps aussi, sa chaîne active
Choyons donc ce jardin planétaire
La nature se montre inventive
Voici sa leçon particulière
*
Choyons donc ce jardin planétaire
Il contient quelques principes actifs
Voici sa leçon particulière
Et vous, seriez-vous aussi inventifs ?
*
Il contient quelques principes actifs
Abondance de pensées captives
Et vous, seriez-vous aussi inventifs ?
Bonnes nouvelles ? Oui ; relatives
Odile Cornuz / 11.5.20
Pantoum / 133
Bord de lac et soleil – quasi l’été
Des enfants barbotent dans le pollen
Quelques habits gisent, abandonnés
Imprégnés de multiples ADN
*
Des enfants barbotent dans le pollen
Demain, ils retournent à l’école
Imprégnés de multiples ADN
Elle reprend, cette course folle ?
*
Demain, ils retournent à l’école
Quotidien recomposé, peu à peu
Elle reprend, cette course folle ?
Et quoi d’autre fait retour, à tes yeux ?
*
Quotidien recomposé, peu à peu
S’en bricoler une philosophie
Et quoi d’autre fait retour, à tes yeux ?
Du temps pour la marche, la rêverie
*
S’en bricoler une philosophie ?
Se sentir bien dans moins d’intempestif
Du temps pour la marche, la rêverie
Maintenant sentiments et cerveau vifs
*
Se sentir bien dans moins d’intempestif
Tu n’as pas encore chopé ce truc, ouf !
Maintenant sentiments et cerveau vifs
Tu ne résistes pas à faire plouf…
*
Tu n’as pas encore chopé ce truc, ouf !
Quelques habits gisent, abandonnés
Tu ne résistes pas à faire plouf…
Bord de lac et soleil – quasi l’été
Odile Cornuz / 10.5.20
Pantoum / 132
Début de déconfinement
Oui mais hélas sans surprise
Sur les routes c’est l’encombrement
Déjà au volant la crise
Oui mais hélas sans surprise
Retour à la normalité?
Déjà au volant la crise
Avec grande facilité…
Retour à la normalité?
Dans une certaine mesure
Avec grande facilité…
A voir combien de temps ça dure
Dans une certaine mesure
Quatre invités en terrasse
A voir combien de temps ça dure
Retrouvailles sans embrasse
Quatre invités en terrasse
La bête rôde aux alentours
Retrouvailles sans embrasse
On ne veut pas de son retour
La bête rôde aux alentours
Distances presque respectées
On ne veut pas de son retour
Mains régulièrement lavées
Distances presque respectées
Quasi plus d’applaudissements
Mains régulièrement lavées
Début de déconfinement
Nicolette Ostrini / 10.5.20
Pantoum / 131
Le mouvement reprend : bruits de ville
Coléoptères, moteurs, vrombissent
Dans un décor animé, fragile
Où tous les torts muent, se répartissent
*
Coléoptères, moteurs, vrombissent
Il s’agirait de trouver sa place
Où tous les torts muent, se répartissent
Des droits humains, lesquels passés à l’as ?
*
Il s’agirait de trouver sa place
Rien de neuf – l’équilibre entre espèces !
Des droits humains, lesquels passés à l’as ?
Plutôt aux dollars qu’on s’intéresse
*
Rien de neuf – l’équilibre entre espèces !
Chaîne alimentaire, droit de cité
Plutôt aux dollars qu’on s’intéresse
Pouss’toi’d’là’qu’j’m’y’mett ! dit le baraqué
*
Chaîne alimentaire, droit de cité
Unité frêle dans le système
Pouss’toi’d’là’qu’j’m’y’mett ! dit le baraqué
Loi du plus fort : quel est le problème ?
*
Unité frêle dans le système
Pas de votre faute – ni la nôtre
Loi du plus fort : quel est le problème ?
Ce qui ne nous tue pas… dirait l’autre
*
Pas de votre faute – ni la nôtre
Dans un décor animé, fragile
Ce qui ne nous tue pas… dirait l’autre
Le mouvement reprend : bruits de ville
Odile Cornuz / 9.5.20
Pantoum / 130
Sur mon vélo en mâchouillant des morceaux de mon passé
Le soleil qui me regarde, les insectes qui me saluent
Ma tête est un grand puzzle, plus bazar que pensées
J’avais fini par pleurer on avait vu l’absolu
*
Le soleil qui me regarde, les insectes qui me saluent
On ne rêvait que d’amour, de beauté décomplexée
J’avais fini par pleurer on avait vu l’absolu
La violence de toutes ces vies, tu voulais la renverser
*
On ne rêvait que d’amour, de beauté décomplexée
Nuit splendide, clameurs diurnes, entre deux un petit feu
La violence de toutes ces vies, tu voulais la renverser
On s’est retrouvées par terre, à farfouiller toutes les deux
*
Nuit splendide, clameurs diurnes, entre deux un petit feu
Cette chose qui arrive et qui n’est pas ridicule
On s’est retrouvées par terre, à farfouiller toutes les deux
Pleines de cet amour rageur qui touche jusqu’au minuscule
*
Cette chose qui arrive et qui n’est pas ridicule
Ton visage sourit-il ou grimace-t-il ses souvenirs ?
Pleines de cet amour rageur qui touche jusqu’au minuscule
Priée d’éteindre ton passé, que ranges-tu dans tes soupirs ?
*
Ton visage sourit-il ou grimace-t-il ses souvenirs ?
Nos regards je les revois, tout brillants, plein de rêves
Priée d’éteindre ton passé, que ranges-tu dans tes soupirs ?
Nos fous rires je les entends, aussi vibrants que la braise
*
Nos regards je les revois, tout brillants, plein de rêves
Rien qui ne se soit perdu, quelqu’un nous a vu passer
Nos fous rires je les entends, aussi vibrants que la braise
Sur mon vélo en mâchouillant des morceaux de mon passé
Orélie Fuchs / 9.5.20
Pantoum / 129
Ah ! le sens de la métamorphose…
Y recourir au mieux et calmement
L’envie de se fondre en toute chose
A tout moment, rien qu’en la regardant
*
Y recourir au mieux et calmement
Devenir fourmi avec sa miette
A tout moment, rien qu’en la regardant
Frôler le lac telle la mouette
*
Devenir fourmi avec sa miette
Se muer en rhizome sous terre
Frôler le lac telle la mouette
Vivre en vipère dans les tourbières
*
Se muer en rhizome sous terre
Peaux, poils ou plumes : quelle importance ?
Vivre en vipère dans les tourbières
Si tu changes d’air avec aisance…
*
Peaux, poils ou plumes : quelle importance ?
Si de là tu reviens approfondie
Si tu changes d’air avec aisance
Si tu en conçois une reverdie
*
Si de là tu reviens approfondie
Du souffle qui circule, sauvage
Si tu en conçois une reverdie
Une chrysalide sans visage
*
Du souffle qui circule, sauvage
L’envie de se fondre en toute chose
Une chrysalide sans visage
Ah ! le sens de la métamorphose…
Odile Cornuz / 8.5.20
Pantoum / 128
Et demain quel sera le monde ?
L’espoir d’un retour des oiseaux ?
Sur notre terre dans sa ronde ?
Libres courront-ils les chevaux ?
L’espoir d’un retour des oiseaux ?
Et toi et moi qu’aimerons-nous ?
Libres courront-ils les chevaux ?
Serons-nous égaux avec vous ?
Et toi et moi qu’aimerons-nous ?
La forêt respirera mieux ?
Serons-nous égaux avec vous ?
Voir le ciel encore plus bleu ?
La forêt respirera mieux ?
Vivrons-nous sous les caméras ?
Voir le ciel encore plus bleu ?
Ou en cage comme des rats ?
Vivrons-nous sous les caméras ?
Nature plus qu’en algorithme ?
Ou en cage comme des rats ?
Numérique pour tous nos rythmes ?
Nature plus qu’en algorithme ?
Sèmera-t-on toujours des plantes ?
Numérique pour tous nos rythmes ?
Survivront-elles nos ententes ?
Sèmera-t-on toujours des plantes ?
Nous restera au moins la fronde ?
Survivront-elles nos ententes ?
Et demain quel sera le monde ?
Gilles F. Jobin / 8.5.20
Pantoum / 127
La veine sous l’œil commence à trembler
Les paupières clignent mais collent sec
Il est temps, ma foi, de déconnecter
Trouver d’autres tactiques que high tech
*
Les paupières clignent mais collent sec
Sidération du monde comme il va
Trouver d’autres tactiques que high tech
Sinon personne ne s’en sortira
*
Sidération du monde comme il va
Revenez à tous les sens aiguisés !
Sinon personne ne s’en sortira
Si seuls yeux et cerveau sont attisés
*
Revenez à tous les sens aiguisés !
N’oubliez pas le toucher ni le goût
Si seuls yeux et cerveaux sont attisés
Le soi séché craquera de partout
*
N’oubliez pas le toucher ni le goût
N’omettez nulle occasion de humer
Le soi séché craquera de partout
Si les oreilles closes vous gardez
*
N’omettez nulle occasion de humer
Partez donc en quête du sixième !
Si les oreilles closes vous gardez
Vous priverez la vie de poème
*
Partez donc en quête du sixième !
Il est temps, ma foi, de déconnecter
Ou de priver la vie de poème…
La veine sous l’œil commence à trembler
Odile Cornuz / 7.5.20
Pantoum / 126
La poésie ! une rivière de mots
La poésie est un joyau des sons
Jamais elle ne tourne autour du pot
Elle chante souvent comme un pinson
*
La poésie est un joyau des sons
Elle reste toujours très narratrice
Elle chante souvent comme un pinson
Elle laisse aussi des cicatrices
*
Elle reste toujours très narratrice
La poésie est plus que magnifique
Elle laisse aussi des cicatrices
Et nous propose des tableaux très chics
*
La poésie est plus que magnifique
La poésie est très chronophage
Et nous propose des tableaux très chics
Elle nous soule comme un breuvage
*
La poésie est très chronophage
La poésie n’est jamais égoïste
Elle nous soule comme un breuvage
C’est également comme un jeu de piste
*
La poésie n’est jamais égoïste
Elle s’entend aussi avec les yeux
C’est également comme un jeu de piste
Elle cherche à enchanter les preux
*
Elle s’entend aussi aves les yeux
Toutes les poésies sont compulsives
Elles cherchent à enchanter les preux
Elles vont être un peu répétitives
*
Toutes les poésies sont compulsives
Elles aiment également les fous
Elles vont être un peu répétitives
Elles veulent se mélanger à nous
*
Elles aiment également les fous
Pour elles il n’y en a jamais trop
Elles veulent se mélanger à nous
La poésie ! une rivière de mots
Remy Degen / 7.5.20
Pantoum / 125
Le parc tondu de frais, moins folichon
Nulle herbe propice au microcosme
De l’arbre, ils ont même rasé le tronc
Pour qu’il pousse droit, ce macrocosme
*
Nulle herbe propice au microcosme
Moins de terrains de chasse pour les chats
Pour qu’il pousse droit, ce macrocosme
Fallait-il vraiment en arriver là ?
*
Moins de terrain de chasse pour les chats
Brider l’espace qui nous entoure ?
Fallait-il vraiment en arriver là ?
Que tout soit propre ? Terre sans détours ?
*
Brider l’espace qui nous entoure ?
Ne pas plutôt dénouer l’intérieur ?
Que tout soit propre ? Terre sans détours ?
Pourquoi étouffer les désirs d’ailleurs ?
*
Ne pas plutôt dénouer l’intérieur ?
Ecouter l’appel vif des martinets
Pourquoi étouffer les désirs d’ailleurs ?
Les vaisseaux en partance, sur le quai…
*
Ecouter l’appel vif des martinets
Mais que signifie le mot voyage ?
Les vaisseaux en partance, sur le quai…
Plongée dans les contes des fous sages
*
Mais que signifie le mot voyage ?
Les oiseaux en ont fait une chanson
Plongée dans les contes des fous sages
Le parc tondu de frais, moins folichon
Odile Cornuz / 6.5.20
Pantoum / 124
Tout va bientôt repartir comme avant
c’est bien, ouf, un peu de vie sociale
et passer dire un bonjour à maman
retour des libertés fondamentales
*
C’est bien, ouf, un peu de vie sociale
fini l’aléatoire, l’incertain
retour des libertés fondamentales
café debout au comptoir, verre de vin
*
Fini l’aléatoire, l’incertain
tout va bientôt repartir comme avant
café debout au comptoir, verre de vin
est-ce que ce sera mieux pour autant ?
*
Tout va bientôt repartir comme avant
c’est bête, retour à la frénésie
est-ce que ce sera mieux pour autant ?
Quelqu’un dira : enfin c’est reparti
*
C’est bête, retour à la frénésie
et au comptoir, ni verre ni café
quelqu’un dira : enfin c’est reparti
(il est question de sous, d’un oreiller)
*
Et au comptoir, ni verre ni café
hop, au travail (avec des précautions)
il est question de sous, d’un oreiller
on avance masqué, à reculons
*
Hop, au travail (avec des précautions)
ce pauvre monde n’est qu’un grand marchand
on avance masqué, à reculons
tout va bientôt repartir comme avant
Walter Rosselli / 6.5.20
Pantoum / 123
Nommer ce qui est – oui – difficile
Ne savoir par où commencer, surtout
Inventer des noms ? Pas plus facile…
Ou partager avec les mains, partout ?
*
Ne savoir par où commencer, surtout
Quand ça survient si fort de tous côtés
Ou partager avec les mains, partout ?
Quand chaque geste est histoire à conter
*
Quand ça survient si fort de tous côtés
A chaque instant ploient nos résistances
Quand chaque geste est histoire à conter
Qu’il est cru l’aveu de l’ignorance
*
A chaque instant ploient nos résistances
Face à l’orage du soir tu tressailles
Qu’il est cru l’aveu de l’ignorance
Acide la crainte des représailles
*
Face à l’orage du soir tu tressailles
Te voici puceron sur brin d’orpin
Acide la crainte des représailles
Tourne en vinaigre le meilleur des vins
*
Te voici puceron sur brin d’orpin
A voir tomber la pluie intensément
Tourne en vinaigre le meilleur des vins
Lorsque la vie ne saisit pas le temps
*
A voir tomber la pluie intensément
Le vaisseau de tes possibles file
Lorsque la vie ne saisit pas le temps
Nommer ce qui est – oui – difficile
Odile Cornuz / 5.5.20
Pantoum / 122
Choisir et pratiquer l’hendécasyllabe
Car du pair et du père, nous sommes las
Recourir à la boussole et l’astrolabe
Pour tuer en titubant son Vaugelas
*
Car du pair et du père, nous sommes las
Nous sommes enfants de la dissymétrie
Pour tuer en titubant son Vaugelas
Nul besoin d’abuser de géométrie
*
Nous sommes enfants de la dissymétrie
Dans la foule, irrémédiablement seul
Nul besoin d’abuser de géométrie
La manif ou le défilé m’est linceul.
*
Dans la foule irrémédiablement seul
A quoi sert la tige de prêle stérile
La manif ou le défilé m’est linceul
Queue de goupil, belle de couleur d’agrile
*
A quoi sert la tige de prêle stérile ?
Si l’évolution veut la reproduction
Queue de goupil, belle de couleur d’agrile
Si l’autre suffit à la sporulation
*
Si l’évolution veut la reproduction
Défaire la symétrie de la syllabe
Si l’autre suffit à la sporulation
Choisir et pratiquer l’hendécasyllabe
Pierre-Yves Lador / 5.5.20
Pantoum / 121
Il y a pleins de masques dans la vie
Certains ne sont pas faits pour nous cacher
Les vrais pour se montrer faut qu’on les prie
Ceux de Venise viennent d’arriver
*
Certains ne sont pas faits pour nous cacher
Ils sont à Rio pour le Carnaval
Ceux de Venise viennent d’arriver
Des grimaçants nous nous moquons sans mal
*
Ils sont à Rio pour le Carnaval
Ceux des roublards vivent seuls dans leur tête
Des grimaçants nous nous moquons sans mal
Ils se sauvent sans demander leur reste
*
Ceux des roublards vivent seuls dans leur tête
Les masques des hypocrites nous mentent
Ils se sauvent sans demander leur reste
Faux ou vrais il y en a qui nous trompent
*
Les masques des hypocrites nous mentent
Les masques des idiots sont plus justes
Faux ou vrais il y en a qui nous trompent
Les masques amis chassent la peste
*
Les masques des idiots sont plus justes
Impossible de tous les contourner
Les masques amis chassent la peste
Ceux qui les portent veulent nous aider
*
Impossible de tous les contourner
Il y a aussi les masques de vie
Ceux qui les portent veulent nous aider
Leur but est de protéger la sortie
*
Il y a aussi les masques de vie
Les infirmières étaient les premières
Leur but est de protéger la sortie
Un grand merci à elles de le faire
*
Les infirmières étaient les premières
C’est un beau geste d’en avoir envie
Un grand merci à elles de le faire
Il y a pleins de masques dans la vie
Remy Degen / 5.5.20
Pantoum / 120
Sérénade au balcon de l’EMS
Quelques airs d’opéra se succèdent
Violoncelle, piano et finesse
Grave baryton en intermèdes
*
Quelques airs d’opéra se succèdent
Puis les applaudissements crépitent
Grave baryton en intermèdes
Oyez : tout le quartier en profite
*
Puis les applaudissements crépitent
Bravo ! Bravi ! Tant de félicité !
Oyez : tout le quartier en profite
Mamie à son balcon se tient penchée
*
Bravo ! Bravi ! Tant de félicité !
Même Brel ! Sinatra ! au programme
Mamie à son balcon se tient penchée
La mélancolie lui saisit l’âme
*
Même Brel ! Sinatra ! au programme
Papi a réglé son sonotone
La mélancolie lui saisit l’âme
Se demande s’il verra l’automne
*
Papi a réglé son sonotone
La musique envahit tous les vaisseaux
Se demande s’il verra l’automne
Et s’il partait, allegretto, presto ?
*
La musique envahit tous les vaisseaux
Violoncelle, piano et finesse
Et s’il partait, allegretto, presto ?
Sérénade au balcon de l’EMS
Odile Cornuz / 4.5.20
Pantoum / 119
Les choses auxquelles on pense le soir
Les choses auxquelles on ne pense plus
Les choses qu’on écrit noir sur noir
Comme un Soulages qui s’est perdu
*
Les choses auxquelles on ne pense plus
Les choses qui savent mouiller vos yeux
Comme un Soulages qui s’est perdu
Comme un clochard avec un nœud
*
Les choses qui savent mouiller vos yeux
Ces choses-là, de quoi parlent-elles ?
Comme un clochard avec un nœud ?
Comme un amour qui bat de l’aile ?
*
Ces choses-là, de quoi parlent-elles ?
Comme un enfant mort sur la plage ?
Comme un amour qui bat de l’aile ?
Comme les souvenirs qui tournent les pages ?
*
Comme un enfant mort sur la plage ?
Comme des crécelles qui ensorcellent ?
Comme les souvenirs qui tournent les pages ?
Comme la mort qui sommeille ?
*
Comme des crécelles qui ensorcellent ?
Comme des merveilles dans un tiroir ?
Comme la mort qui sommeille ?
Les choses auxquelles on pense le soir
Orélie Fuchs / 4.5.20
Pantoum / 118
Et vous, ça va ? Et la famille, ça va ?
Fusent les messages, les rendez-vous
Et toi, ça va ? Et les enfants, ça va ?
On s’habitue à la vie comme un tout
*
Fusent les messages, les rendez-vous
Les voisins, on les croise plus souvent
On s’habitue à la vie comme un tout
Un puzzle, assemblé pas comme avant
*
Les voisins, on les croise plus souvent
Et nous, ça va ? Et les anciens, ça va ?
Un puzzle, assemblé pas comme avant
Et eux, ça va ? Et la santé, ça va ?
*
Et nous, ça va ? Et les anciens, ça va ?
Les vaisseaux en surchauffe sont soignés
Et eux, ça va ? Et la santé, ça va ?
Attendre un an avant de s’embrasser
*
Les vaisseaux en surchauffe sont soignés
Rencontres interposées par écran
Attendre un an avant de s’embrasser
La tension mondiale échauffée d’un cran
*
Rencontres interposées par écran
Pourtant ce dimanche semble calme
La tension mondiale échauffée d’un cran
Aux aguets de tout signe d’alarme
*
Pourtant ce dimanche semble calme
Et toi, ça va ? Et les enfants, ça va ?
Aux aguets de tout signe d’alarme
Et vous, ça va ? Et la famille, ça va ?
Odile Cornuz / 3.5.20
Pantoum / 117
Te souviens-tu de ces jeux dans le vent ?
D’une taie tendue comme une voile ?
Du rafistolage d’un cerf-volant ?
Nuages qui voilent puis dévoilent
*
D’une taie tendue comme une voile ?
Et toi penchée, bras fermes, en avant…
Nuages qui voilent puis dévoilent
De paysages mouvants, émouvants…
*
Et toi penchée, bras fermes, en avant…
Secouée d’air et d’éclats de rire
De paysages mouvants, émouvants
Armée de joie pour nier le pire
*
Secouée d’air et d’éclats de rire
Ou hurlant dans le vent des injures
Armée de joie pour nier le pire
Souviens-toi, tu souhaitais l’épure
*
Ou hurlant dans le vent des injures
Placer de ton côté les éléments
Souviens-toi, tu souhaitais l’épure
Ménager de la place aux rêves, tant !
*
Placer de ton côté les éléments
Emprunter les vaisseaux en partance
Ménager de la place aux rêves, tant !
Savoir danser de nouvelles danses
*
Emprunter les vaisseaux en partance
Tous les ailleurs étaient ouverts, en grand
Savoir danser de nouvelles danses
Te souviens-tu de ces jeux dans le vent ?
Odile Cornuz / 2.5.20
Pantoum / 116
Goethe disait qu’une couleur non regardée n’existe pas
Tu te demandes ce qu’il en est de la misère du monde
De ces hommes, femmes et enfants dont nous ne faisons cas
Quelque chose en moi (la langue je crois) est furibonde
*
Tu te demandes ce qu’il en est de la misère du monde
Tu cherches un sens, des responsables, à toute cette injustice
Quelque chose en moi (la langue je crois) est furibonde
Dans ton sang, dans ta tête, les images tournent comme des hélices
*
Tu cherches un sens, des responsables, à toute cette injustice
Sur tes dix doigts tu t’acharnes, cherchant un sens à ce malheur
Dans ton sang, dans ta tête, les images tournent comme des hélices
Hommes agenouillés à la fenêtre de la dernière demeure
*
Sur tes dix doigts tu t’acharnes, cherchant un sens à ce malheur
Broyant du noir, et plus tard, retournant dans ton plumard
Hommes agenouillés à la fenêtre de la dernière demeure
Mais dans ton corps un grand tintamarre, une sacrée fanfare !
*
Broyant du noir, et plus tard, retournant dans ton plumard
Pourquoi courir derrière un monde démesuré, désincarné ?
Mais dans ton corps un grand tintamarre, une sacrée fanfare !
J’ai vu derrière les grandes usines ces paysages défigurés
*
Pourquoi courir derrière un monde démesuré, désincarné ?
Que laissons-nous dans ce sillage, quel dessein, quelle misère ?
J’ai vu derrière les grandes usines ces paysages défigurés
Et ces hommes se perdre dans la boue les yeux pleins de colère
*
Que laissons-nous dans ce sillage, quel dessein, quelle misère ?
Combien de matins, de printemps, de fins d’années, de trépas ?
Et ces hommes se perdre dans la boue les yeux pleins de colère
Goethe disait qu’une couleur non regardée n’existe pas
Orélie Fuchs / 2.5.20
Pantoum / 115
Découvrez dans le proche la merveille
Palpez des matières indociles
Equilibrez en vous lune et soleil
Et respirez ce parfum fragile
*
Palpez des matières indociles
Chaussez d’autres lunettes, colorées
Et respirez ce parfum fragile
De votre peau, au vestiaire, accrochée
*
Chaussez d’autres lunettes, colorées
Traitez toutes loyautés au pluriel
De votre peau, au vestiaire, accrochée
Faites un miroir pour doubler le ciel
*
Traitez toutes loyautés au pluriel
Nulle liberté n’est singulière
Faites un miroir pour doubler le ciel
Qui puisse vous propulser dans les airs…
*
Nulle liberté n’est singulière
Empruntez le vaisseau poésie, là !
Qui puisse vous propulser dans les airs…
Craignez les chaînes, même en chocolat
*
Empruntez le vaisseau poésie, là !
Choisissez votre propre cadence
Craignez les chaînes, même en chocolat
Poursuivez l’élan de l’évidence
*
Choisissez votre propre cadence
Equilibrez en vous lune et soleil
Poursuivez l’élan de l’évidence
Découvrez dans le proche la merveille
Odile Cornuz / 1.5.20
Pantoum / 114
Tout ira bien si c’est écrit
Sur la fenêtre au crayon gras
Tout ira bien – quand et pour qui ?
Faut-il ou non croire Monsieur K.?
*
Sur la fenêtre au crayon gras
Un arc-en-ciel et un drapeau
Faut-il ou non croire Monsieur K.?
Si ça n’était que du pipeau ?
*
Un arc-en-ciel et un drapeau
Mes enfants sont-elles patriotes ?
Si ça n’était que du pipeau ?
Les couleurs sont un peu pâlottes
*
Mes enfants sont-elles patriotes ?
On se raccroche à ce qu’on peut
Les couleurs sont un peu pâlottes
Mais Jeanne s’est fait des cheveux
*
On se raccroche à ce qu’on peut
Trois mots et les dessins des filles
Mais Jeanne s’est fait des cheveux
Tout ira bien si c’est écrit
Léonie Dobler / 1.5.20
Pantoum / 113
Votre vie coupée en combien de dés ?
Ou polie peut-être ? A facettes ?
Réels en faisceaux ? Cris à mijoter ?
Emois, verve et impulsions en tête ?
*
Ou polie peut-être ? A facettes ?
Galet doux, lacustre en creux de paume
Emois, verve et impulsions en tête ?
S’il existe, que faire d’un baume ?
*
Galet doux, lacustre en creux de paume
Ramasser, oui, ce qui s’éparpille…
S’il existe, que faire d’un baume ?
Alors que le jour n’est que torpilles
*
Ramasser, oui, ce qui s’éparpille
Oublier un temps ce qui n’est pas fait
Alors que le jour n’est que torpilles
Part négligeable des futurs méfaits
*
Oublier un temps ce qui n’est pas fait
Et voir les feuilles ployer sous la pluie
Part négligeable des futurs méfaits
Elles s’abreuvent, s’ébrouent… Vous aussi ?
*
Et voir les feuilles ployer sous la pluie
Envier la grâce des hirondelles
Elles s’abreuvent, s’ébrouent… Vous aussi ?
Et pourquoi pas sortir la poubelle ?
*
Envier la grâce des hirondelles
Oser un mouvement dehors, bouger !
Et pourquoi pas sortir la poubelle ?
Votre vie coupée en combien de dés ?
Odile Cornuz / 30.4.20
Pantoum / 112
Le ciel nous est tombé sur la tête
La grisaille est partout, dedans, dehors
La nature est seule à être en fête ?
Peut-être pas, mon esprit est retors
La grisaille est partout, dedans, dehors
Pour la chasser tous les moyens sont bons
Peut-être pas, mon esprit est retors
Divaguer, partir en état second
Pour la chasser tous les moyens sont bons
Danser toute seule la farandole
Divaguer, partir en état second
Tant pis si le voisin me prend pour folle
Danser toute seule la farandole
Les enfants sont tout de même touchés?
Tant pis si le voisin me prend pour folle
Mais qui faut-il croire, que faut-il penser?
Les enfants sont tout de même touchés?
Indigestion de trop d’informations
Mais qui faut-il croire, que faut-il penser?
Vingt-sept septembre prochaines votations
Indigestion de trop d’informations
Comment s’y retrouver, faire le tri
Vingt-sept septembre prochaines votations
Si Dieu le veut et le Covid aussi
Comment s’y retrouver faire le tri
Oublions tout, santé, musique et fête
Si Dieu le veut et le Covid aussi
Le ciel nous est tombé sur la tête
Nicolette Ostrini / 30.4.20
Pantoum / 111
On dit que la vie continue
Allez savoir ce qu’on en fait
Sans plus descendre dans la rue
Là où avant ça se passait
Allez savoir ce qu’on en fait
A compter les pages qu’on lit
Là où avant ça se passait
A rêver séjour à Bali
A compter les pages qu’on lit
Nos histoires jamais finies
A rêver séjour à Bali
Rien ne nous verra désunis
Nos histoires jamais finies
Enfermés derrière des portes
Rien ne nous verra désunis
Nos envies restent les plus fortes
Enfermés derrière des portes
Et qu’éprouvons-nous là-dedans
Nos envies restent les plus fortes
Nous ne sommes que des migrants
Et qu’éprouvons-nous là-dedans
Où filent toutes nos idées
Nous ne sommes que des migrants
Comment se brouillent nos pensées
Où filent toutes nos idées
Lors nous nous tiendrons hors des rangs
Comment se brouillent nos pensées
Sans avoir dévoyé nos chants
Lors nous nous tiendrons hors des rangs
Sûr qu’on retrouvera la rue
Sans avoir dévoyé nos chants
On dira nos vies continuent
Gilles F. Jobin / 30.4.20
Pantoum / 110
Ce qui manque ? Toutes les transitions
Ce moment où l’on se dit au revoir
Echange anodin de basse tension
Un intervalle dans le bus – bonsoir !
*
Ce moment où l’on se dit au revoir
Ce tourbillon : visages inconnus
Un intervalle dans le bus – bonsoir !
L’insouciance de mordre un fruit charnu
*
Ce tourbillon : visages inconnus
Ce froissement d’épaules jusqu’au bar
L’insouciance de mordre un fruit charnu
Le retour à travers ville un peu tard
*
Ce froissement d’épaules jusqu’au bar
Les décibels aérant la tête
Le retour à travers ville un peu tard
Et le printemps parfumé de fête
*
Les décibels aérant la tête
Le train du matin et ses passagers
Et le printemps parfumé de fête
Ce temps rien qu’à soi, pas à partager ?
*
Le train du matin et ses passagers
Un coin de terrasse pour l’apéro
Ce temps rien qu’à soi, pas à partager ?
Sans ressassement de quelque credo
*
Un coin de terrasse pour l’apéro
Nulle fixette sur aucun poumon
Sans ressassement de quelque credo
Ce qui manque ? Toutes les transitions
Odile Cornuz / 29.4.20
Pantoum / 109
On ne bat plus monnaie ni n’est orpailleur
On invente des milliards électroniques
Que ce soit dans nos régions ou dans l’ailleurs
A tous les minuscules on fait la nique
*
On invente des milliards électroniques
On confine, on conquiert et l’on considère
A tous les minuscules on fait la nique
On balbutie, bêtifie et désespère
*
On confine, on conquiert et l’on considère
Les fourmis font trois petits tours et s’en vont
On balbutie, bêtifie et désespère
Les artistes crient : crayons et savons
*
Les fourmis font trois petits tours et s’en vont
Le fossoyeur gratte son ukulélé
Les artistes crient : crayons et savons
Le malheureux richteau est le plus zélé
*
Le fossoyeur gratte son ukulélé
Et je danse avec jubilation, hors d’âge
Le malheureux richteau est le plus zélé
Les journaleux font entendre leur ramage
*
Et je danse avec jubilation, hors d’âge
Demain tout changera-t-il, ci et ailleurs ?
Les journaleux font entendre leur ramage
On ne bat plus monnaie ni n’est orpailleur
Pierre-Yves Lador / 29.4.20
Pantoum / 108
Les ai vus à l’écran – pas comme avant…
Le matin on aurait pris un café
Dans les yeux on aurait vu du brillant
On aurait dit quelques banalités
*
Le matin on aurait pris un café
L’une aurait raconté ses vacances
On aurait dit quelques banalités
Une pause pastel, pas trop dense
*
L’une aurait raconté ses vacances
L’autre se serait plaint de maux de dents
Une pause pastel, pas trop dense,
Peut-être des nouvelles d’un enfant ?
*
L’autre se serait plaint de maux de dents
Et rien de bien mémorable en somme
Peut-être des nouvelles d’un enfant ?
J’aurais tranché des quartiers de pomme
*
Et rien de bien mémorable en somme
Un local, une machine à café
J’aurais tranché des quartiers de pomme
Nul poumon ne serait catastrophé
*
Un local, une machine à café
Quelques collègues, du très quotidien
Nul poumon ne serait catastrophé
Chacun suivrait son propre méridien
*
Quelques collègues, du très quotidien
Des personnes assemblées pour un temps
Chacun suivrait son propre méridien
Les ai vus à l’écran – pas comme avant…
Odile Cornuz / 28.4.20
Pantoum / 107
Nouvelles figures familières ?
Celle d’un grand émacié mal rasé
Avec son air de fin de carrière
Celle qu’on écoute oreille dressée
*
Celle d’un grand émacié mal rasé
Quasi sculpture de Giacometti
Celle qu’on écoute oreille dressée
Peut-être rétive à tous confettis
*
Quasi sculpture de Giacometti
Allure débonnaire ? Déplacée…
Peut-être rétive à tous confettis
Sérieux garanti : pas de panacée
*
Allure débonnaire ? Déplacée
Si ce n’est sur les réseaux – gags en vrac
Sérieux garanti : pas de panacée
Ni de stratégie style bric-à-brac
*
Si ce n’est sur les réseaux – gags en vrac
Les poumons ? Pas à la fête pourtant
Ni de stratégie style bric-à-brac
Plutôt fiable, voire protestant ?
*
Les poumons ? Pas à la fête pourtant
Rassurer – mais réenchanter aussi !
Plutôt fiable, voire protestant ?
Je l’aime bien, moi, son profil précis…
*
Rassurer – mais réenchanter aussi !
Nous voici dans une nouvelle ère
Je l’aime bien, moi, son profil précis…
Nouvelles figures familières ?
Odile Cornuz / 27.4.20
Pantoum / 106
Ce sont eux les rhododendrons
J’aimerais mettre ma tête dans leurs feuilles
Suis-je bien sûre qu’ils nous attendront ?
Et leurs pieds nus danseront la veille
*
J’aimerais mettre ma tête dans leurs feuilles
Mais je sais aussi que certains…
Et leurs pieds nus danseront la veille
Verront leur dernier traversin
*
Mais je sais aussi que certains…
Corps immergé en altitude
Verront leur dernier traversin
Savourant cette haute magnitude
*
Corps immergé en altitude
Que savons-nous de nos voisins ?
Savourant cette haute magnitude
Morts en un souffle un beau matin
*
Que savons-nous de nos voisins ?
Quoi de leurs combats, leurs amours ?
Morts en un souffle un beau matin
Quoi de leurs vies en calembours ?
*
Quoi de leurs combats, leurs amours ?
Debout dans l’eau poissonneuse
Quoi de leurs vies en calembours ?
Les yeux fermés l’âme rêveuse
*
Debout dans l’eau poissonneuse
Debout nous nous souviendrons
Les yeux fermés l’âme rêveuse
Ce sont eux les rhododendrons
Orélie Fuchs/ 27.4.20
Pantoum / 105
La vie est remplie de promesses
N’oublions pas d’où nous venons
Soyons très fiers de nos ivresses
Chacun de nous a ses raisons
*
N’oublions pas d’où nous venons
La liberté c’est le futur
Chacun de nous a ses raisons
Pourquoi ne pas sauter le mur
*
La liberté c’est le futur
On doit pouvoir rire de tout
Pourquoi ne pas sauter le mur
Pour être heureux soyons tous fous
*
On doit pouvoir rire de tout
Pleurer ne sert qu’à regretter
Pour être heureux soyons tous fous
Mais on va tous y arriver
*
Pleurer ne sert qu’à regretter
Le monde ne changera pas
Mais on va tous y arriver
Quoiqu’il en coûte tout restera
*
Le monde ne changera pas
Les sourires, ils sont gratuits
Quoiqu’il en coûte tout restera
Si le soleil comprend la nuit
*
Les sourires, ils sont gratuits
L’amour vaut bien plus qu’une messe
Si le soleil comprend la nuit
La vie est remplie de promesses
Remy Degen / 27.4.20
Pantoum / 104
Elle a soufflé ses bougies aujourd’hui
Toute en beauté sous un collier d’ambre
Plusieurs dizaines au compteur de la vie
Au faîte d’une famille en nombre
*
Toute en beauté sous un collier d’ambre
Pour une fête plutôt intime
Au faîte d’une famille en nombre
Quelques individus soudés en team
*
Pour une fête plutôt intime
Quatre autour du gâteau au chocolat
Quelques individus soudés en team
Chacun deux pas de distance et voilà
*
Quatre autour du gâteau au chocolat
Etrange, le temps passe trop vite
Chacun deux pas de distance et voilà
Cet après-midi a pris la fuite
*
Etrange, le temps passe trop vite
Mais quel anniversaire bizarre !
Cet après-midi a pris la fuite
Dans toutes les têtes, c’est le bazar…
*
Mais quel anniversaire bizarre !
Nous l’aurions souhaité plus insouciant
Dans toutes les têtes, c’est le bazar…
Dans les poumons, le grand chambardement
*
Nous l’aurions souhaité plus insouciant
Mais nous l’avons célébré à l’envi
Dans les poumons, le grand chambardement
Elle a soufflé ses bougies aujourd’hui
Odile Cornuz / 26.4.20
Pantoum / 103
Cette pluie nous offre un parfum d’été
Qui enjoint à regarder au dedans
Qui oscille : lourdeur, légèreté
Avec la grâce folle du serpent
*
Qui enjoint à regarder au dedans
Où es-tu ? Où suis-je ? Où sommes-nous ?
Avec la grâce folle du serpent
Qui se faufile parmi les cailloux ?
*
Où es-tu ? Où suis-je ? Où sommes-nous ?
Qui portera le deuil de l’oisillon ?
Qui se faufile parmi les cailloux ?
Voici le doute rampant des saisons
*
Qui portera le deuil de l’oisillon ?
Il n’était que bec prêt à avaler
Voici le doute rampant des saisons
Lesquels d’entre nous rejoindront l’été ?
*
Il n’était que bec prêt à avaler
Organes et poumons ? Bouillie noire…
Lesquels d’entre nous rejoindront l’été ?
Comment émerger de ces déboires ?
*
Organes et poumons ? Bouillie noire…
Alors tu, alors je, alors nous – oui ?
Comment émerger de ces déboires ?
Que savons-nous de ce qui meut la vie ?
*
Alors tu, alors je, alors nous – oui ?
Tous confirmés en nos fragilités…
Que savons-nous de ce qui meut la vie ?
Cette pluie nous offre un parfum d’été
Odile Cornuz / 25.4.20
Pantoum / 102
Dans ton sang y a la vie qui bat
La mort aussi qui fait sa ronde
Dans ton sang y a tout un combat
Pour que puisse tourner le monde
La mort aussi qui fait sa ronde
Elle rôde là depuis des mois
Pour que puisse tourner le monde
Il suffirait qu’elle n’y soit pas
Elle rôde là depuis des mois
Cellules folles en confettis
Il suffirait qu’elle n’y soit pas
Dans ton sang y a la leucémie
Cellules folles en confettis
Et toi toujours qui chantes et danses
Dans ton sang y a la leucémie
Dans nos cœurs espoir et défiance
Et toi toujours qui chantes et danses
Toi toujours tu nous ensoleilles
Dans nos cœurs espoir et défiance
Je rêve tant de te voir vieille
Toi toujours tu nous ensoleilles
Avec tes cinq ans à venir
Je rêve tant de te voir vieille
La mort n’a qu’à bien se tenir
Avec tes cinq ans à venir
J’ose penser que tu vaincras
La mort n’a qu’à bien se tenir
Dans ton sang y a la vie qui bat
Léonie Dobler / 25.4.20
Pantoum / 101
Il suffit d’une épée de Damoclès
Pour sentir sa précaire condition
Aussi bien que d’un anneau de Gygès
Pour croire maîtriser sa condition
*
Pour sentir sa précaire condition
Un virus pourrait être souverain
Pour croire maîtriser sa condition
Les savants vont inventer un vaccin
*
Un virus pourrait être souverain
Si les médias n’avaient pas le pouvoir
Les savants vont inventer un vaccin
Et tout cela me remplirait d’espoir
*
Si les médias n’avaient pas le pouvoir
Serai un virevoltant dans le vent
Et tout cela me remplirait d’espoir
Si cancer n’était né auparavant
*
Serai un virevoltant dans le vent
Au corps disséminé de métastases
Si cancer n’était né auparavant
Révélées par puissants dépistages
*
Au corps disséminé de métastases
Sommes-nous tous nés pour enfin mourir
Révélées par puissants dépistages
Tôt ou tard, maintenant, dans l’avenir
*
Sommes-nous tous nés pour enfin mourir
Sous un ciel plein d’épées de Damoclès
Tôt ou tard, maintenant, dans l’avenir
Il suffit d’une épée de Damoclès
Pierre-Yves Lador / 25.4.20
Pantoum / 100
Presque toutes les feuilles sont sorties
La forêt, de loin ? Un tapis moussu
Morts ? Cinquante mille aux Etats-Unis
La Camarde, pour sûr, n’est pas déçue…
*
La forêt, de loin ? Un tapis moussu
Qui vous invite encore au renouveau
La Camarde, pour sûr, n’est pas déçue
Mais le printemps têtu joue du pipeau
*
Qui vous invite encore au renouveau
Alors que pointe la mélancolie
Mais le printemps têtu joue du pipeau
Ça vous pousse à privilégier la vie
*
Alors que pointe la mélancolie
Des poumons débordent de détresse
Ça vous pousse à privilégier la vie
Traitez vos proches avec tendresse !
*
Des poumons débordent de détresse
Leurs plaintes sillonnent la planète
Traitez vos proches avec tendresse !
Rempart fragile, bon pour la tête ?
*
Leurs plaintes sillonnent la planète
Et certains feraient la sourde oreille ?
Rempart fragile, bon pour la tête ?
De vert ils n’aimeraient que l’oseille ?
*
Et certains feraient la sourde oreille ?
Deux cent mille personnes ont péri…
De vert ils n’aimeraient que l’oseille ?
Presque toutes les feuilles sont sorties
Odile Cornuz / 24.4.20
Pantoum / 99
Mouvements intérieurs au programme…
Tri de papiers, photos retrouvailles
Ce qui se trouve au fond de nos âmes
Puisque le monde est maison de paille
*
Tri de papiers, photos retrouvailles
Observation d’une graine germée
Puisque le monde est maison de paille
Exercices de patience appliquée
*
Observation d’une graine germée
Du vol d’un oiseau, du vent dans les feuilles
Exercices de patience appliquée
Voyages innombrables en fauteuil
*
Du vol d’un oiseau, du vent dans les feuilles
Sentir l’impermanence et la durée
Voyages innombrables en fauteuil
Là où jamais vous ne seriez allée
*
Sentir l’impermanence et la durée
Aiguisés, à taillader votre cœur
Là où jamais vous ne seriez allée
Où – peut-être – apprendre la douceur
*
Aiguisés, à taillader votre cœur
Tristes poumons et vaisseaux enflammés
Où – peut-être – apprendre la douceur
Grâce aux mots qui réparent, s’exclamer !
*
Tristes poumons et vaisseaux enflammés
Acceptez ce répit, brin de calme
Grâce aux mots qui réparent, s’exclamer !
Mouvements intérieurs au programme…
Odile Cornuz / 23.4.20
Pantoum / 98
Une phrase sur un T-shirt, et hop !
On se sent plus proches, c’est facile…
Qu’aurait dit alors le vieil Esope ?
Que les fables, oui, tissent les villes…
*
On se sent plus proches, c’est facile
Lorsqu’on ose respirer le grand air
Que les fables, oui, tissent la ville
Lorsque la nuit vibre de prières
*
Lorsqu’on ose respirer le grand air
Et je sais ton sourire près du mien
Lorsque la nuit vibre de prières
Oh oui ! Aussi lentement qu’il convient
*
Et je sais ton sourire près du mien
Peut-on partager la légèreté ?
Oh oui ! Aussi lentement qu’il convient
Offrir de l’espace à toutes pensées…
*
Peut-on partager la légèreté ?
Aussi vite et largement qu’il le faut ?
Offrir de l’espace à toutes pensées…
Vêtir de coton imprimé son dos ?
*
Aussi vite et largement qu’il le faut ?
Que les poumons lésés se libèrent
Vêtir de coton imprimé son dos ?
Pourquoi pas, si cela vous rend fière…
*
Que les poumons lésés se libèrent
Et vous iriez à la plage en flip-flops ?
Pourquoi pas, si cela vous rend fière…
Une phrase sur un T-shirt, et hop !
Odile Cornuz/ 22.4.20
Pantoum / 97
Qui a mangé toute la glace ?
Qui a vomi dans la forêt ?
Pris pour soi toute la farce?
Oublié le bain du marais ?
*
Qui a effacé la forêt ?
Oublié la subtile beauté ?
Oublié le bain du marais ?
Perdu toute simple clarté ?
*
Oublié la subtile beauté ?
Couru bouche et ventre à terre ?
Perdu toute simple clarté ?
Nié l’urgence planétaire?
*
Couru bouche et ventre à terre ?
Silence terrible dans les douches
Nié l’urgence planétaire?
Etouffé la bonté de nos bouches ?
*
Silence terrible dans les douches
Je sens que j’aime cette lenteur
Etouffé la bonté de nos bouches ?
Je vais chercher tous les acteurs
*
Je sens que j’aime cette lenteur
On a tant eu qu’on s’est mordu
Je vais chercher tous les acteurs
Pas encore sûr qu’on ait perdu
*
On a tant eu qu’on s’est mordu
Goût de citron dans la bouche
Pas encore sûr qu’on ait perdu
Peut-être qu’on a mangé la louche
*
Goût de citron dans la bouche
On lèche nos doigts pleins de pétrole
Peut-être qu’on a mangé la louche
Qui pour oser trouver ça drôle ?
*
On lèche nos doigts pleins de pétrole
Le soleil sèche encore nos faces
Qui pour oser trouver ça drôle ?
Qui a mangé toute la glace ?
Orélie Fuchs / 22.4.20
Pantoum / 96
C’est les riches qui disent cela
Les pauvres eux ne peuvent dormir
Ils vivent sans ce cinéma
Ils n’aimeraient rien ressentir
*
Les pauvres eux ne peuvent dormir
Un jour enfin tout changera
Ils n’aimeraient rien ressentir
Il faudra bien, tout pétera
*
Un jour enfin tout changera
Au Moyen-Age c’étaient les mêmes
Il faudra bien, tout pétera
Rois et curés n’avaient point d’peine
*
Au Moyen-Age c’étaient les mêmes
Les gueux n’avaient qu’à regarder
Rois et curés n’avaient point d’peine
En fait depuis rien n’a changé
*
Les gueux n’avaient qu’à regarder
Quand allons-nous devoir nous battre
En fait depuis rien n’a changé
Comment éliminer les castes
*
Quand allons-nous devoir nous battre
Ne craignons rien, c’est notre loi
Comment éliminer les castes
Ils ont peur n’ayant pas de foi
*
Ne craignons rien, c’est notre loi
Notre seule amie c’est la mort
Ils ont peur n’ayant pas de foi
Pour nous amener à bon port
*
Notre seule amie c’est la mort
La porte où tous allons passer
Pour nous amener à bon port
Le paradis n’est pas donné
*
La porte où tous allons passer
Les chances ne sont pas égales
Le paradis n’est pas donné
C’est une loi pas une régale
*
Les chances ne sont pas égales
L’enfer va tous nous réchauffer
C’est une loi pas une régale
Et avant pourrons-nous rêver ?
*
L’enfer va tous nous réchauffer
Les pauvres n’en ont rien à cirer
Et avant pourrons-nous rêver ?
Ils seront quand même de côté
*
Les pauvres n’en ont rien à cirer
Triste est celui qui le voudra
Ils seront quand même de côté
C’est les riches qui disent cela
Remy Degen / 22.4.20
Pantoum / 95
Aujourd’hui, plaisir printanier
Petits pois, asperges et fèves
Autrefois plaisirs partagés
Maintenant en pensées, en rêve
Petits pois, asperges et fèves
Le temps s’écoule lentement
Maintenant en pensées, en rêve
Et tout à coup, le poids des ans
Le temps s’écoule lentement
Plus de soixante-cinq, c’est classé
Et tout à coup, le poids des ans
Personnes à risque, donc écartées
Plus de soixante-cinq, c’est classé
On veut sortir dès maintenant
Personnes à risque, donc écartées
On ne veut plus de ce présent
On veut sortir dès maintenant
Chanter et danser sur les routes
On ne veut plus de ce présent
Chasser, effacer tous ces doutes
Chanter et danser sur les routes
Oublier tous les malades
Chasser, effacer tous ces doutes
Simplement partir en balade
Oublier tous les malades
Choisir et remplir son panier
Simplement partir en balade
Aujourd’hui, plaisir printanier
Nicolette Ostrini / 22.4.20
Pantoum / 94
Sur l’image on suit de petits cailloux
Où mènent-ils ? On ne sait pas… Au lac ?
Vers les plus gros, les submergés, les doux
Non ramassés, polis par le ressac
*
Où mènent-ils ? On en sait peu… Au lac ?
Dehors, dans le monde indéterminé
Rafistolé, poli par le ressac
Sous l’eau, entre les algues, emmêlés
*
Dehors, dans le monde indéterminé
Là où se dressent quelques pissenlits
Sous l’eau, entre les algues emmêlées
Ou sur une branche d’arbre verdi
*
Là où se dressent quelques pissenlits
Dont tu te réjouis qu’ils blanchissent
Ou sur une branche verte, pardi
Là où tu attends que le vent bruisse
*
Donc, tu te réjouis qu’ils blanchissent
Pour souffler dessus avec tes poumons
Là, oui, tu attends que le vent bruisse
Que s’évanouisse cette saison
*
Pour souffler dessus avec tous poumons
Ainsi semer l’imaginaire aux vents
Que s’épanouisse cette saison
Cédant la place à tous embrassements
*
Ainsi céder l’imaginaire aux vents
Effacer les distances ! Amour fou !
Cédant la place à tous embrasements
Sur l’image on suit de petits cailloux
Odile Cornuz / 21.4.20
Pantoum / 93
Da più podei brascè amis e paregn
l’é comè fàm fè ‘na gran penitense
l’é smensada apene dopo caren
da mars e l’o’ nè inans pasò l’Ascense
*
Da più podei nè sgiù in strada sense
ch’i’t varda tuc ados da malfiden
ch’l’é pe’ par impienì la cardense
ch’a s’as va, mighi par divertimen
*
Da più podei viden cón dai sé sgen
solche al telefon prim che nè in do lec
da gnang podei nè in vers s’i é malamen
a pensaigh dre a vegn sgiù l’acqua dai ec
*
Da più podei nè in ca dai pouri vec
a par propi da faigh um gran intort
bigni sperè ch’i sari mighi i ec
a pensaigh dré a vegn solche da gni smort
*
Da più podei segnè i nes pouri mort
ne in ca ne in geise e gnang foro al camsan
i dis cui ch’a comanda e ch’as sen fort
che bigni speciè almeng fin Tuc I Sagn
*
Ch’a sibi péu um sgen marò o um sgen san
da più vidél l’é propi um gran intort
a fa quaicos, incheu comè doman
da più podei videi ne viu ne mort
Walter Rosselli / 21.4.20
Pantoum / 92
Des framboisiers aux épines molles
Poussent au balcon, à vue d’œil, quasi
Mais celles qui piquent seront folles
Et dans quelques jours, toutes endurcies
*
Poussent au balcon, à vue d’œil, quasi
Toiles d’araignées, solidarités
Et dans quelques jours, toutes endurcies
Quelles ardeurs portées dans la durée ?
*
Toiles d’araignées, solidarités
Jusqu’à quel soir, les applaudissements ?
Quelles ardeurs portées dans la durée ?
Et après coup, combien de jugements ?
*
Jusqu’à quel soir, les applaudissements ?
Pour celles qui sauvent des poumons fous…
Et après coup, combien de jugements ?
Pour ceux qui abusent, pour les filous…
*
Pour celles qui sauvent des poumons fous…
Ne pas oublier la gratitude
Pour ceux qui abusent, pour les filous…
Oublier toute mansuétude
*
Ne pas oublier la gratitude
Pour les magasiniers, les livreuses
Oublier toute mansuétude
Pour les hackers, les boursicoteuses
*
Pour les magasiniers, les livreuses
Hissez, haut, toutes les banderoles
Pour les hackers, les boursicoteuses
Des framboisiers aux épines molles
Odile Cornuz / 20.4.20
Pantoum / 91
Ma joue collée contre le ciel je prépare un rêve
Dans le salon, enfants lézards aux regards abyssaux
Je m’installe pour observer le vaste puzzle en grève
Mes poèmes ont de plus en plus des airs d’esquimaux
*
Dans le salon, enfants lézards aux regards abyssaux
Que faudrait-il faire pour pallier cet étrange phénomène ?
Mes poèmes ont de plus en plus des airs d’esquimaux
Parler avec le temps, avec le vent, avec soi-même ?
*
Que faudrait-il faire pour pallier cet étrange phénomène ?
Ils chantent seuls, chassent, et tentent de résister au chaos
Parler avec le temps, avec le vent, avec soi-même ?
Leurs mains esquissent dans l’air rose un cheval au galop
*
Ils chantent seuls, chassent, et tentent de résister au chaos
En observant l’espace un instant je frissonne et ris
Leurs mains esquissent dans l’air rose un cheval au galop
J’invente une fête sur l’étendue d’une immense prairie
*
En observant l’espace un instant je frissonne et ris
Quelle distance entre tes doutes et leurs yeux grands ouverts ?
J’invente une fête sur l’étendue d’une immense prairie
Quelle incidence aura l’amour qu’ils portent aux trouvères ?
*
Quelle distance entre tes doutes et leurs yeux grands ouverts ?
Voir ton visage teinté aux couleurs de l’aube polissonne
Quelle incidence aura l’amour qu’ils portent aux trouvères ?
Tu ris des bois, du chevreuil, de toutes beautés qui rayonnent
*
Voir ton visage teinté aux couleurs de l’aube polissonne
A quoi bon? Est-ce l’imagination qui le mieux t’élève?
Tu ris des bois, du chevreuil, de toutes beautés qui rayonnent
Ma joue collée contre le ciel je prépare un rêve
Orélie Fuchs / 20.4.20
Pantoum / 90
Quels mots neufs avez-vous vu émerger ?
Task force, sang froid et interdiction
Urgence et état de nécessité
Et de très concrètes implications
*
Task force, sang froid et interdiction
Panel d’alternatives en ligne
Et de très concrètes implications
Distanciation et quête de signes
*
Panel d’alternatives en ligne
Vulnérables, plans de continuité
Distanciation et quête de signes
Dépôt de bilan, mode dégradé
*
Vulnérables, plan de continuité
Annulations encore – stratégies
Dépôt de bilan, mode dégradé
Déconfinement et démocratie
*
Annulations encore – stratégies
Sous l’année blanche tous ensevelis
Déconfinement et démocratie
Certains de ces mots vous ont alourdis ?
*
Sous l’année blanche tous ensevelis
Amendes, restriction de libertés
Certains de ces mots vous ont alourdis ?
Tous les poumons doivent s’en expurger
*
Amendes, restrictions de libertés
Par ces termes nos cerveaux sont squattés
Tous les poumons doivent s’en expurger
Quels mots neufs avez-vous vu émerger ?
Odile Cornuz / 19.4.20
Pantoum / 89
Comment écrire ce pantoum ?
Alexandrins ? Décasyllabes ?
Dénicher des rimes en oum ?
Des quatrains en octosyllabes ?
Alexandrins ? Décasyllabes ?
Très stylé sera son allure ?
Des quatrains en octosyllabes ?
Ou foncer pile dans le mur ?
Très stylé sera son allure ?
Faut-il déjà trouver un thème !
Ou foncer pile dans le mur ?
C’est pas seulement des je t’aime !
Faut-il déjà trouver un thème !
De quel droit serais-je léger ?
C’est pas seulement des je t’aime !
Quand partout il y a danger
De quel droit serais-je léger ?
Me tapera-t-on sur les doigts ?
Quand partout il y a danger
Jouant avec les mots s’cuz-moi
Me tapera-t-on sur les doigts ?
Combien comptera-t-il de vers ?
Jouant avec les mots s’cuz-moi
Soit à l’endroit soit à l’envers
Combien comptera-t-il de vers ?
Devrais-je tout laisser tomber ?
Soit à l’endroit soit à l’envers
Je ne vais pas y arriver
Devrais-je tout laisser tomber
Badaboum atchoum et loukoum
Je ne vais pas y arriver
Comment écrire ce pantoum ?
Gilles F. Jobin / 19.4.20
Pantoum / 88
Peut-on jouer avec les mots ?
Les malaxer, les pressurer
Ne tournons pas autour du pot
Ils sont eux prêts à gigoter
*
Les malaxer, les pressurer
Ils rigolent et sont contents
Ils sont eux prêts à gigoter
C’est précieux de temps en temps
*
Ils rigolent et sont contents
Ose-t-on triturer les mots ?
C’est précieux de temps en temps
Et pourquoi pas sortir les crocs
*
Ose-t-on triturer les mots ?
Ils sont très heureux, ils adorent
Et pourquoi pas sortir les crocs
Ils attendent cela encore
*
Ils sont très heureux, ils adorent
J’aime les tarabiscoter
Ils attendent cela encore
Pour eux on doit tout essayer
*
J’aime les tarabiscoter
N’ayons pas peur, c’est bien leur lot
Pour eux on doit tout essayer
ON PEUT jouer avec les mots
Remy Degen / 19.4.20
Pantoum / 87
Le barbecue des voisins est sorti
Charbon aspergé d’alcool à brûler
De fumée le quartier est envahi
Et la table de camping dépliée
*
Charbon aspergé d’alcool à brûler
Avec le soleil, ça fait vacances
Et la table de camping dépliée
La salade ? Herbes de Provence
*
Avec le soleil, ça fait vacances
Et cette envie de ne penser à rien
La salade ? Herbes de Provence
Et de jouer un peu avec le chien
*
Et cette envie de ne penser à rien
Rien qui blesse, non, rien qui menace
Et de jouer un peu avec le chien
Cette paresse prend de la place
*
Rien qui blesse, non, rien qui menace
Rien qui préoccuperait les poumons
Cette paresse prend de la place
Et l’oubli de ce monde, pour de bon
*
Rien qui préoccuperait les poumons
Mettre l’angoisse entre parenthèses
Et l’oubli de ce monde, pour de bon
Loin des chiffres et autres synthèses
*
Mettre l’angoisse entre parenthèses
Trinquer et souhaiter bon appétit
Loin des chiffres et autres synthèses
Le barbecue des voisins est sorti
Odile Cornuz / 18.4.20
Pantoum / 86
Du jour au lendemain ils sont partis…
Remontés tout là-haut vers leurs rochers
Plus de pirouettes ni d’espiègleries
Tous les chocards chez eux sont retournés
Remontés tout là-haut vers leurs rochers
En montagne jusqu’à l’automne prochain
Tous les chocards chez eux sont retournés
Et ici bas se poursuit le train-train
En montagne jusqu’à l’automne prochain
Quand pourrons-nous refaire des galipettes?
Et ici bas se poursuit le train-train
En joie, partage, retrouvailles et fêtes?
Quand pourrons-nous refaire des galipettes?
Les quelques nuages dans le ciel du jour
En joie, partage, retrouvailles et fêtes?
D’un semblant de pluie enfin le retour?
Les quelques nuages dans le ciel du jour
Pour nous aussi c’est la sécheresse
D’un semblant de pluie enfin le retour?
Trois gouttes pour nous sortir de la détresse
Pour nous aussi c’est la sécheresse
Voler vers ceux qu’on aime, les embrasser
Trois gouttes pour nous sortir de la détresse
Pas trop, juste ce qu’il faut, juste assez
Voler vers ceux qu’on aime, les embrasser
Allez, avant l’automne, on s’enhardit !
Pas trop, juste ce qu’il faut, juste assez
Du jour au lendemain ils sont partis…
Nicolette Ostrini / 18.4.20
Pantoum / 85
« Simplement saluer l’air devant moi »
Inscrit noir sur marbre, c’est un cadeau
D’une amie chère qui connaît les voix
De l’idéal, des couleurs et du beau
*
Inscrit noir sur marbre, c’est un cadeau
Qui permet le matin de respirer
De l’idéal, des couleurs et du beau
Avant de plonger dans toute journée
*
Qui permet le matin de respirer
Tandis que la fauvette m’étonne
Avant de plonger dans toute journée
Si follement elle s’époumone
*
Tandis que la fauvette m’étonne
Celui qui chantait les mots bleus n’est plus
Si follement elle s’époumone
En hommage à tous ces morts en surplus ?
*
Celui qui chantait les mots bleus n’est plus
L’été, ma foi, sera sans festivals
En hommage à tous ces morts en surplus ?
Chacun écoutera l’oiseau local
*
L’été, ma foi, sera sans festival
A quand la prochaine grande tablée ?
Chacun écoutera l’oiseau local
Ton anniversaire, quand le fêter ?
*
A quand la prochaine grande tablée ?
Célébrant l’amitié, l’amour, la joie ?
Ton anniversaire, quand le fêter ?
« Simplement saluer l’air devant moi »
Odile Cornuz / 17.4.20
Pantoum / 84
Uscir di casa, fare un girotondo
andare al cine, al bar o alla stazione
partire in vacanza e girare il mondo
scendere in piazza e giocare a pallone
*
Prendere il pullman e andare a Olivone
oppure il treno e scappare a Sciaffusa
dormire in albergo a mezza pensione
nella valigia tutto alla rinfusa
*
Starsene fuori se la porta è chiusa
sdraiarsi nel parco sotto le stelle
ascoltando il gatto che fa le fusa
indugiare udendo le cinciarelle
*
Andare a zonzo mangiando frittelle
su una panchina sedersi a gustare
vino e birra e ridere a crepapelle
stare all’aperto, le sere son chiare
*
Andare in chiesa e ammirare l’altare
rendere visita a malati e anziani
fermarsi a lungo fin quando ci pare
offrire un mazzo di bei tulipani
*
Consapevole di sciagure immani
accommiatarsi da chi se n’è andato
sperare che vada meglio domani
sospirare oggi piangendo il passato
*
Tutte le brame represse d’un fiato
e i sentimenti scacciati giù in fondo
e sembra che a lungo sarà vietato
uscir di casa, fare un girotondo
Walter Rosselli / 17.4.20
Pantoum / 83
J’aime pas le café et pourtant
Chaque matin je le buvais
Ce bar s’appelait Le Cadran
Pour l’entrevoir je m’y rendais
Chaque matin je le buvais
Pas assez d’yeux pour le suivre
Pour l’entrevoir je m’y rendais
Adossée au zinc de cuivre
Pas assez d’yeux pour le suivre
Je lui avais trouvé un nom
Adossée au zinc de cuivre
L’avais baptisé Papillon
Je lui avais trouvé un nom
Il avait belle allure
L’avais baptisé Papillon
L’étudiait l’architecture
Il avait belle allure
Un jour il ouvrit la bouche
L’étudiait l’architecture
L’avait très peu de cartouches
Un jour il ouvrit la bouche
Où sont les toilettes dit-il
L’avait très peu de cartouches
Et je n’y vis rien de subtil
Où sont les toilettes dit-il
Il aurait pu me faire du flan
Et je n’y vis rien de subtil
J’aime pas le café et pourtant
Valérie Lobsiger / 17.4.20
Pantoum / 82
Surgissent des signes de détente
Et quelques étapes progressives
Sont évoquées sous la grande tente
De notre démocratie active
*
Et quelques étapes progressives
Dessinant des retours vers le futur
De notre démocratie active
Hors du cauchemar, réveil pas trop dur ?
*
Dessinant des retours vers le futur
Les enfants veulent revoir leurs copains
Hors du cauchemar, réveil pas trop dur ?
L’Etat épongera-t-il tous pépins ?
*
Les enfants veulent revoir leurs copains
On leur promet l’école au mois de mai
L’Etat épongera-t-il tous pépins ?
Ne pense-t-il qu’à son portemonnaie ?
*
On leur promet l’école au mois de mai
Quel bonheur de retrouver la classe !
Ne pense-t-il qu’à son portemonnaie ?
Quels usages resteront donc en place ?
*
Quel bonheur de retrouver la classe !
A potasser ? Le chapitre poumons…
Quels usages resteront donc en place ?
Masque, peut-être ? Et distanciation…
*
A potasser ? Le chapitre poumons…
Alors que la méfiance serpente
Masque, peut-être ? Et distanciation…
Surgissent des signes de détente
Odile Cornuz / 16.4.20
Pantoum / 81
Des cris enterrés dans le sable
Tu te couches et tu les découvres
Disparition de tes semblables
Tu es nue et tu veux vivre
*
Tu te couches et tu les découvres
Tu as vu, tu prends une rame
Tu es nue et tu veux vivre
Ho, regarde cet hologramme !
*
Tu as vu, tu prends une rame
Partout têtu le vent te mène
Ho, regarde cet hologramme !
Partout le vent fête foraine
*
Partout têtu le vent te mène
Est-ce ta chance qu’il célèbre ?
Partout le vent fête foraine
Un tour pourtant dans les ténèbres
*
Est-ce ta chance qu’il célèbre ?
Suivant une étrange partition
Un tour pourtant dans les ténèbres
Une violente soustraction
*
Suivant une étrange partition
Un trou au visage bigarré
Une violente soustraction
Abstraction des noms oubliés
*
Un trou au visage bigarré
Dans une énième variation
Abstraction des noms oubliés
Un puits de souvenirs profonds
*
Dans une énième variation
Sur la mer des pâleurs durables
Un puits de souvenirs profonds
Vestiges de corps admirables
*
Sur la mer des pâleurs durables
Honte des lois insupportables
Vestiges de corps admirables
Des cris enterrés dans le sable
Orélie Fuchs / 16.4.20
Pantoum / 80
Voici le parc, derrière l’hôpital
A midi le personnel en pause
Se répartit en uniforme égal
Echange des propos qu’on suppose
*
A midi le personnel en pause
Prend le soleil et marche dans l’herbe
Echange des propos qu’on suppose
En suspens dans le printemps superbe
*
Prend le soleil et marche dans l’herbe
Quels ont été les soins prodigués, là ?
En suspens dans le printemps superbe
Qui a pris le temps d’humer le lilas ?
*
Quels ont été les soins prodigués, là ?
Derrière les vitres et autres sas
Qui a pris le temps d’humer le lilas ?
Parmi ceux que le virus menace
*
Derrière les vitres et autres sas
Et n’accompliraient-ils que leurs métiers ?
Parmi ceux que le virus menace
Seraient-elles différemment formées ?
*
Et n’accompliraient-ils que leurs métiers ?
Certains inventent d’autres organes…
Seraient-elles différemment formées ?
Certaines voient des poumons cabanes
*
Certains inventent d’autres organes…
Après avoir picoré leur bocal
Certaines voient des poumons cabanes
Voici le parc, derrière l’hôpital
Odile Cornuz / 15.4.20
Pantoum / 79
Sculpteriez-vous aussi de l’incertain ?
Spécialiste en biseaux de nuages…
Et dans le flou, prendriez-vous un bain ?
Rompu aux catalogues d’orages…
*
Spécialiste en biseaux de nuages…
Récolteriez-vous des perles de pluie ?
Rompu aux catalogues d’orages…
Sauriez-vous réinventer votre vie ?
*
Récolteriez-vous des perles de pluie ?
Dans le flot de quelques chansons aimées…
Sauriez-vous réinventer votre vie ?
Attentif à toutes flammes rimées…
*
Dans le flot de quelques chansons aimées…
Dessineriez-vous des visages neufs ?
Attentif à toutes flammes rimées…
Penseriez-vous à certains poumons veufs ?
*
Dessineriez-vous des visages neufs ?
Remué, ou conquis, par l’imprévu…
Penseriez-vous à certains poumons veufs ?
Prêt à assouplir votre point de vue
*
Remué, ou conquis, par l’imprévu…
Prendriez-vous la peine de rêver ?
Prêt à assouplir votre point de vue…
De quoi ne pourriez-vous pas vous priver ?
*
Prendriez-vous la peine de rêver ?
Emu dans votre rougeoyant fortin…
De quoi ne pourriez-vous pas vous priver ?
Sculpteriez-vous aussi de l’incertain ?
Odile Cornuz / 14.4.20
Pantoum / 78
Tiens un vieux monsieur qui passe
Avec son imper jaunasse
Et son galurin cocasse
Il a contourné l’impasse
Avec son imper jaunasse
Il ne manque pas d’audace
Il a contourné l’impasse
Pris d’un grand désir d’espace
Il ne manque pas d’audace
Sans se montrer trop loquace
Pris d’un grand désir d’espace
Malgré toutes les menaces
Sans se montrer trop loquace
Il ne peut rester en place
Malgré toutes les menaces
Qui va courir sur ses traces
Il ne peut rester en place
Trop enfermé il se lasse
Qui va courir sur ses traces
Les confins il les dépasse
Trop enfermé il se lasse
Hélas je rêvais hélas
Les confins il ne dépasse
Pas de vieux monsieur qui passe
Gilles F. Jobin / 14.4.20
Pantoum / 77
Quelques bouffées de découragement…
Vois : toutes complexités au galop !
Dis-moi, c’était comment, avant ?
Alors les poumons tintaient en grelots…
*
Vois : toutes complexités au galop !
L’enfant observe plutôt les fourmis
Alors les poumons tintaient en grelots…
L’humain n’aurait-il qu’un seul ennemi ?
*
L’enfant observe plutôt les fourmis
Ont-elles déjà trouvé leur chemin ?
L’humain n’aurait-il qu’un seul ennemi ?
Regarde : elles grimpent sur ta main
*
Ont-elles déjà trouvé leur chemin ?
Et nous alors ? Qu’en savons-nous de plus ?
Regarde : elles grimpent sur ta main
Tiens, ça ira mieux avec un Sugus…
*
Et nous alors ? Qu’en savons-nous de plus ?
Quelle sagesse attribuer au temps ?
Tiens, ça ira mieux avec un Sugus…
Qu’apprendrait-on de ceci d’épatant ?
*
Quelle sagesse attribuer au temps ?
Soupçons de replis identitaires !
Qu’apprendrait-on de ceci d’épatant ?
Les inégalités ? Pas à taire !
*
Soupçons de replis identitaires !
Au solide blues du confinement
Les inégalités ? Pas à taire !
Quelques bouffées de découragement…
Odile Cornuz / 13.4.20
Pantoum / 76
La Poésie peut devenir pamphlet
Mais ne tuons pas la démocratie
Puisque plus rien d’autre ne fait effet
Même si des fois on en a envie
*
Mais ne tuons pas la démocratie
Ne tirons pas toujours sur les pianistes
Même si des fois on en a envie
Ils tendent à ne pas être des clowns tristes
*
Ne tirons pas toujours sur les pianistes
Ils restent les seuls en face de nous
Ils tendent à ne pas être des clowns tristes
Ils cherchent à nous prendre pour des fous
*
Ils restent les seuls en face de nous
Les vrais tarés qui souvent vocifèrent
Ils cherchent à nous prendre pour des fous
Ils vont finir une fois par disparaitre
*
Les vrais tarés qui souvent vocifèrent
Ceux qui ont un petit pois dans la tête
Ils vont finir une fois par disparaitre
Ce jour-là nous ferons une grande fête
*
Ceux qui ont un petit pois dans la tête
Ils veulent rester indéfiniment
Ce jour-là nous ferons une grande fête
Ils peuvent rentrer chez eux maintenant
*
Ils veulent rester indéfiniment
Donald, Jaïr, Viktor sont des navets
Ils peuvent rentrer chez eux maintenant
La Poésie peut devenir pamphlet
Remy Degen / 13.4.20
Pantoum / 75
En manque d’horizon de vos visages
je suis la femme à la langue percée
orpheline de mots sève images
et surtout du sens de nos destinées
*
Je suis la femme à la langue percée
soudain muette vide de substance
et surtout du sens de nos destinées
ployant sous le fardeau de l’impuissance
*
Soudain muette vide de substance
prisonnière trop loin de la lumière
ployant sous le fardeau de l’impuissance
je me bats contre une armée de chimères
*
Prisonnière trop loin de la lumière
creusant ombre et néant avec les dents
je me bats contre une armée de chimères
j’interpelle et maudis le firmament
*
Creusant ombre et néant avec les dents
retrouvant l’eau vive dans un sourire
j’interpelle et maudis le firmament
je traque et pourfends dérives délires
*
Retrouvant l’eau vive dans un sourire
au hasard du chemin dans un message
je traque et pourfends dérives délires
en manque d’horizon de vos visages
Jo(sette) Pellet / 13.4.20
Pantoum / 74
Les insectes zonzonnent
Je marche lentement
Les abeilles bourdonnent
Dessous le firmament
Je marche lentement
Comme la souris verte
Dessous le firmament
Suçotant l’herbe verte
Comme la souris verte
Qui rêve au lendemain
Suçotant l’herbe verte
Tout en rongeant son frein
Qui rêve au lendemain
Le petit solitaire
Tout en rongeant son frein
Refusant de se taire
Le petit solitaire
Qui cherche l’âme sœur
Refusant de se taire
Sentant battre son cœur
Qui cherche l’âme sœur
A genoux sous la lune
Sentant battre son cœur
Sur les grains de la dune
A genoux sous la lune
J’espère et crie enfin
Sur les grains de la dune
Un enfant, mon dauphin
J’espère et crie enfin
Je veux que l’on me donne
Un enfant, mon dauphin
Les insectes zonzonnent
Pierre-Yves Lador / 13.4.20
Pantoum / 73
Par le monde, des corps non réclamés…
Alors que les abeilles butinent
Corps qui n’avaient plus personne à aimer
Pendant ce temps les lapins lutinent
*
Alors que les abeilles butinent
En Suisse déjà plus de mille morts
Pendant ce temps les lapins lutinent
En Méditerranée panique à bord
*
En Suisse déjà plus de mille morts
Alors que les pollens se répandent
En Méditerranée panique à bord
Pendant que les désirs se suspendent
*
Alors que les pollens se répandent
Certains dans leurs couloirs font des longueurs
Pendant que les désirs se suspendent
Des poumons s’éteignent dans la douleur
*
Certains dans leurs couloirs font des longueurs
Alors que les têtards quasi grouillent
Des poumons s’éteignent dans la douleur
Pendant ce temps les renards fripouilles
*
Alors que les têtards quasi grouillent
S’accumulent certaines rancunes
Pendant ce temps les renards fripouilles
Souffle le froid des fosses communes
*
S’accumulent certaines rancunes
Malgré ce jour qui clame sa beauté
Souffle le froid des fosses communes
Par le monde, des corps non réclamés…
Odile Cornuz / 12.4.20
Pantoum / 72
« Des fleurs de Mars ne tiens pas compte »
Ce confinement m’ensauvageonne
Des fourmis aux mastodontes
Au loin le lac déjà bourgeonne
Ce confinement m’ensauvageonne
Distance aux autres à mesurer
Au loin déjà le lac bourgeonne
Et moi je rêve sa traversée
Distance aux autres à mesurer
Prohibés contact ou serrement
Et moi je rêve sa traversée
La mélodie du pépiement
Prohibés contacts ou serrements
Avril de son fil entortille
La mélodie des pépiements
Entre les deux mon cœur vacille…
Avril de son fil entortille
Domicile en camisole
Entre les deux mon cœur vacille
Qu’augurent ces oiseaux qui s’envolent ?
Domicile en camisole
Toutes les sorties à attester
Qu’augurent ces oiseaux qui s’envolent
Ce kilomètre à rayonner
Toutes les sorties à attester
Dans le jardin libération
Ce kilomètre à rayonner
De toutes les barrières l’implosion
Dans le jardin libération
Les froufrous d’ailes se nidifient
De toutes les barrières l’implosion
Aux quatre vents je me confie
Des froufrous d’ailes se nidifient
Avril refleurit comme jamais
Aux quatre vents je me confie
Et les espoirs aux fleurs de Mai…
Sophie Grail / 12.4.20
Pantoum / 71
Je suis partie de la maison
L’enfant que je voulais être
N’a pas su briser les cloisons
N’a pas eu le temps de naître
L’enfant que je voulais être
S’est réveillé sans transition
N’a pas eu le temps de naître
Chacun souhaite la filiation
S’est réveillé sans transition
En moi les ancêtres dansent
Chacun souhaite la filiation
Maltraitance du silence
En moi les ancêtres dansent
Il ne faut pas les affamer
Maltraitance du silence
Souffrance des pires nommés
Il ne faut pas les affamer
Au soir de mes vaines lubies
Souffrance des pires nommés
Ne souhaite pas d’alibi
Au soir de mes vaines lubies
Les trublions sont courroucés
Ne souhaite pas d’alibi
A ma conduite semoncée
Les trublions sont courroucés
Las, j’ai inversé l’horizon
A ma conduite semoncée
Je suis partie de la maison
Valérie Lobsiger / 12.4.20
Pantoum / 70
Si le temps est le bien le plus précieux
Nous en sommes tous très riches en ce moment
Profitons d’admirer les lieux, les cieux,
Ecouter et vivre, entièrement
Nous en sommes tous très riches en ce moment
Que faire de ce temps à disposition?
Ecouter et vivre, entièrement
Partir en complète dissolution?
Que faire de ce temps à disposition
Partager avec tout le voisinage?
Partir en complète dissolution?
Ou plus de contact avec l’entourage?
Partager avec tout le voisinage?
Etrange réalité onirique
Ou plus de contact avec l’entourage?
Est-on dans un monde féérique?
Etrange réalité onirique
Cette nuit il était là à mes côtés
Est-on dans un monde féérique?
Lui qui voilà plus d’un an m’a quittée
Cette nuit il était à mes côtés
Ça se bagarre, bouscule à l’intérieur
Lui qui voilà plus d’un an m’a quittée
Calme et sérénité à l’extérieur
Ça se bagarre, bouscule à l’intérieur
Impression réelle d’un cercle vicieux
Calme et sérénité à l’extérieur
Si le temps est le bien le plus précieux….
Nicolette Ostrini / 12.4.20
Pantoum / 69
Un âne et une ambulance
Le premier regarde la deuxième
Je sens mon cœur qui balance
Ils testent les limites du système
*
Le premier regarde la deuxième
Dans la deuxième il y a des gens
Ils testent les limites du système
L’âne se demande combien de temps
*
Dans la deuxième il y a des gens
Ils se battent revêtus de blanc
L’âne se demande combien de temps
Les autres attendent bien en rangs
*
Ils se battent revêtus de blanc
Quatre rouges-gorges gonflent la poitrine
Les autres attendent bien en rangs
D’où sort cette mélopée divine ?
*
Quatre rouges-gorges gonflent la poitrine
La résistance niche au hasard ?
D’où sort cette mélopée divine ?
Mais c’est peut-être Balthazar…
*
La résistance niche au hasard ?
Mon âne regarde le paysage
Mais c’est peut-être Balthazar…
Paysage plein d’hommes de passage
*
Mon âne regarde le paysage
Je loue la beauté des poils gris
Paysage plein d’hommes de passage
Dans les champs un printemps sourit
*
Je loue la beauté des poils gris
Mais j’aime aussi la poésie
Dans les champs un printemps sourit
Je crois que je n’ai pas fini
*
Mais j’aime aussi la poésie
Il n’y a pas que le silence
Je crois que je n’ai pas fini
Un âne et une ambulance
Orélie Fuchs / 12.4.20
Pantoum / 68
En rêve j’organise des fêtes
J’invite des personnes inconnues
Et le matin j’ai mal à la tête
Ça doit être tout ce que j’y ai bu
*
J’invite des personnes inconnues
Malaxées, les dimensions du monde
Ça doit être tout ce que j’y ai bu
Alors que solitudes abondent
*
Malaxées, les dimensions du monde
Au réveil la présence des proches
Alors que solitudes abondent
Chacun respirant en son encoche
*
Au réveil la présence des proches
Un sourire, quelques mots échangés
Chacun respirant en son encoche
Au quotidien éloigner le danger ?
*
Un sourire, quelques mots échangés
Commencer un peu plus tard les semis ?
Au quotidien éloigner le danger ?
Prendre nouvelles auprès des amis
*
Commencer un peu plus tard les semis ?
Se résoudre à la non ubiquité
Prendre nouvelles auprès des amis
Poumons en orbite sur Voie lactée
*
Se résoudre à la non ubiquité
J’aimerais vous inviter, c’est bête
Poumons en orbite sur Voie lactée
En rêve j’organise des fêtes
Odile Cornuz / 11.4.20
Pantoum / 67
Fini de se voiler la face
l’avion des masques atterrit
mais ce n’est pas un volte-face
on ne vous a jamais menti.
*
L’avion des masques atterrit
il faut sortir bien protégé
on ne vous a jamais menti
c’est qu’il n’y en avait pas assez.
*
Il faut sortir bien protégé
et l’on ne risquera plus rien.
C’est qu’il n’y en avait pas assez
on a fait ça pour votre bien.
*
Et l’on ne risquera plus rien
promis, juré, même un foulard
on a fait ça pour votre bien
ça ira très bien, même un mouchoir.
*
Promis, juré, même un foulard
le danger guette à notre insu
Ça ira très bien, même un mouchoir
le danger n’a pas disparu.
*
Le danger guette à notre insu
Que l’inquiétude ne s’efface
le danger n’a pas disparu
Fini de se voiler la face.
Walter Rosselli / 11.4.20
Pantoum / 66
Redémarrer l’économie
Marteler ça comme un mantra
ou comme morne litanie
Veut-on vraiment juste cela ?
*
Marteler ça comme un mantra :
il faut y aller, faut s’y remettre
Veut-on vraiment juste cela ?
La contradiction règne en maître.
*
Il faut y aller, faut s’y remettre
vite, vite, faut qu’on relance.
La contradiction règne en maître
et comment tenir la distance ?
*
Vite, vite, faut qu’on relance
l’État aidera, fera un geste
Et comment tenir la distance ?
Et s’il va retourner sa veste ?
*
L’État aidera, fera un geste
Mais le danger n’est pas fini
Et s’il va retourner sa veste ?
Si c’était de l’hypocrisie ?
*
Mais le danger n’est pas fini
mettez un masque et ça ira
Si c’était de l’hypocrisie ?
Quel est le prix qu’on paiera ?
*
Mettez un masque et ça ira
Faut-il vraiment risquer sa vie ?
Quel est le prix qu’on paiera ?
Redémarrer l’économie…
Walter Rosselli / 11.4.20
Pantoum / 65
« Que fais-tu tout le jour ? » dit Valéry
« Je m’invente » : voici la réponse…
Que cela prenne la forme d’un cri ?
Possible selon les circonstances…
*
« Je m’invente » : voici la réponse…
Que j’aimerais largement partager
Possible selon les circonstances…
Et en tout temps réservoir où puiser
*
Que j’aimerais largement partager
Invite à l’écriture sans chichis
Et en tout temps réservoir où puiser
Où trouver têtes et cœurs rafraîchis
*
Invite à l’écriture sans chichis
Ode à ce quotidien sans précédent
Où trouver têtes et cœurs rafraîchis
Et rire parfois de toutes ses dents
*
Ode à ce quotidien sans précédent
Où mots et sentiments s’entrechoquent
Et rire parfois de toutes ses dents
Oubliant les poumons en breloques
*
Où mots et sentiments s’entrechoquent
Mais comment faire sens de tout cela ?
Oubliant les poumons en breloques
Penser déjà à l’après ? Halte là !
*
Mais comment faire sens de tout cela ?
Quelques réponses dans la poésie ?
Penser déjà à l’après ? Halte là !
« Que fais-tu tout le jour ? » dit Valéry
Odile Cornuz / 10.4.20
Pantoum / 64
Essayer de penser la multitude
Aloys, Philippe, Tan et Ondine
Gaïa, Oumy, Caroline et Gertrud
Lise, Bakary, Clymène et Martine
*
Aloys, Philippe, Tan et Ondine
Fatouma, Elia, Cédric, François
Lise, Bakary, Clymène et Martine
Michaël, Naomi, Botan, Benoît
*
Fatouma, Elia, Cédric, François
Joana, Linus, Ivan et Hervé
Michaël, Naomi, Botan, Benoît
Jean-Marie, Alexandre, Julie, Aimée
*
Joana, Linus, Ivan et Hervé
Antoine, Emma, Lucillien, Amandin
Jean-Marie, Alexandre, Julie, Aimée
Fai, Pierre-Isaïe, Marie, Antonin
*
Antoine, Emma, Lucillien, Amandin
Odile, Romain, Marion et Célestine
Fai, Pierre-Isaïe, Marie, Antonin
Aslan, Wanda, Antoinette et Karine
*
Odile, Romain, Marion et Célestine
Dominique, Jacques, Tian, Oneida
Aslan, Wanda, Antoinette et Karine
Lancelot, Stéphane, Anna, Paloma
*
Dominique, Jacques, Tian, Oneida
Shimara, Dany, Loïc, Michèle
Lancelot, Stéphane, Anna, Paloma
Gaspard, Henri, Ariane et Kanel
*
Shimara, Dany, Loïc, Michèle
Delphine, Eleonore et Isabelle
Gaspard, Henri, Ariane et Kanel
Pierre, Robert, Gaëlle et Anabelle
*
Delphine, Eleonore et Isabelle
Romeo, Hasan, Pascal, Sérafine
Pierre, Robert, Gaëlle et Anabelle
Corine, Tibor, Camille et Pauline
*
Romeo, Hasan, Pascal, Sérafine
Zora, Rachel, Gloria et Valeska
Corine, Tibor, Camille et Pauline
Jonas, Rolf, Marianne et Graziella
*
Zora, Rachel, Gloria et Valeska
John, Ambre, Liliane et Rosalba
Jonas, Rolf, Marianne et Graziella
Geneviève, Elian et Rébecca
*
John, Ambre, Liliane et Rosalba
Masaki, Léance, Théodore, Célien
Geneviève, Elian et Rébecca
Elyne, Luca, Zang, Pierrot, Robin
*
Masaki, Léance, Théodore, Célien
Maud, Virginia, Sekou, Li, Dahud
Elyne, Luca, Zang, Pierrot, Robin
Essayer de penser la multitude
Orélie Fuchs / 10.4.20
Pantoum / 63
Quasi obscène qu’il fasse si beau…
Le cimetière se tient en aval
Tous nous sommes sur le même bateau
Sur la planète, qui mène le bal ?
*
Le cimetière se tient en aval
Les fils d’araignée brillent dans le vent
Sur la planète qui mène le bal ?
Vite un peu d’amour, comme un paravent
*
Les fils d’araignée brillent dans le vent
Que les adieux sont rendus si furtifs !
Vite un peu d’amour, comme un paravent
Bienvenus seront tous les palliatifs
*
Que les adieux sont rendus si furtifs !
Trop peu nombreux à la cérémonie
Bienvenus seront tous les palliatifs
Comment purger du temps l’acrimonie ?
*
Trop peu nombreux à la cérémonie
A la chasse aux œufs nulle frimousse
Comment purger du temps l’acrimonie ?
Que faire pour dissiper la frousse ?
*
A la chasse aux œufs nulle frimousse
Non, pas de surdose de chocolat
Que faire pour dissiper la frousse ?
Chacune et chacun chez soi – et voilà !
*
Non, pas de surdose de chocolat
Des poumons passent en mode turbo
Chacune et chacun chez soi – et voilà !
Quasi obscène qu’il fasse si beau…
Odile Cornuz / 9.4.20
Pantoum / 62
Eh oui, au son pourri on s’habitue
On reprend la marque du fait maison
La radio diffuse, le virus tue
Les images, elles, tournent en rond
*
On reprend la marque du fait maison
Certain chef d’état aux soins intensifs
Les images, elles, tournent en rond
Sans faire de bruit, poussent tous les tifs
*
Certain chef d’état aux soins intensifs
On aimerait trouver des solutions
Sans faire de bruit, poussent tous les tifs
On a le temps d’admirer les bourgeons
*
On aimerait trouver des solutions
La science investigue tous remèdes
On a le temps d’admirer les bourgeons
Les plus démunis crient à l’aide
*
La science investigue tous remèdes
Hôpitaux et tentes de fortune
Les plus démunis crient à l’aide
Dans tous pays on cherche des thunes
*
Hôpitaux et tentes de fortune
Tourne le ballet des ambulances
Dans tous pays on cherche des thunes
Certains des poumons cessent leur danse
*
Tourne le ballet des ambulances
Chacun se replie comme une tortue
Certains des poumons cessent leur danse
Eh oui, au son pourri on s’habitue
Odile Cornuz / 8.4.20
Pantoum / 61
Le temps est-il à cran d’arrêt ?
Le vent se dispute le ciel
Nos pieds s’enfoncent dans le marais
Pensées à formes existentielles
*
Le vent se dispute le ciel
Tous en arrêt souffle coupé
Pensées à formes existentielles
Le monde a perdu sa poupée
*
Tous en arrêt souffle coupé
Richesses blotties au fond des soutes
Pensées à formes existentielles
Homme tiraillé par tant de doutes
*
Richesses blotties au fond des soutes
Oreille collée tout contre quoi ?
Homme tiraillé par tant de doutes
Tout ébranlé, sous son toit
*
Oreille collée tout contre quoi ?
Longtemps privé de son enfance
Tout ébranlé, sous son toit
S’interrogeant sur l’arrogance
*
Longtemps privé de son enfance
A qui donc faire allégeance ?
S’interrogeant sur l’arrogance
Et à l’avenir quelle tendance ?
*
A qui donc faire allégeance ?
Abhorrer les lois du mépris
Et à l’avenir quelle tendance ?
On aimerait tant être surpris
*
Abhorrer les lois du mépris
Honorer l’homme quel trajet ?
On aimerait tant être surpris
Le temps est-il à cran d’arrêt ?
Orélie Fuchs / 8.4.20
Pantoum / 60
Le troglodyte est à la mode
Enfin je ne suis plus à part
Des parts de moi se raccommodent
On dirait un nouveau départ
*
Enfin je ne suis plus à part
Anne ma sœur Anne on est deux
On dirait un nouveau départ
On ne se souciera pas d’eux
*
Anne ma sœur Anne on est deux
Les grands de ce monde s’enflamment
On ne se souciera pas d’eux
Nous sortirons nos oriflammes
*
Les grands de ce monde s’enflamment
Nous les petits sommes au front
Nous sortirons nos oriflammes
Il est temps de lever nos fronts
*
Nous les petits sommes au front
Pour mener une autre bataille
Il est temps de lever nos fronts
De reprendre le gouvernail
*
Pour mener une autre bataille
Je sais, peut-être est-ce naïf
De reprendre le gouvernail
Et dans la mort trouver du vif
*
Je sais, peut-être est-ce naïf
De croire en un monde nouveau
Et dans la mort trouver du vif
Ou dans le vif un renouveau
*
De croire en un monde nouveau
Est-ce l’illusion à son comble ?
Ou dans le vif un renouveau
Ce changement de fond en comble
*
Est-ce l’illusion à son comble ?
Ce retrait dont on s’accommode ?
Ce changement de fond en comble
Le troglodyte est à la mode
Claire Kraehenbuhl / 8.4.20
Pantoum / 59
Malgré ce chaos je rigole
Mais là, je viens de l’effacer
Pantoum du soir, la parabole
Ecrire un peu pour oublier
Mais là je viens de l’effacer
J’avais pourtant tout bien relu
Ecrire un peu pour oublier
C’est pas comme si j’en pouvais plus
J’avais pourtant tout bien relu
Les mots coulaient ils étaient libres
C’est pas comme si j’en pouvais plus
Est-ce que j’ai vraiment la fibre ?
Les mots coulaient ils étaient libres
Pas de contrainte, les vannes ouvertes
Est-ce que j’ai vraiment la fibre ?
Au moins ça m’aide à respirer !
Pas de contrainte, les vannes ouvertes
J’ai de la peine à m’arrêter
Au moins ça m’aide à respirer
Dehors la nuit est bien tombée
J’ai de la peine à m’arrêter
Fini ce jour du 7 avril
Dehors la nuit est bien tombée
Mais c’est pour quand la liberté ?
Fini ce jour du 7 avril
On a même pu un peu fêter
Mais c’est pour quand la liberté ?
Malgré ce chaos je rigole
Isabelle Rérat / 8.4.20
Pantoum / 58
Regardez, ce soir, la lune est super
Tendez le cou et cherchez la des yeux
Pour certaines, certains, la dernière
A vos jumelles, vous : les bienheureux
*
Tendez le cou et cherchez la des yeux
Faites pareil avec les souvenirs
A vos jumelles, vous : les bienheureux
Ce qui pourrait rendre le sourire
*
Faites pareil avec les souvenirs
Ah oui, c’est vrai, nous avions des projets !
Ce qui pourrait rendre le sourire
Nous fourmillions comme des farfadets !
*
Ah oui, c’est vrai, nous avions des projets !
Génération préservée des douleurs
Nous fourmillions comme des farfadets !
Spécialisés en désastre intérieur
*
Génération préservée des douleurs
Certains, certaines, s’estimaient choyés
Spécialisés en désastre intérieur
Enfants gâtés du rock’n’roll, oh yeah !
*
Certains, certaines, s’estimaient choyés
Avant ces moult cratères de poumons
Enfants gâtés du rock’n’roll, oh yeah !
Au bord du ciel nous nous époumonions…
*
Avant ces moult cratères de poumons
Ivres d’insouciances et de sphère
Au bord du ciel nous nous époumonions…
Regardez, ce soir, la lune est super
Odile Cornuz / 7.4.20
Pantoum / 57
Dans le Boléro de Ravel
Quel instrument joue en premier ?
Hautbois, basson ou violoncelle
Il faut savoir bien écouter
Quel instrument joue en premier ?
Si on n’a pas de vidéo
Il faut savoir bien écouter
De préférence en stéréo
Si on n’a pas de vidéo
On peut appeler un ami
De préférence en stéréo
Ce devoir il le fait aussi
On peut appeler un ami
Même si on est à la maison
Ce devoir il le fait aussi
Pas tout seul face à ces questions
Même si on est à la maison
Les copains ne sont pas très loin
Pas tout seul face à ces questions
En contact par tous les moyens
Les copains ne sont pas très loin
WhatsApp, Skype ou téléphone
En contact par tous les moyens
Sur ordi ou par iPhone
WhatsApp, Skype ou téléphone
Par ici toutes les bonnes nouvelles
Sur ordi ou par iPhone
Le jeu en vaut la chandelle
Par ici les bonnes nouvelles
Tous les échos sont bienvenus
Le jeu en vaut la chandelle
Dans le boléro de Ravel
Isabelle Rérat / 7.4.20
Pantoum / 56
Un milan dans les airs
Regarde bien petit
Des pissenlits par terre
La bise qui fraîchit
Regarde bien petit
Brel le disait déjà
La bise qui fraîchit
Mais qui viendrait par là
Brel le disait déjà
Entre ciel et moulin
Mais qui viendrait par là
Aujourd’hui pas certain
Entre ciel et moulin
Les forêts et les champs
Aujourd’hui pas certain
Ni homme ni du vent
Les forêts et les champs
Ça bruit ça tremble un peu
Ni homme ni du vent
On n’en croit pas ses yeux
Ça bruit ça tremble un peu
Non ce n’est pas la pluie
On n’en croit pas ses yeux
Regarde bien petit
Non ce n’est pas la pluie
Soudain l’hélicoptère
Regarde bien petit
Un milan dans les airs
Gilles F. Jobin / 7.4.20
Pantoum / 55
Ce matin un paquet dans la boîte
Morceau de joie dans la tasse printemps
Offre de ne pas se tenir coite
Bonheur de compter parmi les vivants
*
Morceau de joie dans la tasse printemps
Qui sucre un breuvage parfois amer
Bonheur de compter parmi les vivants
Faire comme si on voyait la mer
*
Qui sucre un breuvage parfois amer
Les nouvelles s’accumulent – fatras
Faire comme si on voyait la mer
Ne plus se croire faits comme des rats
*
Les nouvelles s’accumulent – fatras
Un baiser doux dissipe la douleur
Ne plus se croire faits comme des rats
Une caresse pour sécher les pleurs ?
*
Un baiser doux dissipe la douleur
Aux poumons insufflerait-il de l’air ?
Une caresse pour sécher les pleurs ?
Pour apaiser des corps la colère ?
*
Aux poumons insufflerait-il de l’air ?
Le vent fait tourner des pages non lues
Pour apaiser des corps la colère
A votre santé, tous verres non bus !
*
Le vent fait tourner des pages non lues
Je reçois mon privilège en ouate
A votre santé, tous verres non bus !
Ce matin un paquet dans la boîte
Odile Cornuz / 6.4.20
Pantoum / 54
Porter un masque, chacun le faisait ?
Qui amenait des vivres aux plus vieux ?
Entre vous, qui était testé, en fait ?
Et les malades, étaient-ils nombreux ?
*
Qui amenait des vivres aux plus vieux ?
Croyiez-vous que le monde changerait ?
Et les malades, étaient-ils nombreux ?
Et chaque jour, les morts, on les comptait ?
*
Croyiez-vous que le monde changerait ?
Le siècle alors était à ses débuts…
Et chaque jour, les morts, on les comptait ?
Aviez-vous des réflexes de tribu ?
*
Le siècle alors était à ses débuts…
Diront-ils en deux-mille-quatre-vingts
Aviez-vous des réflexes de tribu ?
A manger certains n’avaient plus de pain…
*
Diront-ils en deux-mille-quatre-vingts
Quand les enfants seront devenus vieux
A manger certains n’avaient plus de pain…
Qu’est-ce qui alors vous rendaient heureux ?
*
Quand les enfants seront devenus vieux
Les petits jeunes leurs demanderont
Qu’est-ce qui alors vous rendaient heureux ?
Et leurs grands yeux ils écarquilleront
*
Les petits jeunes leur demanderont
Sur les poumons, ça avait quels effets ?
Et leurs grands yeux ils écarquilleront
Porter un masque, chacun le faisait ?
Odile Cornuz / 5.4.20
Pantoum / 53
En un temps de plume et de plomb
Tu me lisais “Les Malfilâtres”
Roman de Catherine Colomb
Je répliquais… comme au théâtre!
Tu me lisais “Les Malfilâtres”
On riait dans le téléphone
Je répliquais… comme au théâtre!
Ça grattait, sacré gramophone…
On riait dans le téléphone
Je t’écoutais sur mon balcon
Ça grattait, sacré gramophone…
C’était trop fou ce monde abscons
Je t’écoutais sur mon balcon
La radio crachait ses nouvelles
C’était trop fou ce monde abscons
Qui donc tournait la manivelle ?
La radio crachait ses nouvelles
On entendait “Trump” ou “Les Russes”
Qui donc tournait la manivelle ?
Au temps du coronavirus
On entendait “Trump” ou “Les Russes”
On rêvait d’un avenir neuf
Au temps du coronavirus
Âpre temps du covid dix-neuf
On rêvait d’un avenir neuf
Tu me lisais “Les Malfilâtres”
Âpre temps du covid 19
Attente d’un coup de théâtre…
Tu me lisais “Les Malfilâtres”
Demain tout paraissait possible
Attente d’un coup de théâtre
Un pari fou sur l’impossible ?
Demain tout paraissait possible
Finies la misère et la guerre
Un pari fou sur l’impossible ?
Oui, tout en moi murmure:
Espère !
Denise Mützenberg / 5.4.20
Pantoum / 52
On a compris on a le trac
On se replie sous l’édredon
Le tarmac est dans le lac
Le soleil chaud troue le plafond
*
On se replie sous l’édredon
On se rapproche on se confie
Le soleil chaud troue le plafond
Et chaque jour un nouveau cri
*
On se rapproche on se confie
On pense à ce qu’on a oublié
Et chaque jour un nouveau cri
On se redécouvre liés
*
On pense à ce qu’on a oublié
Il doit bien y avoir une brèche
On se redécouvre liés
Sur la copie il, elle, on sèche
*
Il doit bien y avoir une brèche
Un endroit pour s’émanciper
Sur la copie il, elle, on sèche
Au sol un trésor enchâssé
*
Un endroit pour s’émanciper
Sous nos yeux des images se forment
Au sol un trésor enchâssé
Est-ce la vitesse qui nous déforme ?
*
Sous nos yeux des images se forment
Ce n’est plus un jeu c’est un tas
Est-ce la vitesse qui nous déforme ?
Sommes-nous faits comme des rats ?
*
Ce n’est plus un jeu c’est un tas
Tiens je me sens tout patraque
Sommes-nous faits comme des rats ?
On a compris on a le trac
Orélie Fuchs / 5.4.20
Pantoum / 51
Jusqu’à quand ? Nul encore ne le sait
On pense à Pâques, mais aussi plus loin…
La vie ne serait qu’ébauche et essai ?
A quoi ressemblera le mois de juin ?
*
On pense à Pâques, mais aussi plus loin…
Les teindras-tu tout de même, les œufs ?
A quoi ressemblera le mois de juin ?
Leçon d’humilité pour vaniteux…
*
Les teindras-tu tout de même, les œufs ?
Déposer des cadeaux à la porte
Leçon d’humilité pour vaniteux
Espérer que le monde s’en sorte
*
Déposer des cadeaux à la porte
Partager quelques signes colorés
Espérer que le monde s’en sorte
Notre humanité, pas trop essorée ?
*
Partager quelques signes colorés
Tenter encore la bienveillance
Notre humanité, pas trop essorée ?
Et que vers l’espoir les cœurs balancent
*
Tenter encore la bienveillance
Que les poumons reviennent à l’air pur
Et que l’espoir vers les cœurs balancent
Que le siècle sorte de sa cure
*
Que les poumons reviennent à l’air pur
Que les angoisses changent de couplet
Que le siècle sorte de sa cure
Jusqu’à quand ? Nul encore ne le sait
Odile Cornuz / 4.4.20
Pantoum / 50
Derrière le masque, plus que le regard
Report de notre attention sur les yeux
D’aucuns riants, d’autres sombres et hagards
Chacun tente de vivre de son mieux
Report de notre attention sur les yeux
L’esprit s’échappe et part dans tous les sens
Chacun tente de vivre de son mieux
Est-ce que tout cela aurait donc un sens?
L’esprit s’échappe et part dans tous les sens
Sudokus, mots fléchés et mots croisés
Est-ce que tout cela aurait donc un sens?
Canaliser, diriger ses pensées
Sudokus, mots fléchés et mots croisés
A l’hôpital tout s’organise, intense
Canaliser, diriger ses pensées
La charge pour les soignants est si dense
A l’hôpital tout s’organise, intense
Difficile combat contre le vent
La charge pour les soignants est si dense
Vingt-et-une heures, les applaudissements
Difficile combat contre le vent
Moments de partage et de communion
Vingt-et-une heures, les applaudissements
Voisins, voisines, tous en réunion
Moments de partage et de communion
Mais les yeux tristes de ne pas se voir
Voisins, voisines, tous en réunion
Derrière le masque, plus que le regard
Nicolette Ostrini / 4.4.20
Pantoum / 49
La rue s’étire comme un dimanche
Mais ce n’est qu’un semblant de paresse
Cette langueur s’expose, peu franche
Dans l’air qui s’est tu, circule le stress
*
Mais ce n’est qu’un semblant de paresse
Sur le Net les réunions fleurissent
Dans l’air qui s’est tu, circule le stress
A quelle liberté un tour de vis ?
*
Sur le Net les réunions fleurissent
Le temps déploie d’autres consistances
A quelles libertés un tour de vis ?
Encore un appel à la conscience
*
Le temps déploie d’autres consistances
Résister à l’invite du soleil ?
Encore un appel à la conscience
Se réjouir de futures merveilles…
*
Résister à l’invite du soleil ?
Placer certains coûts dans la balance
Se réjouir de futures merveilles
Rêver, oui, de nos prochaines danses
*
Placer certains coûts dans la balance
La mésange pépie pour les poumons
Rêver, oui, de nos prochaines danses
Inventons avec elle une chanson
*
La mésange pépie pour les poumons
Tous les cœurs – ouf – ne sont pas étanches
Inventons avec elle une chanson
La rue s’étire comme un dimanche
Odile Cornuz / 3.4.20
Pantoum / 48
Crie ! toi ! là-bas ! époumone-toi !
Sors tout ! la rage, la frustration
Décharge ! quitte à casser ton toit
Fissure les murs, libère les sons
Sors tout ! la rage, la frustration
Luminosité de demain
Fissure les murs, libère les sons
Irradie les autres de tes soins
Luminosité de demain
Empoigne un cassotton, fracasse
Irradie les autres, de tes soins
Abîme uniquement une masse
Empoigne un cassotton, fracasse
Tes non-dits, ces cloisons internes
Abîme uniquement une masse
La foule de refoulements ternes
Tes non-dits, ces cloisons internes
Éclaffe-les ! fais grève générale
La foule de refoulements ternes
Tu brilleras en débris d’âmes
Éclaffe-les ! fais grève générale
Gravis la montagne de tes doutes
Tu brilleras en débris d’âmes
Gaffe-toi ! affronte-les sans déroute
Gravis la montagne de tes doutes
Gueule-les au ciel ! recueil d’appels
Gaffe-toi ! affronte-les sans déroute
Vois où les portent les hirondelles
Gueule-les au ciel ! recueil d’appels
Recommence, s’il le faut, aime-toi !
Vois où les portent les hirondelles
Crie ! toi ! là-bas ! époumone-toi !
Alexandre Wälti / 3.4.20
(presque) Pantoum / 47
ton paon
monta
mon taon
tua
*
monta
un mât
tua
puma
*
un mât
à Pat
puma
à Nat
*
à Pat
pâton
à Nat
tampon
*
pâton
au pot
tampon
au mot
*
au pot
mon taon
au mot
ton paon
Gilles F. Jobin / 3.4.20
Pantoum / 46
Ceux qui le niaient ont ouvert les yeux
Tactique de l’autruche ? Démodée !
Le virus éclate sous tous les cieux
Pour le genre humain, oui, ça va barder…
*
Tactique de l’autruche ? Démodée !
C’est de nos vies qu’il s’agit avant tout
Pour le genre humain, oui, ça va barder…
Ensemble cherchons de l’espoir, partout !
*
C’est de nos vies qu’il s’agit avant tout
Dépouillons les illusions de grandeur
Ensemble cherchons de l’espoir, partout !
Humons, cueillons peut-être quelques fleurs
*
Dépouillons les illusions de grandeur
Et vous, comment traversez-vous le temps ?
Humons, cueillons peut-être quelques fleurs
Pensons, aimons, toujours et vaillamment
*
Et vous, comment traversez-vous le temps ?
Je me sens poussière sur la brise
Pensons, aimons, toujours et vaillamment
Et sur le réel si peu de prise
*
Je me sens poussière sur la brise
Nos poumons seraient-ils hypnotisés ?
Et sur le réel si peu de prise
Nos vieux codes seraient-ils tous usés ?
*
Nos poumons seraient-ils hypnotisés ?
Comment rassurer des enfants anxieux ?
Nos vieux codes seraient-ils tous usés ?
Ceux qui le niaient ont ouvert les yeux
Odile Cornuz / 2.4.20
Pantoum / 45
Qui ne s’est pas senti tout étourdi
Après une course poursuite débridée
Sidéré, vidé et alors conquis
Affaibli, hébété, rêves dominés
*
Après une course poursuite débridée
J’aurais tant aimé trouver une bouche
Affaibli, hébété, rêves dominés
Un langage neuf, liberté d’oiseau-mouche
*
J’aurais tant aimé trouver une bouche
Je l’aurais regardée, embrassée
Un langage neuf, liberté d’oiseau-mouche
J’aurais su la dessiner la partager
*
Je l’aurais regardée, embrassée
Roulée dans un parterre de fleurs
J’aurais su la dessiner la partager
Touché qui sait par un peu de bonheur
*
Roulée dans un parterre de fleurs
La respiration accordée au vent
Touché qui sait par un peu de bonheur
Mon intimité pleine de rêves d’enfant
*
La respiration accordée au vent
Cœur, poitrine, jambes et yeux ouverts
Mon intimité pleine de rêves d’enfant
Heures pacifiées par une commune galère
*
Cœur, poitrine, jambes et yeux ouverts
La ville en suspension, corps souverains
Heures pacifiées par une commune galère
Le temps est mutin, les matins humains
*
La ville en suspension, corps souverains
Dans la tourmente les compteurs affaiblis
Le temps est mutin, les matins humains
Qui ne s’est pas senti tout étourdi
Orélie Fuchs / 2.4.20
Pantoum / 44
L’intrus viral n’a rien d’interlope
Pensons-y en allumant des bougies
En sont morts trois enfants de l’Europe
Contre lui secouons nos énergies
*
Pensons-y en allumant des bougies
Trouvons du réconfort à l’intérieur
Contre lui secouons nos énergies
Peignons le présent de toutes couleurs
*
Trouvons du réconfort à l’intérieur
Observons le renouveau des pousses
Peignons le présent de toutes couleurs
Ré-enchantons ce monde qui tousse
*
Observons le renouveau des pousses
Pour s’absorber dans de l’inactuel
Ré-enchantons ce monde qui tousse
Et que cessent les vieilles querelles
*
Pour s’absorber dans de l’inactuel
De l’humain en somme, sans conditions
Et que cessent les vieilles querelles
Ouvrons de même poumons et prisons
*
De l’humain en somme, sans conditions
Ne lâchons rien de ce qui fait vibrer
Ouvrons de même poumons et prisons
Préparons-nous, ma foi, dans la durée
*
Ne lâchons rien de ce qui fait vibrer
Sautons toutes dans l’inconnu – et hop !
Préparons-nous, ma foi, dans la durée
L’intrus viral n’a rien d’interlope
Odile Cornuz / 1.4.20
Pantoum / 43
Pourquoi avoir peur de nos ombres ?
Pourquoi nous suivent-elles sans voir ?
Pourquoi rester seul dans nos chambres ?
Pourquoi ne pas choisir l’espoir ?
*
Pourquoi nous suivent-elles sans voir ?
D’où nous viennent nos vraies phobies
Pourquoi ne pas choisir l’espoir ?
Où se créent toutes nos envies ?
*
D’où nous viennent nos vraies phobies
Qui sait ce que demain sera ?
Où se créent toutes nos envies ?
Comment tout cela finira ?
*
Qui sait ce que demain sera ?
Pourquoi d’ailleurs vouloir savoir ?
Comment tout cela finira ?
Aurions-nous perdu le pouvoir ?
*
Pourquoi d’ailleurs vouloir savoir ?
Peut-on chasser toutes les pluies ?
Aurions-nous perdu le pouvoir ?
Pourquoi ne pas aimer la vie ?
*
Peut-on chasser toutes les pluies ?
Nos peurs vont nous gâcher nos pleurs ?
Pourquoi ne pas aimer la vie ?
Comment retrouver l’âme sœur ?
*
Nos peurs vont nous gâcher nos pleurs ?
Allons-nous tous vraiment survivre ?
Comment retrouver l’âme sœur ?
La liberté peut-elle nous suivre ?
*
Allons-nous tous vraiment survivre ?
Pourquoi tout devient-il si sombre ?
La liberté peut-elle nous suivre ?
Pourquoi avoir peur de nos ombres ?
Remy Degen / 1.4.20
Pantoum / 42
Planète anesthésiée, le calme s’est échu
Tant de biens superflus, folle fuite en avant
L’oiseau s’est pris le temps, son vol s’est suspendu
Edens artificiels, que de moulins à vent
*
Tant de biens superflus, folle fuite en avant
Impalpable tourment, filandreuse anxiété
Edens artificiels, que de moulins à vent
Insidieuse toile, remugles enfiévrés
*
Impalpable tourment, filandreuse anxiété
Croissance, absurde opium, niaise pensée unique
Insidieuse toile, remugles enfiévrés
Trépas solitaires, requêtes théurgiques
*
Croissance, absurde opium, niaise pensée unique
Nature maltraitée, martyr des doigts crochus
Trépas solitaires, requêtes théurgiques
Planète anesthésiée, le calme s’est échu
Bruno Baschung / 1.4.20
Pantoum / 41
Qui demain inventera des blagues ?
Quels seront les dindons de la farce ?
Les poumons souffriront-ils de jetlag ?
Ce virus aura donc des comparses ?
*
Quels seront les dindons de la farce ?
Oui, le rire c’est bon pour la santé
Ce virus aura donc des comparses ?
Un clown triste l’a dit à la télé
*
Oui, le rire c’est bon pour la santé
On s’invente un fitness de cuisine
Un clown triste l’a dit à la télé
Certains responsables se débinent
*
On s’invente un fitness de cuisine
Les fleurs éclosent comme du popcorn
Certains responsables se débinent
Seraient tentés par le revenge porn
*
Les fleurs éclosent comme du popcorn
Chacun chez soi, mode troglodytes
Seraient tentés par le revenge porn
Ils ne perdent pas leur sang-froid, dites !
*
Chacun chez soi, mode troglodytes
Certains Boris et Donald en vrille !
Ils ne perdent pas leur sang-froid, dites !
Comme ils déroulent toutes conneries…
*
Certains Boris et Donald en vrille !
Quelle vague ? Où ça une vague ?
Comme ils déroulent toutes conneries…
Qui demain inventera des blagues ?
Odile Cornuz / 31.3.20
Pantoum / 40
Elles sont si belles les primevères
et les anémones, les hépatiques
et les tussilages dans les jachères
et toutes ces violettes – magnifiques
*
Et les anémones, les hépatiques
les replats ombragés à corydale
et toutes ces violettes – magnifiques
et les prés asséchés à polygale
*
Les replats ombragés à corydale
un autre printemps reviendra, au moins
et les prés asséchés à polygale
nous vous longerons la main dans la main
*
Un autre printemps reviendra, au moins
vous allez refleurir dans une année
nous vous longerons la main dans la main
les prés aux primevères élevées
*
Vous allez refleurir dans une année
pervenche, narcisse, scille, sylvie
les prés aux primevères élevées
messagères du retour de la vie
*
Pervenche, narcisse, scille, sylvie
hépatique, pulsatille et ficaire
messagères du retour de la vie
elles sont si belles les primevères
Walter Rosselli / 31.3.20
Pantoum / 39
L’été se profile sans examens
Trotte sur le cadran la trotteuse
Tout le genre humain se lave les mains
Les heures se ressemblent, taiseuses
*
Trotte sur le cadran la trotteuse
Face à face, on pique un tel fou rire
Les heures se ressemblent, taiseuses
On n’est pas des statues de cire
*
Face à face, on pique un tel fou rire
A cause d’une miette au bout d’un doigt
On n’est pas des statues de cire
De cela aussi on s’en souviendra
*
A cause d’une miette au bout d’un doigt
Même la radio a cru s’étouffer
De cela aussi on s’en souviendra
Quand on prendra l’air à grandes bouffées
*
Même la radio a cru s’étouffer
Juste après le compte des morts du jour
Quand on prendra l’air à grandes bouffées
Avec une foule de gens autour
*
Juste après le compte des morts du jour
On a dessiné des poumons encor
Avec une foule de gens autour
Armons donc de courage tous les corps
*
On a dessiné des poumons encor
Voyez les, là, ils sont libres et sains
Armons de courage tous les corps
L’été se profile sans examens
Odile Cornuz / 30.3.20
Pantoum / 38
Hier j’ai pris congé, c’était dimanche
Fermé la télé, bouclé la radio
Du balai même pas touché le manche
Personne n’est venu dîner, c’est idiot
Fermé la télé, bouclé la radio
Passé beaucoup de temps à mes fourneaux
Personne n’est venu dîner, c’est idiot
Fait un repas même pas d’un bon niveau
Passé beaucoup de temps à mes fourneaux
De mon balcon saluer ma voisine
Fait un repas même pas d’un bon niveau
Toujours un gentil mot, une belle mine
De mon balcon saluer ma voisine
Prendre l’air, écouter le silence
Toujours un gentil mot, une belle mine
Seuls des oiseaux légers, un air dense
Prendre l’air, écouter le silence
Silence lourd, chargé d’un sacré poids
Seuls des oiseaux légers, un air dense
S’évader dans un polar suédois
Silence lourd, chargé d’un sacré poids
Plein de pensées pour ceux qui cherchent l’air
S’évader dans un polar suédois
Mon grand espace ressemble à un désert
Plein de pensées pour ceux qui cherchent l’air
Demain on retroussera nos manches
Mon grand espace ressemble à un désert
Hier j’ai pris congé, c’était dimanche
Nicolette Ostrini / 30.3.20
Pantoum / 37
Bulan purnama sinari bumi
Pasang naik, surutnya laut
Kaya sapuannya bidadari?
Dunia kita diancam maut
Pasang naik, pasang surutnya laut
Angin meniup dari timur,
Dunia kita diancam maut,
Pulau kecil ini menganjur
Angin meniup dari timur
Seekor penyu merapat
Pulau kecil ini menganjur
Malam, kulitnya berkilat
Seekor penyu merapat
Dari jauh Beliau datang
Malam, kulitnya berkilat
Tiap tahun Dia pulang
Dari jauh Beliau datang
Lawan arus dan ombak
Tiap tahun Dia pulang
Di pantai kecil Dia naik
Lawan arus dan ombak
Jalan zigzag antara sampah,
Di pantai kecil Dia naik,
Terkandas seperti wabah
Jalan zigzag antara sampah
Sang penyu gali lobang,
Terkandas seperti wabah
Banyak plastik menghalang
Sang penyu gali lobang
Pakai sayap untuk pangkur,
Banyak plastik menghalang,
Gali, gali dan bertelur
Gali, gali dan bertelur
Di pasir, ada yang jaga,
Pakai sayap untuk pangkur,
Burung, tapi kucing juga
Di pasir, ada yang jaga
Seperti hama, siap hancur
Burung, tapi kucing juga
Yang keluar dari telur
Seperti hama, siap hancur,
Si kucing menjadi kuman,
Yang keluar dari telur,
Dibawa manusia, bukan?
Si kucing menjadi kuman,
Ke laut Sang penyu kembali,
Dibawa manusia, bukan?
Dari bahaya coba menjauhi
Ke laut Sang penyu kembali,
Beliau turun, meluncur
Dari bahaya coba menjauhi
Laut Banda menjadi kubur?
Beliau turun, meluncur
Cium buih, masuk air
Laut Banda menjadi kubur?
Permukaan laut mengukir
Cium buih, masuk air
Berenang, terbang, pergi
Permukaan laut mengukir,
Bulan purnama sinari bumi
Loïc Degen / 30.3.20
Pantoum / 36
der kirschbaum blüht aus vollem hals
die biene hat heut ziemlich kalt
die fahrt sie bleibt ein traum nach mals
nicht aus dem haus ich bin zu alt
*
die biene hat heut ziemlich kalt
coronavirus vor der tür
nicht aus dem haus ich bin zu alt
ich frag mich was kann ich dafür
*
coronavirus vor der tür
ich schliesse mich zuhause ein
ich frag mich was kann ich dafür
und schenke mir den wein allein
*
ich schliesse mich zuhause ein
ich bin schon lange nicht mehr froh
und schenke mir den wein allein
ich kann nicht mal mehr in den zoo
*
ich bin schon lange nicht mehr froh
das zelt ist gross vom zirkus knie
ich kann nicht mal mehr in den zoo
so deprimiert war ich noch nie
*
das zelt ist gross vom zirkus knie
der mensch tagtäglich trinkt kultur
so deprimiert war ich noch nie
wer dreht an meiner lebensuhr
*
der mensch tagtäglich trinkt kultur
die fahrt sie bleibt ein traum nach mals
wer dreht an meiner lebensuhr
der kirschbaum blüht aus vollem hals
Gerold Ehrsam / 30.3.20
Pantoum / 35
Au salon l’enfant joue aux dominos
Des giboulées nous glaceront ce soir
Certaines musclent leurs abdominaux
S’accrochent aux paupières les espoirs
*
Des giboulées nous glaceront ce soir
Combien de temps tout ceci durera ?
S’accrochent aux paupières les espoirs
J’aimerais te serrer entre mes bras
*
Combien de temps tout ceci durera ?
Quels maux encore allons-nous découvrir ?
J’aimerais te serrer entre mes bras
De caresses, de baisers te couvrir
*
Quels maux encore allons-nous découvrir ?
Inventer plutôt une langue à soi
De caresses, de baisers te couvrir
Sans penser que c’est la dernière fois
*
Inventer plutôt une langue à soi
Charmer les poumons comme des serpents
Sans penser que c’est la dernière fois
Faire partout tourbillonner le vent
*
Charmer les poumons comme des serpents
Soutenir en pensées ceux qui soignent
Faire partout tourbillonner le vent
Et zou ! Que le cauchemar s’éloigne
*
Soutenir en pensées ceux qui soignent
Rester chez soi : encore ce motto
Et zou ! Que le cauchemar s’éloigne
Au salon l’enfant joue aux dominos
Odile Cornuz / 29.3.20
Pantoum / 34
Mais à quoi donc sert la forme ?
A pouvoir dire l’expérience ?
Venir à bout d’un vide énorme ?
Et y nommer chaque nuance ?
*
A pouvoir dire l’expérience ?
Où s’arrête l’honnêteté ?
Et y nommer chaque nuance ?
Dans mes cellules calfeutrées ?
*
Où s’arrête l’honnêteté ?
Quand les larmes s’avancent pour dire
Dans mes cellules calfeutrées ?
Parlez plus fort : on doit s’enfuir
*
Quand les larmes s’avancent pour dire
Que nous apporte une rencontre ?
Parlez plus fort : on doit s’enfuir
De quoi va-t-elle à l’encontre ?
*
Que nous apporte une rencontre ?
Dans tout le corps un mégaphone
De quoi va-t-elle à l’encontre ?
Mon système vocal est aphone
*
Dans tout le corps un mégaphone
Contradictions mystérieuses
Mon système vocal est aphone
Quelques minutes malicieuses
*
Contradictions mystérieuses
Est-ce pour oublier la mort ?
Quelques minutes malicieuses
On avait envie d’être dehors
*
Est-ce pour oublier la mort ?
A quand des histoires hors normes ?
On avait envie d’être dehors
Mais à quoi donc sert la forme ?
Orélie Fuchs / 29.3.20
Pantoum / 33
Mais que fait Paul ? Où est Lola ?
Elisa me répondra-t-elle ?
Martin vivrait en Angola
Où sont Malika et Adèle ?
Elisa me répondra-t-elle ?
Pas de fièvre m’écrit Lili
Où sont Malika et Adèle ?
Personne n’a revu Ali
Pas de fièvre m’écrit Lili
As-tu des nouvelles de Sam ?
Personne n’a revu Ali
Que font Léa, Tommy et Liam ?
As-tu des nouvelles de Sam ?
Emilie a travaillé hier
Que font Léa, Tommy et Liam
Emilie qui est infirmière
Emilie a travaillé hier
Que vivent Luka et Benoît
Emilie qui est infirmière
Deux jours Marc est resté sans voix
Que vivent Luka et Benoît
Et toi et toi comment ça va ?
Deux jours Marc est resté sans voix
Mais où est Paul ? Que fait Lola ?
Gilles Jobin / 29.3.20
Pantoum / 32
Soixante cinq ans depuis quelques mois
Des gens à risque, moi j’en fais partie
Sans certitudes j’observe pantois
Les dégâts des boules aux crochets serties
Des gens à risque, moi j’en fais partie
Le souffle court je voudrais l’éviter
Les dégâts des boules aux crochets serties
Esquiver leur morbide avidité
Le souffle court je voudrais l’éviter
A deux s’évader et fuir le quartier
Esquiver leur morbide avidité
Te prendre par la main par un sentier
A deux s’évader et fuir le quartier
Enjamber l’herbe saupoudrée de givre
Te prendre par la main par un sentier
Percer la brume pour se sentir vivre
Enjamber l’herbe saupoudrée de givre
Fauve galbe évanescent d’un chevreuil
Percer la brume pour se sentir vivre
S’émerveiller de l’envol d’un bouvreuil
Fauve galbe évanescent d’un chevreuil
Avec toi fuir les sinistres rumeurs
S’émerveiller de l’envol d’un bouvreuil
Se dérober un instant à la peur
Avec toi fuir les sinistres rumeurs
D’un sapin mâchouiller l’âpre bourgeon
Se dérober un instant à la peur
Saisir les bouquets dans mes vieux poumons
D’un sapin mâchouiller l’âpre bourgeon
De ces saveurs, vaporeuses effluences
Saisir les bouquets dans mes vieux poumons
Retarder les malsaines turbulences
De ces saveurs, vaporeuses effluences
Percevoir la vigueur de la nature
Retarder les malsaines turbulences
Non au mauvais génie sa signature
Percevoir la vigueur de la nature
Puiser sa force dans son lopin
Non au mauvais génie sa signature
Décrocher ses fétides lambrequins
Bruno Baschung / 29.3.20
Pantoum / 31
Printemps pandémique, printemps mousquetaire
L’invasion, l’angoisse, comment conjurer
L’horloge est ternie et chacun se terre
Caverne ou palais – chez soi demeurer
L’invasion, l’angoisse, comment conjurer
Le soir aux balcons, regard aux voisins
Caverne ou palais – chez soi demeurer
Fermer restaurants, fermer magasins
Le soir aux balcons, regard aux voisins
On applaudira les gestes poignants
Fermer restaurants, fermer magasins
Quand rien ne remplace les soins des soignants
On applaudira les gestes poignants
On patiente, on lit, de New York à Naples
Quand rien ne remplace les soins des soignants
On nourrit la toile, de Bonn à Pompaples…
Patrice Duret / 29.3.20
Pantoum / 30
Aujourd’hui les saules pleurent de vert
S’instaurent du neuf et de l’inédit
Fleurissent diverses primevères
Tout ira bien, ma voisine le dit
*
S’instaurent du neuf et de l’inédit
Je détaille la plume d’un cygne
Tout ira bien, ma voisine le dit
Nous voici, traquant le moindre signe
*
Je détaille la plume d’un cygne
Les bus roulent tous comme un dimanche
Nous voici, traquant le moindre signe
Les pinsons pépient sur les branches
*
Les bus roulent tous comme un dimanche
Que dirais-tu de jouer à ce jeu ?
Les pinsons pépient sur les branches
De cette crise quels sont les enjeux ?
*
Que dirais-tu de jouer à ce jeu ?
Qui serait de dire ni oui ni non
De cette crise quels sont les enjeux ?
Envahir de soleil tous les poumons
*
Qui serait de dire ni oui ni non
De garder l’essentiel au ralenti
Envahir de soleil tous les poumons
Inventer d’autres formes pour la vie
*
De garder l’essentiel au ralenti
Et par tous les temps yeux et cœur ouverts
Inventer d’autres formes pour la vie
Aujourd’hui les saules pleurent de vert
Odile Cornuz / 28.3.20
Pantoum / 29
Au magasin, une danse étrange
Nulle farine, plus de levure
On se concentre : qu’est-ce qu’on mange ?
Certains envisagent la biture
*
Nulle farine, plus de levure
Dans l’après-midi le ciel s’est voilé
Certains envisagent la biture
Un whisky coca sur glace pilée
*
Dans l’après-midi le ciel s’est voilé
On dépasse en Suisse les deux cents morts
Un whisky coca sur glace pilée
Y trouverait-on du goût encore ?
*
On dépasse en Suisse les deux cents morts
Jamais livreurs n’étaient si courtisés
Y trouverait-on du goût encore ?
Ces tonnes de denrées, là, empilées
*
Jamais livreurs n’étaient si courtisés
Qui fera donc les récoltes aux champs ?
Ces tonnes de denrées, là, empilées
Pour certains poumons : dépôt de bilan
*
Qui fera donc les récoltes aux champs ?
Voir ce monde ployer n’est pas drôle
Pour certains poumons : dépôt de bilan
Faudra redistribuer les rôles…
*
Voir ce monde ployer n’est pas drôle
Hé ! Le voici bleu comme une orange
Faudra redistribuer les rôles…
Au magasin une danse étrange
Odile Cornuz / 27.3.20
Pantoum / 28
Dans un moulin mes pensées me tourmentent
Dans le chariot à commissions je pleure
Dans mon jardin quelques fruits fermentent
Dans ton corps je connais toutes les fleurs
*
Dans le chariot à commissions je pleure
Je l’entends le chant des oiseaux nains
Dans ton corps je connais toutes les fleurs
Je les entends les cris des petites mains
*
Je l’entends le chant des oiseaux nains
Je pense à toutes les fois où j’ai vécu
Je les entends les cris des petites mains
Tous les bonheurs souriants, imprévus
*
Je pense à toutes les fois où j’ai vécu
Enfants pour qui un parent disparaît
Tous les bonheurs souriants, imprévus
Petites mains que je reconnais
*
Enfants pour qui un parent disparaît
Même s’ils sauront parler aux grenouilles
Petites mains que je reconnais
Dans les nuages toujours leurs yeux fouillent
*
Même s’ils sauront parler aux grenouilles
Tu as deux ans j’envie ta légèreté
Dans les nuages toujours leurs yeux fouillent
Te dire plus tard qu’personne ne l’a sauvé
*
Tu as deux ans j’admire ta légèreté
Sur mon chariot je suis mise à mort
Te dire plus tard qu’personne ne l’a sauvé
Dans tes yeux pourtant c’est fou c’est si fort
*
Sur mon chariot je suis mise à mort
Certains jours je trouve en guise d’obstacle
Dans tes yeux pourtant c’est fou c’est si fort
Ma tête embrouillée mise dans un grand sac
*
Certains jours je trouve en guise d’obstacle
Minutes qui passent minutes qui mentent
Ma tête embrouillée mise dans un grand sac
Dans un moulin mes pensées me tourmentent
Orélie Fuchs / 27.3.20
Pantoum / 27
Laissons voler les oiseaux tout là-haut
Laissons la nature reprendre ses droits
Considérons nos limites et nos défauts
De toute façon avons-nous le choix ?
*
Laissons la nature reprendre ses droits
Face à nous : une grande remise à l’ordre
De toute façon avons-nous le choix
Devant cette bouche prête à nous mordre ?
*
Face à nous : une grande remise à l’ordre
Avons-nous ainsi trouvé nos maîtres ?
Devant cette bouche prête à nous mordre,
Changeons les règles pour un futur bien-être
*
Avons-nous ainsi trouvé nos maîtres ?
Le monde agonisant crie sa détresse
Changeons les règles pour un futur bien-être
Richesses riment désormais avec bassesse
*
Le monde agonisant crie sa détresse
Pollution, dégradations, misère humaine,
Richesses riment désormais avec bassesse
Quête folle signifie quête vaine
*
Pollution, dégradations, misère humaine
Rendons à Mère Nature ce qui est dû
Quête folle signifie quête vaine
Retournons à l’essentiel, sans abus
*
Rendons à Mère Nature ce qui est dû
Que coule à nouveau l’or pur des ruisseaux
Retournons à l’essentiel sans abus
Laissons voler les oiseaux tout là-haut
Manuela Gay-Crosier / 27.3.20
Pantoum / 26
Faire comme si ça n’existait pas
La tête ailleurs – haut vers les étoiles
Déguster un amour neuf – le voilà
Large comme au cinéma la toile
*
La tête ailleurs – haut vers les étoiles
Pourtant au compteur les morts défilent
Large comme au cinéma la toile
Concilier les mondes ? Pas facile
*
Pourtant au compteur les morts défilent
Elle enfle, l’angoisse planétaire
Concilier les mondes ? Pas facile
Tandis que chacun chez soi se terre
*
Elle enfle, l’angoisse planétaire
Et le grèbe s’en fout, lui : il plonge
Tandis que chacun chez soi se terre
S’échappe peut-être par les songes
*
Et le grèbe s’en fout, lui : il plonge
A l’air des poumons s’accrochent : reste !
S’échappe peut-être par les songes
Oui, notre siècle connaît sa peste
*
A l’air des poumons s’accrochent : reste !
Certains hackers prennent ça pour un jeu
Oui, notre siècle connaît sa peste
Ici et là, pourrait-on être heureux ?
*
Certains hackers prennent ça pour un jeu
On avancerait ainsi, pas à pas ?
Ici et là, pourrait-on être heureux ?
Faire comme si ça n’existait pas
Odile Cornuz / 26.3.20
Pantoum / 25
Le vent vient de se présenter
Il choisit toutes les senteurs
Les miasmes vont se disperser
Mais il nous apporte la peur
Il choisit toutes les senteurs
Du sable et plein de soleil
Mais il nous apporte la peur
Nous ne serons jamais pareils
Du sable et plein de soleil
Tout a changé dès aujourd’hui
Nous ne serons jamais pareils
Pourquoi avoir peur de la nuit
Tout a changé dès aujourd’hui
Notre beau ciel a disparu
Pourquoi avoir peur de la nuit
Même si la mort s’est montrée nue
Notre beau ciel a disparu
Mais l’espoir restera un miroir
Même si la mort s’est montrée nue
Demain, elle ne sera plus noire
Mais l’espoir restera un miroir
Chacun de nous aura sa chance
Demain, elle ne sera plus noire
Et nous finirons par des danses
Chacun de nous aura sa chance
Les miasmes vont se disperser
Et nous finirons par des danses
Le vent vient de se présenter
Remy Degen / 26.3.20
Pantoum / 24
enfermé dans sa cabane
la porte bien fermée à clé
au loin passe la caravane
transport de moult sacs de blé
*
la porte bien fermée à clé
va pense c’est un grand défi
transport de moult sacs de blé
si seulement j’avais mon képi
*
va pense c’est un grand défi
je n’ veux pas être en retard
si seulement j’avais mon képi
et puis où trouver du bon lard
*
je n’veux pas être en retard
on entend déjà le hibou
et puis où trouver du bon lard
je mange rarement du chou
*
on entend déjà le hibou
il chasse même le pervers
je mange rarement du chou
qui préfère à la prose le vers
*
il chasse même le pervers
regarde l’heure il est tard
qui préfère à la prose le vers
il n’est pas dupe le renard
*
regarde l’heure il est tard
au loin passe la caravane
il n’est pas dupe le renard
enfermé dans sa cabane
Gerold Ehrsam / 26.3.20
Pantoum / 23
On aimerait tant se revoir
pouvoir se prendre dans les bras
se toucher s’embrasser, se voir
mais désormais on ne peut pas.
*
Pouvoir se prendre dans les bras
se parler entre quatre yeux
mais désormais on ne peut pas
ça va rester un ardent vœu.
*
Se parler entre quatre yeux
se dire bonjour ou salut
ça va rester un ardent vœu
mais désormais on ne peut plus.
*
Se dire bonjour ou salut
ou juste se dire au revoir
mais désormais on ne peut plus
il faut tout miser sur l’espoir
*
ou juste se dire au revoir.
Une coutume devient vœu
il faut tout miser sur l’espoir
pourvu qu’il n’y ait pas d’adieu.
*
Une coutume devient vœu
besoin, envie et même salut
pourvu qu’il n’y ait pas d’adieu
dans cette vie de reclus.
*
Besoin, envie et même salut
faim de vie et faim d’espoir.
Dans cette vie de reclus
on aimerait tant se revoir.
Walter Rosselli / 26.3.20
Pantoum / 22
Sur l’agenda papier tout est tracé
Festivités et rendez-vous – holà
D’autres listes sont alors griffonnées
Dispositions anticipées : voilà
*
Festivités et rendez-vous – holà
Que se passera-t-il après ma mort ?
Dispositions anticipées : voilà
Et vous, que feriez-vous de votre corps ?
*
Que se passera-t-il après ma mort ?
Les cerisiers seront bientôt en fleurs
Et vous, que feriez-vous de votre corps ?
Comment faudrait-il retenir les pleurs ?
*
Les cerisiers seront bientôt en fleurs
L’enfant résout un problème de maths
Comment faudrait-il retenir les pleurs ?
Eh quoi ! Ce serait donc échec et mat ?
*
L’enfant résout un problème de maths
Aplatir des courbes, bon sang, c’est dur !
Eh quoi ! Ce serait donc échec et mat ?
L’air des poumons de mon rêve était pur
*
Aplatir des courbes, bon sang, c’est dur !
Que pullulent les messages d’espoir !
L’air des poumons de mon rêve était pur
Remuez vos idées et vos tiroirs !
*
Que pullulent les messages d’espoir !
Courage à ceux qui doivent nous soigner
Remuez vos idées et vos tiroirs !
Sur l’agenda papier tout est tracé
Odile Cornuz / 25.3.20
Pantoum/ 21
Le mur de la cuisine est recouvert
J’ai craqué il y’a des dessins partout
Et nos enfants n’en ont pas trop souffert
Ils ont ajouté des tracés papous
*
J’ai craqué il y’a des dessins partout
Même sur la commode en acajou
Ils ont ajouté des tracés papous
Et leur papa invente un haïku
*
Même sur la commode en acajou
Heureusement qu’on l’a notre bazou !
Et leur papa invente un haïku
Son français est canadien du Poitou
*
Heureusement qu’on l’a notre bazou !
Et là on a un sacré bon atout
Son français est canadien du Poitou
On invente une langue, on est zoulous
*
Et là on a un sacré bon atout
On peine à oublier qu’y’en a qu’ont la toux
On invente une langue, on est zoulous
Y’a pas d’frontières c’est l’infini bagout
*
On peine à oublier qu’y’en a qu’ont la toux
On est pris mais là c’est ouvert : verrou?
Y’a pas d’frontières c’est l’infini bagout
On devrait peut-être creuser un grand trou
*
On est pris mais là c’est ouvert : verrou?
Un trou pour voir le cœur de la terre
On devrait peut-être creuser un grand trou
Le mur de la cuisine est recouvert
Orélie Fuchs/ 25.3.20
Pantoum / 20
Boire l’apéro comme si de rien n’était
Pas de souci la cave est bien fournie
On peut tenir sans doute jusqu’à l’été
Mais que faire de cette nouvelle vie
Pas de souci la cave est bien fournie
Ecouter des polyphonies corses
Mais que faire de cette nouvelle vie
Cette musique me remplit le torse
Ecouter des polyphonies corses
En faisant marcher le balai brosse
Cette musique me remplit le torse
Frotter briquer éloigne les féroces
En faisant marcher le balai brosse
Soleil couchant état d’âme en attente
Frotter briquer éloigne les féroces
Merle chantant contraste de détente
Soleil couchant état d’âme en attente
Un signe un geste pour aller vers l’espoir
Merle chantant contraste de détente
Un verre à distance pour sortir du noir
Un signe un geste pour aller vers l’espoir
Des tâches pour ne pas réfléchir penser
Un verre à distance pour sortir du noir
Tout faire pour tenter de s’échapper
Des tâches pour ne pas réfléchir penser
Plonger dans la musique et écouter
Tout faire pour tenter de s’échapper
Boire l’apéro comme si de rien n’était
Nicolette Ostrini / 25.3.20
Pantoum / 19
On a vu la première hirondelle
Des bébés naissent à domicile
Sur les balcons tournent les crécelles
Chez eux les vieux ne bougent pas un cil
*
Des bébés naissent à domicile
Cours en tous genres sont à distance
Chez eux les vieux ne bougent pas un cil
Il faut sortir chercher sa pitance
*
Cours en tous genres sont à distance
Cela me manque de n’embrasser plus
Il faut sortir chercher sa pitance
Certains poumons n’en sont pas revenus
*
Cela me manque de n’embrasser plus
Ce con de virus a eu Dibango
Certains poumons n’en sont pas revenus
Lui qui soufflait si bien dans son saxo
*
Ce con de virus a eu Dibango
Le monde manque de chrysanthèmes
Lui qui soufflait si bien dans son saxo
Rien ne sera du pareil au même
*
Le monde manque de chrysanthèmes
Pourtant le soleil est toujours poudré
Rien ne sera du pareil au même
Et l’avenir de nos enfants, doré ?
*
Pourtant le soleil est toujours poudré
J’aimerais la vie simplement belle
Et l’avenir de nos enfants, doré ?
On a vu la première hirondelle
Odile Cornuz / 24.3.20
Pantoum / 18
Sous la fenêtre dans mes pantoufles
Est-ce un piège ou une énigme ?
Je suis parcourue de souffles
Feu dans le ventre : borborygmes ?
*
Est-ce un piège ou une énigme ?
J’imagine des mots parallèles
Feu dans le ventre : borborygmes ?
Le regard est-il personnel ?
*
J’imagine des mots parallèles
J’appelle les renards ambulants
Le regard est-il personnel ?
J’appelle le rêve, qu’il soit brûlant !
*
J’appelle les renards ambulants
Je laisse revenir les absents
J’appelle le rêve, qu’il soit brûlant !
Je ferme ses yeux de safran
*
Je laisse revenir les absents
Maman j’trouve qu’tu sens l’jambon
Je ferme ses yeux de safran
Et j’imagine qu’suis un bonbon
*
Maman j’trouve qu’tu sens l’jambon
D’ailleurs à propos l’homme est-il bon ?
Et j’imagine qu’suis un bonbon
Que faut-il lire sur les fronts ?
*
D’ailleurs à propos l’homme est-il bon ?
Il paraît qu’il meurt de faim
Que faut-il lire sur les fronts ?
Les fronts d’où s’échappe la fin
*
Il paraît qu’il meurt de faim
Je te serre fort je t’emmitoufle
Les fronts d’où s’échappe la fin
Sous la fenêtre dans mes pantoufles
Orélie Fuchs / 24.3.20
Pantoum / 17
Parasol vert pétant abandonné
Et tout paraît figé au fond de tout
Tapis zébré en teinte citronnée
On n’observe que du vide partout
Et tout paraît figé au fond de tout
Trottoirs espaces et parcs nous désertent
On n’observe que du vide partout
Ambulanciers sans répit en alerte
Trottoirs espaces et parcs nous désertent
Sait-on encor comment se saluer
Ambulanciers sans répit en alerte
On vit de bord en bord éberlué
Sait-on encor comment se saluer
Qui veut aller jouer sur la terrasse
On vit de bord en bord éberlué
Tu vois ce n’est plus que le temps qui passe
Qui veut aller jouer sur la terrasse
Avec qui peut-on à présent parler
Tu vois ce n’est plus que le temps qui passe
Si nos mots ne se font plus que danger
Avec qui peut-on à présent parler
Mes lèvres cachées vos regards inquiets
Si nos mots ne se font plus danger
Douter que la distance nous défait
Mes lèvres cachées vos regards inquiets
Alors écrire ça vous le pouvez
Douter que la distance nous défait
Parasol vert pétant abandonné
Gilles F. Jobin / 24.3.20
Pantoum / 16
On en a vu bien d’autres, dira-t-on,
et si ça recommence on saura bien
user d’intelligence et de raison.
On est paré on n’a plus peur de rien.
Et si ça recommence on saura bien
comment s’y prendre pour en faire façon,
on est paré on n’a plus peur de rien.
Ça fait quand même deux générations.
*
Comment s’y prendre pour en faire façon ?
On avait cru que c’était du passé,
ça fait quand même deux générations,
est-ce étonnant qu’on ait tout oublié ?
*
On avait cru que c’était du passé
et l’on a fait de grands progrès depuis,
est-ce étonnant qu’on ait tout oublié ?
De nos jours nous avons d’autres soucis
*
et l’on a fait de grands progrès depuis,
tout est maîtrisé, suivi, contrôlé.
De nos jours nous avons d’autres soucis :
renouer avec la réalité.
*
Tout est maîtrisé, suivi, contrôlé,
mais revenons les pieds sur terre pour
renouer avec la réalité,
pour nous en sortir de ce mauvais tour.
*
Mais revenons les pieds sur terre pour
retrouver l’équilibre et la mémoire,
pour nous en sortir de ce mauvais tour.
Retrouver le lien avec notre Histoire.
*
Retrouver l’équilibre et la mémoire.
De nous en sortir, nous sommes capables.
Retrouver le lien avec notre Histoire.
L’humanité n’est pas invulnérable.
*
De nous en sortir, nous sommes capables,
pourtant, de nouveau, oubliera-t-on ?
L’humanité n’est pas invulnérable.
On en a vu bien d’autres, dira-t-on.
Walter Rosselli / 24.3.20
Pantoum / 15 (en indonésien)
Di tengah hutan, burung tetap terbang
Kasus pertama di Ambon, sudah
Anak-anak masih berenang
Seperti tidak jauh dari wabah
Kasus pertama di Ambon, sudah
Masyarakat, pagi, ke pasar
Seperti tidak jauh dari wabah
Kenapa tidak ke luar
Masyarakat, pagi, ke pasar
Di bakau seekor buaya
Kenapa tidak ke luar
Mau lihat apakah bahaya
Di bakau seekor buaya
Seperti kupu-kupu
Mau lihat apakah bahaya
Orang-orang agak bisu
Seperti kupu-kupu
Bapak, Ibu, jangan menghalang
Orang-orang agak bisu
Dengar, pikir, kemudian bilang
Bapak, Ibu, jangan menghalang
Dalam laut hiu tertawa
Dengar, pikir, kemudian bilang
Tidak mudah, jangan buta
Dalam laut hiu tertawa
Semoga situasi ini cepat baik
Tidak mudah, jangan buta
Tak bisa hanya memantik
Semoga situasi ini cepat baik
Menjauhi dari penyakit
Tak bisa hanya memantik
Kapan Tanah Air bangkit
Menjauhi dari penyakit
Ayo, ke rumah, pulang
Kapan Tanah Air bangkit
Di tengah hutan, burung tetap terbang
Loïc Degen / 23.3.20
Pantoum / 14
Soixante morts annoncés hier au soir
Ce matin c’est le flip et tout pèse
Même se regarder dans un miroir
Nulle part où je me sente à l’aise
*
Ce matin c’est le flip et tout pèse
Sais-tu comment élargir le présent ?
Nulle part où je me sente à l’aise
Comment secouer ce poids écrasant ?
*
Sais-tu comment élargir le présent ?
Pétrir du pain, peut-être, l’essentiel
Comment secouer ce poids écrasant ?
Sortir les graines de l’escarcelle
*
Pétrir du pain, peut-être, l’essentiel
Fredonner toujours « Déjeuner en paix »
Sortir les graines de l’escarcelle
Calmer les tremblements et leurs effets
*
Fredonner toujours « Déjeuner en paix »
Faire et défaire une moto Lego
Calmer les tremblements et leurs effets
Crier « y’en a marre ! » tout de go
*
Faire et défaire une moto Lego
S’asseoir, se lever, s’asseoir, se lever
Crier « y’en a marre ! » tout de go
Dessiner des poumons ensorcelés
*
S’asseoir, se lever, s’asseoir, se lever
Arrête, moineau, de broyer du noir !
Hop : ouvre les yeux, bras et pensées
Soixante morts annoncés hier au soir
Odile Cornuz / 23.3.20
Pantoum / 13
Vaincre la mort pour l’infini
Transhumanistes des technosciences
On vit pourtant l’épidémie
En prise avec notre patience
*
Transhumanistes des technosciences
C’est l’air qui manque à plein poumon
En prise avec notre patience
Qu’a-t-elle donc pu, votre raison?
*
C’est l’air qui manque à plein poumon
La toux se mêle aux chants d’oiseaux
Qu’a-t-elle donc pu, votre raison
La volonté en oripeau
*
La toux se mêle aux chants d’oiseaux
Et ton visage est à l’écran
La volonté en oripeau
Je me demande si j’aurai l’cran
*
Et ton visage est à l’écran
J’me dis c’est pas pour toute la vie
Je me demande si j’aurai l’cran
Je dis à demain, Téléphonie
*
J’me dis c’est pas pour toute la vie
Qu’on aime quelqu’un avec ivresse
Je dis à demain, Téléphonie
Je t’envoie toute ma tendresse
*
Qu’on aime quelqu’un avec ivresse
C’est un virus qui vous l’a dit
Je t’envoie toute ma tendresse
Vaincre la mort, c’est pas fini
Mélisende Navarre / 23.3.20
Pantoum / 12
Garder ses amis malgré la distance
Des horaires et des habitudes à prendre
Voilà un drôle de souvenir d’enfance
Nouvelle période, nouvelle manière d’apprendre
*
Des horaires et des habitudes à prendre
Plus de temps passé les cinq en famille
Nouvelle période, nouvelle manière d’apprendre
Les émotions changent, tournent comme des toupies
*
Plus de temps passé les cinq en famille
Profiter de tout ce qui nous entoure
Les émotions changent, tournent comme des toupies
Dans son sac la nature a plus d’un tour
*
Profiter de tout ce qui nous entoure
Prendre des nouvelles, appeler nos proches
Dans son sac la nature a plus d’un tour
Trouver plein d’astuces dans sa p’tite caboche
*
Prendre des nouvelles, appeler nos proches
Tout est prétexte à envoyer des mails
Trouver plein d’astuces dans sa p’tite caboche
Pour garder nos cœurs avec leurs deux ailes
*
Tout est prétexte à envoyer des mails
La télé-école est une expérience
Pour garder nos cœurs avec leurs deux ailes
Garder ses amis malgré la distance
Tessa Panza / 23.3.20
Pantoum / 11
Des millions de personnes confinées
Un enfant dessine un raton-laveur
Des centaines de poumons intubés
Tiens je pourrais passer l’aspirateur
*
Un enfant dessine un raton-laveur
Des piles de livres sont à lire
Tiens je pourrais passer l’aspirateur
Moins ou plus ou plus ou moins à dire
*
Des piles de livres sont à lire
S’électrise la santé mentale
Moins ou plus ou plus ou moins à dire
L’incertitude nous rend bancale
*
S’électrise la santé mentale
Plus ou moins ou moins ou plus à faire
L’incertitude nous rend bancale
L’hôpital baigne en pleine lumière
*
Plus ou moins ou moins ou plus à faire
Générations en équilibre – oui
L’hôpital baigne en pleine lumière
Certaines se battent fort pour la vie
*
Générations en équilibre – oui
Cette crise serait opportune ?
Certaines se battent fort pour la vie
Envie de s’envoler pour la lune
*
Cette crise serait opportune ?
Je ne rejoins mes proches qu’en pensées
Envie de s’envoler pour la lune
Des millions de personnes confinées
Odile Cornuz / 22.3.20
(presque) Pantoum / 10
G u i t a r e
S a x o
V i o l o n
H a u t b o i s
*
S a x o
M e z z o
H a u t b o i s
A l t o
*
M e z z o
T e n o r
A l t o
S o p r a n e
*
T e n o r
D o l c e
S o p r a n e
F o r t e
*
D o l c e
P r e s t o
F o r t e
L a r g o
*
P r e s t o
S a l s a
L a r g o
R e g g a e
*
S a l s a
T r i o
R e g g a e
D u o
*
T r i o
J a z z e r
D u o
C h a n t e r
*
J a z z e r
S u r v i v r e
C h a n t e r
R e v i v r e
Gilles F. Jobin / 22.3.20
Pantoum / 9
On pensait pas y arriver
À freiner ainsi des deux pieds
La vie reprend dans la nature
Tant qu’on se terre sous nos toitures
*
À freiner ainsi des deux pieds
À plus pouvoir tergiverser
Tant qu’on se terre sous nos toitures
Le monde respire un air plus pur
*
À plus pouvoir tergiverser
On va apprendre à s’entraider
Le monde respire un air plus pur
Une rude épreuve pour nos structures
*
On va apprendre à s’entraider
Faut revoir nos priorités
Une rude épreuve pour nos structures
On sait ce que chacun endure
*
Faut revoir nos priorités
Si ça nous rendait plus mature
On sait ce que chacun endure
On pensait pas y arriver
Sabine Dormond / 22.3.20
Pantoum / 8
La ville comme un Monopoly
Où y’a plus grand chose à jouer
Sauf peut-être vraiment la vie
A neuf heures pile lancer de bouées
*
Où y’a plus grand chose à jouer
On compte sur nos mains tous nos plis
A neuf heures pile lancer de bouées
Et toutes nos billes vers l’infini
*
On compte sur nos mains tous nos plis
Dans le quatre pièces qu’on a loué
Et toutes nos billes vers l’infini
On se s’rait cru à la télé
*
Dans le quatre pièces qu’on a loué
J’ai cru qu’on s’était envolé
La lumière crue avait joué
On était tout auréolé
*
J’ai cru qu’on s’était envolé
On était grives et étourneaux
On était tout auréolé
Et j’ai pensé à un radeau
*
On était grives et étourneaux
On lançait des « Et toi, ça va ? »
Et j’ai pensé à un radeau
Je n’aurais pas cru être là
*
On lançait des « Et toi, ça va ? »
Dans les quatre murs des hôpitaux
Je n’aurais pas cru être là
Parfois sont noirs les rideaux
*
Dans les quatre murs des hôpitaux
Le docteur matait nos gâteaux
Parfois sont noirs les rideaux
J’ai bien pensé à ce tableau
*
Le docteur matait nos gâteaux
Après deux temps c’était la nuit
J’ai bien pensé à un tableau
La ville comme un Monopoly
Orélie Fuchs / 21.3.20
Pantoum / 8 bis
La ville comme un Monopoly
Où y’a plus grand chose à jouer
Sauf peut-être vraiment la vie
A neuf heures pile lancé de bouées
*
Dans le quatre pièces qu’on a loué
On compte sur nos mains tous nos plis
On y voyage, on fait rouler
Toutes nos billes vers l’infini
*
Un jour j’ai sorti l’bikini
J’ai même pris le Ukulélé
Et alors là qu’est c’qu’on a ri
On s’est presque cru à la télé
*
On a pleuré on s’est souri
J’ai cru qu’on s’était envolé
Après deux temps c’était la nuit
Elle était tout auréolée
*
Le bonheur on l’a pas volé
Mais le matin on ressemblait
On n’a pas vraiment rigolé
A des oiseaux pris dans l’filet
*
Alors tout le monde m’a dit s’te’plaît
Fais-nous mille crêpes à gogo
Et quand les ventres étaient replets
On a trouvé ça rigolo
*
De tout poser dans l’lavabo
De penser que dans le frigo
C’est le docteur qui f’sait le beau
A mater là tous nos gâteaux
*
Car de l’autre côté du tableau
Dans les quatre murs des hôpitaux
Sans l’réconfort de leurs marmots
Parfois sont noirs les rideaux
*
Alors pour voir encore le beau
En cuisant les crêpes je m’évade
La cuillère en bois pas malade
Y’a le docteur dans le frigo
Orélie Fuchs / 21.3.20
Pantoum / 7
Pas plus de cinq dans l’espace public
Une cigogne ne fait que passer
L’exponentielle courbe statistique
Des graphiques t’affolent, monde entier
*
Une cigogne ne fait que passer
Rester chez soi serait donc l’antidote
Des graphiques t’affolent, monde entier
Tu te sens planquée comme une idiote
*
Rester chez soi serait donc l’antidote
Divers gags vidéo se diffusent
Tu te sens planquée comme une idiote
Tandis que ta tasse de thé infuse
*
Divers gags vidéo se diffusent
A tue-tête ça chante à tous balcons
Tandis que ta tasse de thé infuse
Tu aimerais en faire plus, c’est con
*
A tue-tête ça chante à tous balcons
Règle de distance : deux mètres, oui
Tu aimerais en faire plus, c’est con
Certains poumons se voient d’eau envahis
*
Règle de distance : deux mètres, oui
L’héroïsme change de texture
Certains poumons se voient d’eau envahis
Les floraisons égaient la nature
*
L’héroïsme change de texture
Ne pas céder, please, à la panique
Les floraisons égaient la nature
Pas plus de cinq dans l’espace public
Odile Cornuz / 21.3.20
Pantoum / 6
Applaudissements, sOUFfle d’humanité
Sauver, maintenir le lien, à distance
Loin, les va-et-vient, vie de la cité
Parenthèse miens&autosuffisance
*
Sauver, maintenir le lien, à distance
En temps troublés, brouillard sur les réseaux
Parenthèse miens&autosuffisance
Par la fenêtre on apprend les oiseaux
*
En temps troublés, brouillard sur les réseaux
En attente, les mots dans les limbes perdus
Par la fenêtre on apprend les oiseaux
Bon sang de bois j’ai bien été mordue !
*
En attente, les mots dans les limbes perdus
Souci légitime de souffrir l’oubli
Bon sang de bois j’ai bien été mordue !
Âpre sentiment que celui de l’ennui
*
Souci légitime de souffrir l’oubli
Repères incertains, terre meuble sous nos pieds
Âpre sentiment que celui de l’ennui
Nouvelle perception, sens renouvelés
*
Repères incertains, terre meuble sous nos pieds
Bouée, main courante, embrasse mes parents
Nouvelle perception, sens renouvelés
Maintenir le lien, ici, maintenant
*
Bouée, main courante, embrasse mes parents
En première ligne d’un printemps échoué
Maintenir le lien, ici, maintenant
Applaudissements, sOUFfle d’humanité
Florence Panza / 21.3.20
Pantoum / 5
Tout début commence par une fin
ta mort, ma vie, dit le prédateur
fin des haricots, début de la faim
fin de la proie, début des malheurs.
*
Ta mort, ma vie, dit le prédateur
ce n’est pas un choix, la mort ou la vie
fin de la proie, début des malheurs
la réalité : la bourse et la vie.
*
Ce n’est pas un choix, la mort ou la vie
garde ma bourse mais rends-moi ma vie
la réalité : la bourse et la vie
garde ta bourse, tu rendras ta vie.
*
Garde ma bourse mais rends-moi ma vie
de toute fin naît un nouveau début
garde ta bourse, tu rendras ta vie
ce sera la fin sans plus de début.
*
De toute fin naît un nouveau début
garde ta bourse, tu rendras ta vie
ce sera la fin sans plus de début
garde ma bourse mais rends-moi ma vie
*
Garde ta bourse, tu rendras ta vie.
la réalité : la bourse et la vie
garde ma bourse mais rends-moi ma vie
ce n’est pas un choix, la mort ou la vie.
*
La réalité : la bourse et la vie
fin de la proie, début des malheurs
ce n’est pas un choix, la mort ou la vie
ta mort, ma vie, dit le prédateur.
*
Fin de la proie, début des malheurs
fin des haricots, début de la faim
ta mort, ma vie, dit le prédateur.
Tout début commence par une fin.
Walter Rosselli / 21.3.20
Pantoum / 4
Respirer. C’est par là que tout commence.
Après avoir parasité une vie
le nouveau-né sort à l’air et se lance
dans un nouveau processus de survie.
*
Après avoir parasité une vie
le parasite cherche un nouvel hôte.
Dans un nouveau processus de survie
il le met à son profit, le ligote.
*
Le parasite cherche un nouvel hôte
afin d’aller et se multiplier
il le met à son profit, le ligote
qu’importe l’autre, il faut surtout gagner.
*
Afin d’aller et se multiplier
la Terre mère tombe dans l’oubli
qu’importe l’autre, il faut surtout gagner
le parasite veut chacun pour lui.
*
La Terre mère tombe dans l’oubli
elle surchauffe, elle étouffe, agonise
le parasite veut chacun pour lui
sauver la planète ou sauver sa mise ?
*
Elle surchauffe, elle étouffe, agonise
intoxiquée, exploitée, oubliée
sauver la planète ou sauver sa mise ?
N’aurait-elle pas le droit de respirer ?
*
Intoxiquée, exploitée, oubliée
la Terre mère de toute naissance
n’aurait-elle pas le droit de respirer ?
Respirer. C’est par là que tout commence.
Walter Rosselli / 21.3.20
Pantoum / 3
Nous vivons tous un étrange printemps
Des enterrements sur le mode express
Les pollens se déploient au gré des vents
Hormis le sauve-qui-peut, rien ne presse
*
Des enterrements sur le mode express
Les oiseaux pépient comme jamais
Hormis le sauve-qui-peut, rien ne presse
Nulle strie au ciel – non : plus aucun trait
*
Les oiseaux pépient comme jamais
Le monde en bascule, quel vertige
Nulle strie au ciel – non : plus aucun trait
De la terre se hissent des tiges
*
Le monde en bascule, quel vertige
Ta voix au téléphone m’apaise
De la terre se hissent des tiges
Que rien sur tes paupières ne pèse
*
Ta voix au téléphone m’apaise
Et nos fragilités se révèlent
Que rien sur tes paupières ne pèse
Pour certains poumons le sort est cruel
*
Et nos fragilités se révèlent
Qui donc n’aurait plus de quoi se torcher ?
Pour certains poumons le sort est cruel
Humez plutôt les solidarités
*
Qui donc n’aurait plus de quoi se torcher ?
Aurait-on mis notre terre à l’encan ?
Humez plutôt les solidarités
Nous vivons tous un étrange printemps
Odile Cornuz / 20.3.20
Pantoum / 2
Une coccinelle sur mon pied droit
Des morts dont on ne précise plus l’âge
Une enfant lance à l’eau des galets plats
Des appels répétés à être sages
*
Des morts dont on ne précise plus l’âge
Les cygnes en rut font claquer leurs ailes
Des appels répétés à être sages
On ne trouve plus de ce fameux gel
*
Les cygnes en rut font claquer leurs ailes
Ça flippe dans les bourses planétaires
On ne trouve plus de ce fameux gel
Dans certains poumons se raréfie l’air
*
Ça flippe dans les bourses planétaires
J’aimerais rire sans penser à rien
Dans certains poumons se raréfie l’air
Comment durablement créer du lien ?
*
J’aimerais rire sans penser à rien
D’aucuns hurlent : complot universel !
Comment durablement créer du lien ?
Pensant que quelqu’un tire des ficelles
*
D’aucuns hurlent : complot universel !
Certains promènent le chien du voisin
Pensant que quelqu’un tire des ficelles
Et le bout du tunnel, est-il si loin ?
*
Certains promènent le chien du voisin
Dans les cœurs affleure le désarroi
Et le bout du tunnel, est-il si loin ?
Une coccinelle sur mon pied droit
Odile Cornuz / 19.3.20
Pantoum / 1
Là sous mes yeux circulent des vivants
L’invisible remue certains poumons
Le calme règne pour qui a le temps
Des soignants s’épuisent, nous nous pâmons
*
L’invisible remue certains poumons
Les symboles et moi sommes déployés
Des soignants s’épuisent, nous nous pâmons
Quel choix de signes interpréter ?
*
Les symboles et moi sommes déployés
Toutes rumeurs circulent à foison
Quel choix de signes interpréter ?
Chacun ici pourrait perdre raison
*
Toutes rumeurs circulent à foison
J’aimerais glisser ma main dans la tienne
Chacun ici pourrait perdre raison
Que l’insouciance du toucher revienne
*
J’aimerais glisser ma main dans la tienne
Le printemps se pointe, bien peu farouche
Que l’insouciance du toucher revienne
Et le mot courage occupe les bouches
*
Le printemps se pointe, bien peu farouche
Je puise au fond de la sérénité
Et le mot courage occupe les bouches
Les pensées fusent dans la cité
*
Je puise au fond de la sérénité
Visant ce qui est – ou non – important
Les pensées fusent dans la cité
Là sous mes yeux circulent des vivants
Odile Cornuz / 18.3.20
Une coccinelle sur mon pied droit
Des morts dont on ne précise plus l’âge
Une enfant lance à l’eau des galets plats
Des appels répétés à être sages
Des morts dont on ne précise plus l’âge
Les cygnes en rut font claquer leurs ailes
Des appels répétés à être sages
On ne trouve plus de ce fameux gel
Les cygnes en rut font claquer leurs ailes
Ça flippe dans les bourses planétaires
On ne trouve plus de ce fameux gel
Dans certains poumons se raréfie l’air
Ça flippe dans les bourses planétaires
J’aimerais rire sans penser à rien
Dans certains poumons se raréfie l’air
Comment durablement créer du lien ?
J’aimerais rire sans penser à rien
D’aucuns hurlent : complot universel !
Comment durablement créer du lien ?
Pensant que quelqu’un tire des ficelles
D’aucuns hurlent : complot universel !
Certains promènent le chien du voisin
Pensant que quelqu’un tire des ficelles
Et le bout du tunnel, est-il si loin ?
Certains promènent le chien du voisin
Dans les cœurs affleure le désarroi
Et le bout du tunnel, est-il si loin ?
Une coccinelle sur mon pied droit
Odile Cornuz / 19.3.20
Là sous mes yeux circulent des vivants
L’invisible remue certains poumons
Le calme règne pour qui a le temps
Des soignants s’épuisent, nous nous pâmons
L’invisible remue certains poumons
Les symboles et moi sommes déployés
Des soignants s’épuisent, nous nous pâmons
Quel choix de signes interpréter ?
Les symboles et moi sommes déployés
Toutes rumeurs circulent à foison
Quel choix de signes interpréter ?
Chacun ici pourrait perdre raison
Toutes rumeurs circulent à foison
J’aimerais glisser ma main dans la tienne
Chacun ici pourrait perdre raison
Que l’insouciance du toucher revienne
J’aimerais glisser ma main dans la tienne
Le printemps se pointe, bien peu farouche
Que l’insouciance du toucher revienne
Et le mot courage occupe les bouches
Le printemps se pointe, bien peu farouche
Je puise au fond de la sérénité
Et le mot courage occupe les bouches
Les pensées fusent dans la cité
Je puise au fond de la sérénité
Visant ce qui est – ou non – important
Les pensées fusent dans la cité
Là sous mes yeux circulent des vivants
Odile Cornuz / 18.3.20